Alerte contre le harcèlement des défenseurs des droits humains

L’organisation Front Line publie son dernier rapport

Alerte contre le harcèlement des défenseurs des droits humains

El Watan, 6 février 2013

L’organisation non gouvernementale Front Line précise avoir lancé en 2012 «51 appels urgents en faveur de défenseurs des droits humains en danger dans 14 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord».

L’organisation Front Line pour la protection des défenseurs des droits humains (DDH) a rendu public un rapport dans lequel l’Algérie est condamnée pour le harcèlement judiciaire dont ont fait l’objet les militants des droits de l’homme en 2012. «En 2012, comme au cours des années passées, les gouvernements ont adopté des législations qui restreignent l’espace dans lequel la société civile opère, ou qui peuvent être utilisées contre les DDH. Des lois qui affectent les DDH ont été examinées ou adoptées dans des pays tels que l’Algérie, l’Azerbaïdjan, le Burundi, la Chine, l’Égypte, la Fédération de Russie, l’Irak, Israël, la Lituanie, la Moldavie et l’Ukraine.»

L’organisation non gouvernementale Front Line précise avoir lancé en 2012 «51 appels urgents en faveur de défenseurs des droits humains en danger dans 14 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, à savoir l’Algérie, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les EAU, l’Égypte, l’Iran, Israël, le Koweït, le Maroc, Oman, la Palestine, le Sahara occidental, la Syrie et le Yémen». Les restrictions et atteintes aux libertés ont été justifiées par les différents gouvernants par «la diffamation, l’organisation de rassemblements illégaux ou l’appartenance à des groupes non enregistrés». Front Line estime que si le printemps arabe a donné «de l’espoir à des milliers de personnes dans presque tous les pays de la région, mais à ce jour, le changement concret demeure très limité». Et de noter : «Dans des pays tels que l’Algérie et le Bahreïn, où les manifestations n’ont pas réussi à apporter des changements significatifs ou des réformes, les DDH ont été arrêtés et condamnés.»

Front Line fait remarquer que «la mobilisation populaire persistante en Algérie, en Arabie Saoudite, au Bahreïn, aux EAU, au Koweït, à Oman et dans l’Égypte post-Moubarak, a été accueillie par une répression violente et des arrestations arbitraires». «De fausses accusations et des procès inéquitables» ont été recensés en Algérie où une nouvelle législation a pris pour cible les défenseurs des droits de l’homme. Depuis le début 2011, explique le rapport, et malgré la levée de l’état d’urgence, «le gouvernement a continué à persécuter et harceler les défenseurs des droits de l’homme (DDH). Tout au long de l’année, les manifestations pacifiques ont été dispersées par la force et des manifestants et défenseurs des droits humains ont été arrêtés et accusés».
Le même rapport, qui a choisi de zoomer sur l’Algérie parmi les pays de la région, rappelle que l’interdiction de manifester dans la capitale promulguée en 2001 est toujours en vigueur. «Plusieurs DDH ont été jugés en vertu de l’article 100 du code pénal, qui punit l’incitation à des rassemblements non armés.»

Front Line cite la nouvelle loi sur les association adopté en janvier 2012 et qui requiert que toutes les organisations de la société civile s’enregistrent auprès du ministère de l’Intérieur au risque de se voir infliger une peine de trois à six mois de prison et une amende de 960 à 2900 euros. Le rapport de Front Line émet la crainte de voir que la nouvelle loi «soit utilisée pour entraver le travail des DDH» ; une crainte qui s’est traduite par le refus en octobre dernier de donner un agrément à l’association de lutte contre la corruption. «La police a utilisé de fausses accusations et la violence contre les DDH. En août, un DDH a été accusé d’avoir insulté un fonctionnaire chargé de la sécurité. Un tribunal a rejeté sa demande de liberté sous caution sans justifier sa décision. Pourtant, il a ensuite été prouvé que le DDH se trouvait dans une ville au moment de l’infraction présumée. En octobre, les policiers ont stoppé un syndicaliste qui voyageait dans un bus, l’ont fait descendre de force et l’ont agressé. Les autorités ont tenté de réduire au silence des DDH travaillant à l’étranger en introduisant une demande d’extradition déposée par l’Algérie en France.»
N. B.