La légalisation de l’assassinat des victimes de disparitions

algeria-watch communique:

Réseau Euromed Droits de l’Homme, Alger: M. Khelili et LADDH (Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme)

Alger, 20 janvier 1999

La légalisation de l’assassinat des victimes de disparitions

Une fois encore, les mères, épouses et enfants de disparus après enlèvement ou kidnapping commis par les services de sécurité, ont tenté le 18 janvier 1999, jour de l’Aid el Fitr (fête religieuse qui clôture le mois de Ramadhan) d’exprimer la douleur causée par la séquestration arbitraire de leurs parents par le pouvoir algérien. Les brutalités policières les en ont empêchées et les ont dispersées à coups de matraques assortis d’injures et de grossièreté contrairement au traitement qui fut réservé aux familles victimes du terrorisme qui ont pu à leur guise s’introduire dans les locaux de l’assemblée nationale et se livrer à actes de violence en présence de forces de police manifestant une certaine complaisance à leur égard.

Il est maintenant clairement acquis que les autorités politiques du pays n’ont jamais eu la moindre intention de rendre justice aux victimes des disparitions forcées et à leurs familles même si elles ont fait croire à ces dernières que le ministère de l’Intérieur allait prendre en charge leur douloureux problème.

Face aux accusations répétées qui leur sont faites de violations grave de droits fondamentaux garantis par la constitution, et de crime à l’humanité, les autorités osent prétendre qu’elles sont disposées à apporter une solution finale au problème des disparus en permettant à leurs ayant-droits d’obtenir une décision administrative ou judiciaire d’absence, voire même de… décès (???), msure qui pourrait être interprétée comme la légalisation de l’assassinat inavoué des victimes de disparitions forcées même s’il y a quelques chances qu’elles soient encore en vie.

Mais les familles de disparus refusent cette proposition teintée d’un certain cynisme et d’une arrogance affichée. Elles déclarent refuser de vendre leurs parents et enfants, en considérant que par une telle proposition immorale et abusive, les autorités font indirectement l’aveu sur les crimes à l’humanité perpétrés sur la personne du parent enlevé ou kidnappé par leurs services de sécurité et justiciable de poursuite pénale tant au plan national qu’international.

Elles entendent, par conséquent, déposer une plainte auprès du comité des droits de l’Homme de l’ONU et formaliser des dossiers de poursuites pénales tant auprès de la justice algérienne que devant les juridictions internationales afin qu’il soit mis un terme à la pénible et déchirante situation vécue du fait de l’absence de l’être cher ravi par un fait terroriste d’un genre nouveau insoupçonné.

 

retour