Londres expulse des membres du GSPC

Première conséquence des attentats de juillet

Londres expulse des membres du GSPC

El Watan, 13 août 2005

Les autorités britanniques ont pris la décision d’expulser neuf Algériens soupçonnés d’être impliqués dans des activités terroristes et un Jordanien, Abou Qatada, considéré comme l’« ambassadeur d’Al Qaîda en Europe ».

Les dix individus ont été arrêtés jeudi en divers endroits de Grande-Bretagne, dans le cadre de la loi sur l’immigration. Le secrétaire au Home Office (ministère de l’Intérieur), Charles Clarke, a déclaré : « En vertu de mon pouvoir d’expulser les individus dont la présence au Royaume-Uni n’est pas souhaitable, les services de l’immigration ont arrêté aujourd’hui dix ressortissants étrangers qui, j’estime, constituent une menace pour la sécurité nationale. » A part Qatada, dont la nationalité est connue, Charles Clarke n’a pas spécifié la nationalité des neuf autres personnes arrêtées. Mais, selon la BBC et la presse écrite, il s’agit d’Algériens qui avaient été détenus pendant plus de trois ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans la banlieue londonienne, depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis. Ils avaient été relâchés en début de cette année et placés en résidence surveillée, avec obligation de pointer au poste de police tous les jours. Ces arrestations interviennent après l’avertissement lancé, vendredi dernier, par le Premier ministre britannique, Tony Blair, qui avait annoncé que « les règles de jeu ont changé » depuis les attentats de Londres. Si, selon les dernières informations, Abou Qatada serait expulsé vers la Jordanie « la semaine prochaine » en vertu d’un accord d’extradition signé entre Londres et Amman la semaine dernière, l’expulsion des neuf Algériens risque de prendre plusieurs mois, car, selon la loi britannique, ils ont le doit de faire appel devant les tribunaux contre leur expulsion. L’expulsion ne peut également avoir lieu avant que l’Algérie et la Grande-Bretagne ne signent un accord d’extradition, estime-t-on à Londres. A cet égard, la presse londonienne d’hier a indiqué que la signature d’un tel accord n’est plus qu’une question de temps. Comme la Jordanie, il est indiqué que l’Algérie ne torturerait pas et n’infligerait aucun mauvais traitement aux personnes expulsées. Le secrétaire au Home Office, Charles Clarke, a déclaré à ce propos : « Après des mois d’un travail diplomatique, nous avons maintenant des raisons de croire que nous pouvons obtenir les assurances nécessaires de la part des pays vers lesquels nous expulserons les personnes en question qu’elles ne seront pas torturées et ne subiront pas de mauvais traitements. » Abondant dans le même sens, la ministre au Home Office, chargée de la lutte contre le terrorisme, Hazel Blears, a indiqué que le gouvernement de Tony Blair était sur le point de se mettre d’accord avec l’Algérie sur des arrangements qui permettraient la détention d’Algériens en Algérie. « Ce que nous devons avoir, c’est la perspective réaliste d’être en mesure d’expulser des personnes, et c’est exactement ce que nous pensons maintenant avoir réalisé. C’est le résultat d’un travail diplomatique intense qui a été mené sur plusieurs mois », a-t-elle expliqué. Elle a ajouté que l’accord d’extradition « est un cadre qui nous permet d’obtenir des assurances spécifiques vis-a-vis d’individus spécifiques qu’une fois expulsés, ils ne seraient pas tortures ». Pour sa part, le chef du Parti conservateur, Michael Howard, a exprimé son soutien et celui de son parti à cette initiative, estimant que le gouvernement devrait avoir la possibilité d’expulser des individus qui constituent un risque pour la sécurité de la Grande-Bretagne. Même son de cloche chez la troisième force politique du pays, en l’occurrence les démocrates libéraux. Leur porte-parole, Marc Oaten, a déclaré jeudi que son parti appuyait la décision du gouvernement d’expulser les 10 individus vers l’Algérie et la Jordanie, ajoutant, cependant, que les accords d’extradition ne seraient valables que s’ils étaient assujettis à une évaluation indépendante profonde. Pour des raisons d’ordre judiciaire, les neuf Algériens, parmi les 10 personnes que Downing Street a décidé d’expulser, ne sont connus que par des initiales. Le détenu A. a été arrêté et emprisonné en 2001 pour utilisation de fausses cartes de crédit destinées à être utilisées pour collecter des fonds au profit du Gspc. Le détenu B. est un élément du Gspc qui aurait envoyé du matériel de communication aux islamistes de Tchétchénie. Le détenu H. est un sympathisant du Fis qui a été arrêté pour avoir collecté des fonds et distribué du matériel de propagande. Le détenu K. est arrivé d’Espagne. Le détenu P., amputé des deux jambes, est accusé d’association avec des groupes islamistes Algériens. Le détenu G. est accusé d’avoir des liens avec Al Qaîda, d’être un membre du Gspc et d’avoir encouragé des jeunes à s’entraîner dans des camps en Afghanistan. Le détenu I. a demandé l’asile politique en 1995 et a été arrêté en avril 2002. Le détenu S. est arrivé du Pakistan.

M. Afroukh
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KHERBANE ETBOUNOUA « ELIGIBLES » A L’EXPULSION ?

El Watan, 13 août 2005

Si rien n’a filtré sur l’identité des 9 Algériens que Londres a décidé d’expulser, d’aucuns avancent que cette mesure devrait concerner probablement les têtes les plus connues. Dans ce chapitre, les observateurs n’hésitent pas citer Kamreddine Kherbane et Boudjema Bounoua, dit Abou Anas, comme tant « éligibles » à l’expulsion. Tous deux sont membres fondateurs de Human Concern International (HCI) Peshawar, au nord du Pakistan, dans les camps d’Al Qaida. En 1994, Kamreddine Kherbane avait été nommé dans le « gouvernement » du GIA. Lui et Bounoua, attestent les services de sécurité , taient chargés de prendre en charge les afghans algériens, de les assister pour rejoindre l’Algérie, de leur procurer les armes et le soutien nécessaire afin de prendre part au « djihad ». A l’actif des « afghans¨ », l’attaque de la caserne de gardes frontières de Guemmar, en 1991, la veille des élections législatives, et l’issue de laquelle une vingtaine de soldats avaient été sauvagement assassinés. L enquête des services de sécurité avait abouti à l’époque à l’identification du commanditaire : Boudjemâa Bounoua.

Kamreddine Kherbane collaborait avec Mohamed Dmili, directeur de la ˙revue¨ El Balagh, et de Rachid Ramda, financier des réseaux du GIA, auteurs des attentats Paris en 1995, afin d’élaborer une véritable toile d’araignée intégriste dans plusieurs pays européens. Parmi les missions de l’organisation, la prise en charge de nombreux militants du Front islamique du salut (FIS) ayant fui l’Alg rie. Certains d’entre eux seront sollicités pour des tâches aussi diverses que l’apologie (en public) des crimes terroristes perpétrés en Algérie ou la collecte d’argent au profit des maquis terroristes algériens. Sur une vingtaine d’activistes réclamés par la justice algérienne, aucun n’a été remis par les autorités britanniques faute d’accord d’extradition.

Toutefois, Alger s’attend à une décision dans ce sens de la part du 10 Downing Street. Selon des sources diplomatiques, une convention d’extradition ne saurait tarder voir le jour, d’autant que lors d’une récente visite Alger, Kim Howells, ministre d Etat britannique aux Affaires étrangères, avait promis de faire avancer le dossier. D. Z.