L’ONDH bis est né

Droits de l’homme

L’ONDH bis est né

Mohamed Mehdi, Le quotidien d’Oran, 9 avril 2001

L’Observatoire national des droits de l’Homme (ONDH) est officiellement dissous et remplacé par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme.

Le décret présidentiel n°01-71 du 25 mars 2001, portant création de cette commission, vient d’être publié au Journal officiel n°18 du 28 mars 2001.

L’article 19 de ce décret proclame que l’ONDH «est dissous et sa dotation budgétaire, ses biens meubles et immeubles sont transférés» à la nouvelle commission. Dans le chapitre mandat et missions, cette commission est «un organe à caractère consultatif de surveillance, d’alerte précoce et d’évaluation en matière de respect des droits de l’Homme». Elle est chargée «d’examiner toutes situations d’atteinte aux droits de l’homme constatées ou portées à sa connaissance et d’entreprendre toute action appropriée en la matière en concertation et en coordination avec les autorités compétentes».

La dite commission a également pour mission de sensibilisation et d’information, de promotion de la recherche, l’éducation et l’enseignement des droits de l’Homme «dans tous les cycles de formation et dans les milieux socioprofessionnels», «d’examiner et de formuler des avis» pour améliorer la légalisation actuelle, «de contribuer à l’élaboration des rapports que l’Etat doit présenter aux organes et comités des Nations Unies», «d’assurer des activités de médiation… pour améliorer les relations entre les administrations publiques et les citoyens», et d’établir un rapport annuel «sur l’état des droits de l’Homme qui est communiqué au Président de la République» et rendu public deux mois après.

Au titre de l’article 8 du dit décret, cette commission est composée de 41 à 45 membres, dont la désignation «est fondée sur le principe du pluralisme sociologique et institutionnel». La composante de cette nouvelle institution est comme suit: 4 membres de la Présidence de la République, 2 membres du Conseil de la Nation, 2 membres de l’APN, un membre de chacune des institutions et organisations suivantes: Conseil supérieur de la magistrature, Conseil supérieur islamique, Haut Conseil de l’amazighité, CNES, ONM, Croissant Rouge algérien, Conseil de l’ordre des avocats, Conseil national de déontologie médicale, Conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie des journalistes, un membre des ministères suivants, la Défense nationale, la Justice, l’Intérieur et les Collectivités locales, les AE, l’Education nationale, la Jeunesse et les Sports, la Santé, la Communication et la Culture, la Protection sociale et la Solidarité nationale, deux membres «des organisations syndicales les plus représentatives des travailleurs» et 12 ou 16 membres (dont la moitié seront des femmes) représentants d’associations nationales «dont l’objet se rapporte aux droits de l’Homme».

Le mandat des membres de cette commission est de 4 années renouvelables. Son président sera «désigné par le Président de la République». Le siège de cette commission est fixé à Alger. Elle comporte cinq délégations régionales réparties sur le territoire national. Ses membres «bénéficient d’indemnités spécifiques au cours de l’exercice de leurs mandats».

Contacté par téléphone, le président de l’ONDH, M. Rezag Bara, ne se sent nullement désavoué par la création de cette commission. Il estime que c’est là «ni un désaveu ni une rupture, c’est une mutation de l’institution nationale des droits de l’Homme». Il va plus loin en considérant que «l’idée de création de cette commission vient de l’ONDH», qui a présenté à la Présidence de la République «un document d’orientation et des lignes directrices» de la nouvelle structure.

M. Bara annonce d’ores et déjà qu’il ne sera pas candidat à «un 3ème mandat» et qu’il reviendra à son cabinet d’avocat.

L’ONDH est ainsi dissous en catimini, sans avoir au préalable versé dans le domaine public le bilan de ses 9 années d’existence. Bon ou mauvais, le bilan aurait permis de mesurer et d’apprécier l’action de ce genre d’organisme, compte tenu de la réalité, et d’en tirer les enseignements pour celui qui est appelé à le remplacer.

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