Des ONG à travers le monde saisissent Zerhouni

Des ONG à travers le monde saisissent Zerhouni

Le dilemme des disparus

L’Actualité, 16 Novembre 2002

Le dossier des disparus revient, apparemment, sans cesse à la surface. Plusieurs ONG à travers le monde, dont SOS Disparus et le Collectif des familles de disparus en Algérie, regroupées au sein du « Réseau mondial de solidarité des mères, sœurs, filles, proches de personnes enlevées et disparues », ont envoyé une lettre au ministre de l’Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, dans laquelle elles s’insurgent « contre les violences commises à l’encontre des familles de personnes disparues, le 5 novembre à Alger ». Ce réseau rappelle que les deux organisations algériennes « avaient organisé, ce jour-là, une manifestation devant la commission nationale pour réclamer que la vérité et la justice soient faites sur le sort de leurs proches ».

Cette manifestation « faisait suite aux propos tenus par Monsieur Ksentini, le 3 novembre dernier, où il préconisait de clore les dossiers des disparitions en remettant aux familles de disparus la somme de 100 millions de centimes ainsi qu’un acte de décès ». Ces associations se sont dites « indignées qu’on puisse leur proposer de l’argent et un bout de papier en échange d’êtres humains qui, jusqu’à preuve du contraire, sont toujours en vie ».

Pour la circonstance, le Réseau mondial de solidarité des mères, sœurs, filles proches de personnes enlevées et disparues a énuméré, dans cette lettre envoyée au ministre de l’Intérieur, ainsi qu’au président de la République, ministre de la Justice et au président de la CNCPPDH, Me Ksentini, un nombre de revendications. De prime abord, il demande au ministre « de tout mettre en œuvre pour que la vérité et la justice soient rendues sur le sort des personnes enlevées et disparues en Algérie ». Il demande aussi « de mettre un terme à toute forme de répression, de violence et de harcèlement à l’encontre des membres des familles de disparus et de leurs représentants ». Ce réseau exige, d’autre part, des autorités de se « conformer aux dispositions de la déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998 et aux dispositions de la déclaration universelle des droits de l’Homme et des principaux instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme liant l’Algérie ». Les membres de ce Réseau se sont dit, en dernier lieu, « particulièrement attentifs au sort de Khadidja Nouri et Nasséra Dutour ». Ces dernières sont, respectivement, présidentes de SOS Disparus et du Collectif des disparus en Algérie.

Pour rappel, lors de son passage à la Chaîne I de la Radio algérienne, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH) Farouk Ksentini, a indiqué qu’il n’avait pas proposé la somme de 100 millions de centimes car la commission n’était pas habilitée à fixer le montant.

La déclaration du Réseau mondial de solidarité des mères, sœurs, filles proches de personnes enlevées et disparues a été signée par, entre autres, Graciela Salinas et Silvia Quinteros du Chili, la Mexicaine Lourdes Uranga, ancienne prisonnière et exilée politique, ainsi que plusieurs autres associations d’Argentine, du Liban et de Palestine.

Ghany Aïchoune