Mouhib Khatir, entame une grève de la faim : Qui mettra fin à l’arbitraire?

Mouhib Khatir, entame une grève de la faim : Qui mettra fin à l’arbitraire?

KalimaDZ, 4 octobre 2011

Le maire de Zeralda, Mouhib Khatir, entamera demain, mercredi 5 octobre, sa deuxième grève de la faim dans la prison de Hadjout. Cette grève de la faim constitue son dernier recours pour demander à ce qu’il soit, enfin, jugé. Selon des sources sur place, Mouhib Khatir, sera accompagné dans sa grève de la faim par huit autres détenus, qui demandent également à ce que la justice leur soit appliquée.

Alors qu’il n’y a plus aucune raison de garder le maire de Zeralda en prison, la juge, absente depuis plusieurs semaines a confirmé la prolongation de son arrêt maladie et aucun juge n’a été nommé en remplacement. Selon des informations recueillit par la famille, un ordre mystérieux, a été donné de maintenir, Mouhib Khatir, le plus longtemps possible en détention à Hadjout.

Il n’y a aucune plainte

Relaxé dans l’affaire d’outrage ( il était accusé d’avoir résister lors de son arrestation), Mouhib Khatir est maintenu en détention depuis plusieurs semaines sans aucune raison ni justification judiciaire. En effet, la deuxième affaire, dite des téléphones, n’existe finalement pas. Le commerçant, Mohamed Boucif, n’a jamais déposé plainte contre le maire de Zeralda. Il a seulement répondu aux questions lors de son audition dans l’affaire ou c’était précisément Mouhib Khatir le plaignant. A quel titre donc, Mouhib Khatir est-il emprisonné depuis plus de trois mois? Personne ne peut répondre à cette question. Comment maintenir un citoyen en prison alors, qu’il n’y a pas de plainte dans la première affaire et qu’il a été relaxé dans la seconde . Comment expliquer que toutes les demandes de remise en liberté ont été rejetées. On nage dans l’arbitraire le plus total. Les avocats ne savent plus comment défendre leur client. Aucune loi ni aucune procédure n’est respectée. A tel point qu’aujourd’hui les avocats de Mouhib Khatir ne demandent plus de liberté provisoire mais un jugement de fond. Pour eux, sur le plan du droit, il n’existe plus d’affaire depuis le 8 septembre 2011.

Pourquoi un tel acharnement ?

La famille et les amis de Mouhib Khatir se posent des questions sur les personnes « occultes » qui auraient ce pouvoir de maintenir des gens en prison sans aucune justifications, même de pure forme. Selon des indiscrétions, le gérant de l’hôtel de Zeralda, M Amara, qui est en conflit ouvert avec le maire, possède des sérieux soutiens au sein des services de sécurité. Il rend de fréquentes visites au CTRI de Blida, la caserne du DRS. M Amara, selon ces sources a des solides liens d’amitiés avec le patron du CTRI, le colonel Abdelkader, ainsi qu’un de ses adjoints, le lieutenant colonel Salim, chargé des affaires de justice. C’est ce dernier qui est en contact permanent avec les magistrats et qui distribue les ordres et les instructions. Ce sont « ces amitiés » qui ont permis au gérant de l’hôtel de maintenir ses activités pendant trois ans en dépit d’un arrêté de fermeture du Wali (le Wali d’Alger a signé un arrêté de fermeture en juin 2008 mais l’hôtel n’a été fermé qu’en juillet 2011, quelques jours avant l’arrestation de Mouhib Khatir). Il n’y a, selon ces sources, que de puissantes complicités au niveau du DRS qui pouvaient permettre qu’un arrêté du Wali ne soit pas exécuté. De même, seule ce genre de complicité peut expliquer le maintient du maire en détention de manière aussi arbitraire avec un dossier vide de tout élément et de toute plainte.

Cette piste d’un acharnement local n’est cependant pas la seule. Pour d’autres, le maintient du maire de Zeralda est une décision politique. Il servirait à le donner en exemple pour bien faire comprendre aux autres ( élus locaux, journalistes, militants des droits de l’homme) ce que risque quiconque ose s’en prendre ouvertement aux réseaux de corruption. En d’autres termes, l’emprisonnement, ostensiblement abusif, de Mouhib Khatir constitue un signal sur la puissance des réseaux mafieux.

Dans tous les cas, cette affaire, montre clairement, qu’il n’y a pas de justice en Algérie et que n’importe quel citoyen peut se retrouver en prison à tout moment et sans autre raison que celle du « plus fort ».

KalimaDZ