Serkadji: Le pourvoi en cassation de la défense a abouti 18 mois après son introduction

Serkadji: Le pourvoi en cassation de la défense
a abouti 18 mois après son introduction

La cour suprême ordonne la réouverture du procès Serkadji

Hocine Belkadi, La Tribune, 26 Septembre 1999

L’affaire Serkadji sera de nouveau jugée lors de la prochaine session du tribunal criminel d’Alger. Ainsi a décidé la cour suprême dans un arrêt rendu le 29 juin dernier. Il aura donc fallu plus de 18 mois pour que cette juridiction statue favorablement au pourvoi en cassation introduit par la défense au lendemain de l’annonce du verdict par le tribunal criminel d’Alger. Une composante du tribunal différente de celle qui a jugé l’affaire devra être désignée conformément au code de procédures pénales. La réouverture du procès de l’affaire de Serkadji, qui aura défrayé la chronique, pourrait intervenir lors de la toute nouvelle session du tribunal criminel d’Alger ouverte officiellement hier. Dans un communiqué rendu public hier, les services du ministère de la justice indiquent que plus de 235 affaires sont inscrites durant cette session qui devra s’étaler sur six mois peut-être. Ces affaires sont «liées au terrorisme, atteinte à la sécurité des biens et des personnes, et atteinte à l’économie nationale», lit-on dans le communiqué. Cent affaires ont été «en priorité» enrôlées, selon les propos du président de la cour d’Alger, tels que rapportés par l’APS. Il a été impossible se savoir si l’affaire de Serkadji est programmée. Mais comme cela se faisait lors des précédentes sessions, plusieurs affaires non inscrites peuvent, à tout moment de la session, être enrôlées.Selon Me Mustapha Bouchachi, un des membres du collectif de la défense des accusés, l’enrôlement de l’affaire dépendra de la célérité du traitement des autres affaires. Plusieurs dossiers sont, en effet, en attente d’être statués.De nouvelles révélations sont attendues lors de la réouverture du procès. Le collectif des avocats refuse, pour l’instant, de divulguer sa stratégie. Il faut s’attendre à l’entrée en scène de nouveaux témoins, notamment Abdelhak Layada et Abdelkader Hachani, prisonnier à l’époque à Serkadji, un des témoins clés et rescapé de tuerie. Le témoignage de ce dernier avait été tant réclamé par les avocats auprès du président du tribunal de l’époque. Ces mêmes avocats avaient également vivement protesté et contesté l’instruction de l’affaire qui, selon eux, n’était ni transparente ni régulière. Ils avaient également souligné l’existence de plusieurs zones d’ombre, dont le massacre par représailles d’une quarantaine de prisonniers qui n’avaient aucun lien avec les insurgés, ce qui n’a pu être prouvé formellement. La confrontation des témoins avec les accusés n’a jamais eu lieu. A rappeler qu’après une série de renvois, le procès dans lequel ont été jugées 38 personnes s’est déroulé en janvier 1998 et avait duré 11 jours. Il s’est achevé par la condamnation à la peine capitale de 9 accusés. 17 autres ont été relaxés et le reste condamné à des peines d’emprisonnement ferme variant de 2 à 10 années. Les faits remontent à la nuit du 21 au 22 février 1995 lorsqu’une mutinerie a éclaté dans le couloir des condamnés à mort. La répression sanglante des insurgés s’est soldée par un lourd bilan : 100 morts dont quatre gardiens de la prison.

rapports