Grande-Bretagne: L’accord d’extradition signé aujourd’hui

Bouteflika en visite officielle en Grande-Bretagne

L’accord d’extradition signé aujourd’hui

Samia Lokmane, Liberté, 11 juillet 2006

Selon des sources diplomatiques, l’affaire Khalifa ne va pas figurer à l’ordre du jour des discussions, car on considère ici que le cas de l’ex-milliardaire algérien est un dossier parmi d’autres pris en charge par la justice et ne mérite pas donc de traitement particulier, au niveau politique.
Le président Abdelaziz Bouteflika s’envolera, aujourd’hui, à Londres pour une visite officielle de deux jours à la tête d’une importante délégation comportant le chef de la diplomatie, le garde des sceaux ainsi que les ministres de l’énergie et des participations et le ministre délégué au trésor.
À côté des chapitres économiques et financiers, notamment à travers la signature d’un accord de remboursement anticipé de la dette et la promotion des investissements britanniques en Algérie dans le secteur hors hydrocarbures, la coopération judiciaire sera consolidée durant ce séjour grâce à la signature de quatre accords d’entraide judiciaire en matière pénale, commerciale et civile, la circulation des personnes et la réadmission et les extraditions. Ces conventions seront paraphées sous la direction du chef de l’État et de son homologue britannique, Tony Blair. Selon une source diplomatique, leur ratification devra intervenir le lendemain. Ce qui permettra leur entrée en vigueur très rapidement. Leur paraphe est intervenu, quant à lui, en juin dernier à l’occasion de la tenue à Alger du forum mixte algéro-britannique.
Du côté algérien, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines et du côté britannique, Kim Howells, ministre d’État chargé de l’Afrique du nord, du Moyen-Orient et de la Réforme de l’ONU ont scellé l’entente des deux pays après plusieurs mois de négociations laborieuses. Le principal point d’achoppement étant l’accord d’extradition sur lequel les autorités du Royaume-Uni avaient exprimé des réserves, notamment concernant le respect des droits humains des extradables. D’ailleurs, les pourparlers avaient failli échouer après l’émission des britanniques du souhait d’assister de juges britanniques les individus rapatriés. Une vingtaine de personnes impliquées dans des actes terroristes devront être livrées à la justice algérienne. “La mise en place d’un cadre légal devra permettre leur extradition très rapidement”, explique notre source. Il y a quelques semaines, deux ressortissants de nationalité algérienne étaient expulsés de Grande-Bretagne. Cependant, selon Salah Dembri, notre ambassadeur à Londres, ils ont fait l’objet de mesures d’éloignement. Des chefs terroristes, à l’instar de Kamardinne Kherbane, réfugiés sur le territoire de Sa majesté dans les années 90 avaient été réclamés par la justice algérienne. Néanmoins, aucun ne figure sur la liste des extradables.
Abdelmoumene Khalifa, ex-patron du groupe éponyme, n’en fait pas partie également. En déplacement à Alger en février 2006, l’ex-responsable du Foreign Office, Jack Straw, avait clairement indiqué que sa livraison aux autorités de son pays ne dépend pas uniquement de la conclusion d’un accord. Son collaborateur Kim Howells lui avait emboîté le pas lors de sa visite en juin. Sous le coup d’un double mandat d’arrêt international, l’ancien golden boy est exilé à Londres depuis trois ans.
Avant qu’il soit extradé, la justice britannique veut d’abord confirmer sa culpabilité. Or, jusqu’à l’heure, la procédure s’étire. Compte tenu de ces atermoiements, il a été décidé en définitive de tenir le procès Khalifa sans son principal protagoniste. Il se déroulerait à la fin juillet ou au début du mois d’août. Mais rien n’est encore sûr.
En haut lieu, on ne veut surtout pas donner au scandale Khalifa l’image d’une affaire d’État. D’ailleurs, il n’est nullement prévu que ce dossier figure au menu des discussions algéro-britanniques à Londres. “Cet individu – Khalifa, ndlr — est hors la loi comme tous les autres candidats à l’extradition. L’accord s’applique à tous sans exception. Il ne peut pas y avoir une politique de deux poids, deux mesures”, assure notre source.

Samia Lokmane