Communique de presse de l’International Crisis Group

COMMUNIQUE DE PRESSE DE L’INTERNATIONAL CRISIS GROUP

Les Etats-Unis et l’Union europeenne ne peuvent plus fermer les yeux sur la
crise en Algerie

   Rapport du International Crisis Group  (fichier pdf, 09.07.01)

Visite du president Bouteflika a Washington le 12 et 13 juillet

BRUXELLES, 9 juillet 2001: L’interdiction de manifester imposee par le
gouvernement algerien, est entree en vigueur lorsque des milliers de
personnes ont ete empechees de penetrer dans Alger. Ces manifestations
revelent la profondeur du malaise algerien ainsi que l’intolerance du
regime face aux revendications de liberalisation politique et de reformes
economiques.

Dans un nouveau rapport publie aujourd’hui « La concorde civile : une
initiative de paix manquee »*, dont vous trouverez une copie ci-joint
l’International Crisis Group analyse l’echec du processus de reformes
politiques entame par le President Abdelaziz Bouteflika en avril 1999. La
loi sur la Concorde civile, initialement soutenue par la direction de
l’ex-Front islamique du salut (FIS) et massivement approuvee par referendum
en septembre 1999, avait pourtant cree une veritable dynamique de paix. Cet
elan a ete brise deux mois plus tard par l’assassinat d’un haut cadre du
FIS et la mise en residence surveillee des deux autres. En novembre 2000 le
parti Wafa, percu comme successeur politique legitime au FIS, se voit
refuser sa demande d’agrement par le ministere de l’interieur sans
justification juridique.

Le president d’ICG, Gareth Evans, souligne que « le conflit algerien risque
de prendre d’autres formes que la guerre entre militaires et islamistes. La
sanglante repression policiere, notamment en Kabylie, alimente le
mecontentement populaire, deja nourri par le chômage, la penurie de
logements ainsi que le manque de libertes politiques. Il ne faut pas
oublier que pres d’un million de personnes ont manifeste dans les rues
d’Alger le mois dernier – ce qui a entraîne la crise actuelle. »

Les Etats-Unis et l’Union europeenne ne peuvent continuer a accepter que la
repression est une reponse au desir de changement legitime exprime par la
population. Lorsque le President Bouteflika se rendra a Washington les 12
et 13 juillet prochains, il doit etre fortement encourage a liberaliser
l’activite politique et en particulier a legaliser le parti Wafa et a
reprendre le dialogue avec les islamistes.

L’Union europeenne doit agir suite a la declaration faite au sommet de
Göteborg le 15 juin 2001 selon laquelle « l’Union europeenne ne peut rester
indifferente a la tragedie que connaît l’Algerie ». L’Algerie est toujours
en negociations de l’accord d’association avec l’Union europeenne, ce qui
donne l’occasion d’insister davantage sur la transparence economique ainsi
que la responsabilite politique. Les membres de l’Union europeenne peuvent
egalement soutenir l’opposition democratique en Algerie et amener le cas
de l’Algerie devant la commission des droits de l’Homme de l’ONU.
« Mettre la pression sur le regime n’est pas une chose facile» dit Gareth
Evans. « Confortablement installee dans une economie de rente petroliere,
l’elite dirigeante est peu permeable a des pressions economiques ou
politiques. Mais l’Algerie est une bombe sociale et economique capable
d’engendrer de flux migratoires enormes et de destabilisation regionale. Le
danger ne peut plus etre passe sous silence. »

Pour information: Katy Cronin et Sascha Pichler a ICG Bruxelles, tel
+32-2-536 00 64 ou 70 – email: [email protected]

 

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