Rome : expulsion musclée de deux Algériens

Rome : expulsion musclée de deux Algériens

El Watan, 20 avril 2012

Initialement décrits comme émigrés tunisiens, il s’avère que ce sont des Algériens. Escortés par deux policiers en civil, ils avaient, selon le cinéaste italien Francesco Sperandeo, qui a pris des photos sur place, les mains ligotées derrière le dos et du ruban adhésif sur la bouche. L’Algérie, fidèle à sa diplomatie tardive, ne réagit toujours pas d’une manière officielle. Aucune explication ni réaction ne sont encore tombées de la part du ministère des Affaire étrangères.

C’est le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, contacté hier par TSA, qui affirmait : «Nous sommes en train de vérifier la véracité des informations relayées par la presse et si elles sont avérées, la partie italienne sera appelée à fournir les explications qui s’imposent en la matière», tout en ajoutant que «nos postes diplomatique et consulaire à Rome ont été chargés de faire les démarches nécessaires pour obtenir des informations officielles sur le traitement qui aurait été infligé à nos ressortissants.» Par sa voix, l’Algérie condamne «de la manière la plus énergique toute atteinte à la dignité de nos ressortissants à l’étranger. Nous réprouvons de la manière la plus ferme ce genre de pratiques honteuses, dégradantes et inhumaines».

Francesco Sperandeo affirme que son pays est censé représenter «la démocratie et la civilisation européennes. Mais le pire, c’est que tout s’est déroulé dans l’indifférence totale des passagers». Ce témoignage, qui a été publié sur le réseau social facebook, a déclenché la polémique. Les médias italiens avaient initialement évoqué des Tunisiens, en raison du fait que les deux expulsés étaient entrés en territoire italien en 2011, via l’île de Lampedusa, avec des milliers de Tunisiens qui avaient fui leur pays suite à la révolution. Qualifiés comme tels, ils étaient automatiquement considérés comme expulsables vers la Tunisie. Le président italien de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, a demandé au gouvernement de Mario Monti de rendre compte dans les plus brefs délais des faits réels. Une classe politique italienne en pleine ébullition.

La manière dont sont procédées les expulsions «musclées» dans certains pays de l’Union européenne commence à susciter des réactions de part et d’autre de la Méditerranée. Ainsi, sur la chaîne d’information France 24, une victime d’une expulsion «musclée» a tenu à faire part de son expérience en disant que lors de son rapatriement, elle a eu «le sentiment que les policiers avaient peur que l’on tente de se suicider», d’où des moyens dignes d’une autre époque utilisés par les forces de l’ordre. Une enquête a finalement été ouverte par le parquet de Civitavecchia, au nord de Rome.

Rosy Bindi condamne

«Il faut éviter que se répètent des épisodes de ce genre, car l’Italie a été plusieurs fois sanctionnée pour sa gestion de l’immigration et nous ne voulons pas que se renouvellent les comportements du passé», s’est exprimée la présidente du Parti Démocratique, Rosy Bindi.

Noël Bousssaha