LADH: Combattre la terreur et la misère

Déclaration de la Ligue Algérienne des Droits de l’homme- LADH

A l’occasion de la 58 eme anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme.

10-12-1948 —–10-12-2006

Combattre la terreur et la misère

58 ans après l’adoption de la déclaration universelle des droits de l’homme, les défenseurs des droits de l’homme sont fondés à poser la question essentielle :

Les promesses de l’aube des Nations unies ont ‘elles été tenues ? A-t-on respecté l’engagement solennel inscrit dans cette déclaration. ?

« Les Etats membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l’ONU, le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales  »

Certes les garanties juridiques des droits de l’homme ont fait des progrès sensibles  .Les conventions internationales se sont multipliées.Mais la réalité s’avère cependant plus décevante, et des menaces continuent à peser sur l’avenir des droits de l’homme. Ces menaces sont :

– L es contestations qui ont été élevées à l’encontre de l’universalité et l’indivisibilité et interdépendances des droits de l’homme.

– L e défi majeur que les droits de l’homme doivent affronter face aux progrès scientifiques et techniques, qu’il s’agisse de l’environnement, du patrimoine génétique ou du développement de la communication par les moyens électroniques.

– L a volonté politique d’assurer le respect effectif des droits de l’homme.

– L a mondialisation de l’économie en face les inégalités sociales et économiques mondiales.

– L e double standard pratiquer par la communauté internationale.

– L a guerre contre le terrorisme.

En Algérie

O u la revendication des droits de l’homme s’est développée dans l’espace national ou elle a constitué le cour des aspirations démocratique qui se sont généralisées au cours des dernières années, à la justice, à l’exercice des libertés, à la participation civique.

Pour les défenseurs des droits humains

le 10dec de chaque année, il ne s’agit pas seulement de célébrer un texte, mais aussi de réactiver son contenu pour le présent et démontrer les insuffisances dans les garanties ou dans la mise en ouvre des droits existants.

Dans le but d’articuler les droits fondamentaux et universels à de nouvelles conditions économiques, politiques, culturelles, techniques, scientifiques, et à de nouvelles menaces.

Q uelle est la situation des Droits de l’Homme, l’Etat de droit et des institutions en Algérie, en ce moment de l’histoire qui s’étale devant nous sur un frêle esquif ?

Quelle est son expérience vécue des droits de l’Homme à travers son évolution politique, judiciaire, institutionnelle et sa pratique démocratique ?

La pratique démocratique est -elle respectueuse des règles de libertés ?le régime politique existant permet -il aux acteurs politiques et sociaux de se former et d’agir librement. ?

Malheureusement nous constatons.

– L ‘état de délabrement qui caractérise les structures politiques, économiques et sociales.

– L ‘écart qui ne cesse de s’élargir entre l’Algérie des discours et l’Algérie des Algériens

Le moment ou le discours officiel targue des reformes amorcées en présentant le schéma d’un avenir meilleur ; L’Algérie réelle s’embrouille à cause de la cherté de la vie ; la baisse du pouvoir d’achat ; et de l’élargissement des strates sociales dans ses maux quotidiens et subsiste face a la précarité qui lui est dévolue 

– L ‘économie est gangrenée par la corruption ; Les règles de droit sont bafouées ; le gouvernement exerce une mainmise presque totale sur la société. Ainsi que l’arbitraire qui perdure a fini par désabuser la population à l’égard des institutions de l’état , les citoyens se sentent complètement délaissé , et expriment de plus en plus violemment leur désespoir , la rupture entre l’administration et les administrés, la crise en Kabylie est loin d’être réglée  .

– L a volonté de plus en plus manifeste du gouvernement de vouloir mettre au pas toute espace d’expression démocratique.

– L es espaces d’expression qui donnent un autre son de cloche ne sont pas les bienvenus dans notre pays, aujourd’hui, les contradicteurs du discours officiel n’en continuent pas moins d’être exposés à des représailles. Celles-ci s’expriment par une pléthore de procès en diffamation et, à l’occasion, dans des inculpations douteuses pour infractions pénales.

– I nterdictions et répression violentes d’un certain nombre de mouvements de contestations pacifique .malgré que , la population concernés attendent moins de l’assistanat ou du social au sens spécialisé du terme que des équipements publics et des possibilités d’expression ; c’est-à-dire des moyens qui favorise au quotidien ; l’exercice de la citoyenneté ; si les habitants d’une localité expriment une demande si forte à l’égard des autorités , c’est bien qui’ ils attendent des moyens d’être citoyens ; une attente d’autant plus révélatrice qu’elle émane des localités en difficultés ; dans certains quartiers , c’est en creux qu’on peut percevoir ce besoin d’être traité en citoyen à travers le sentiment d’abandon ; manque d’eau ; de l’électricité ; transports ; difficultés d’accès aux soins ; inégalités dans l’usage des équipements et des prestations; une police qui ne se déplace plus ; parfois refuse de prendre certaines plaintes ; l’absence ou l’inadaptation des services publics ; manque des écoles ; le chômage.

– P ersistances des autorités à refuser arbitrairement à un certain nombre d’organisations le reçu de dépôt légal et les privant ainsi de leur droit constitutionnel de s’organiser.

– L a recrudescence de la violence et les agressions à l’encontre des citoyens est très perceptible ; il ne se passe pas un jour sans qu’il soit accompagné de son lot de vols, braquages.

– L a dégradation des droits économiques, sociaux et culturels, comme le droit à santé ; à la sécurité sociale, au logement convenable ; à un environnement sain et à une vie décente.

Cette dégradation a touché également les droits de l’enfant et des handicapés.

Le taux de la pauvreté absolue a atteint un niveau alarmant, celui de l’analphabétisme a atteint 30 pour cent de la population.

L e taux de chômage se situé entre 35 et 40 pour cent ; Le chômage touche particulier ment les jeunes, le chômage féminin a enregistré une forte croissance ; Une crise de grande ampleur dans le domaine de l’emploi ; Aujourd’hui cette crise perdure et a tendance à s’amplifier.

Le chômage et l’absence de perspectives ont contribué dans une large mesure au désespoir de la jeunesse qui se tourne vers la consommation de l’alcool, la drogue et la prostitution ou qui brave tous les dangers pour s’expatrier.

B eaucoup de travailleurs subissent les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à leurs droits et leur dignité, d’altérer leur santé physique ou mentale ou de compromettre leur avenir professionnel.

Pour protéger ces travailleurs la LADH plaide pour l’introduction dans le code du travail d’une disposition interdisant et pénalisant l’acte d’harcèlement moral

Que les organisations syndicales peuvent agir en justice en faveur d’un ( une) travailleur en cas d’harcèlement moral.

U ne nette régressions des libertés syndicales en Algérie ; une régression perceptible surtout ces deux dernières années ; il ya une volonté affichée des pouvoirs publics de museler et réprimer toutes les voix de contestations émanant du monde du travail ; le pouvoir s’attaque aux syndicats autonomes ; en étouffant toutes leurs actions par des poursuites judiciaires ; l’interdiction de réunions ; l’ingérence dans leur mouvement

– N otre système politique a failli a son devoir à plus d’un titre ; non seulement il s’est montré incapable de garantir les droits sociaux économiques et culturels des femmes mais il n’a pas su non plus empêcher les violations de leurs droits civils et politique en autre ; certains types de violations ; comme le viol commis par les terroristes sur des centaines de femmes n’est pas considéré comme un préjudice ; qui nécessite une prise en charge et réparation ; même les textes ne considèrent pas la femme violé par les terroristes comme victime.

Les femmes sont exposées à double titre ; victimes de discrimination en raison de leur sexe et risquent autant que les hommes ; si n’est plus ; de faire l’objet de violations des droits de la personne humaine.

La participation de la femme à la vie publique et économique en Algérie reste en déca du rôle qui aurait du être le sien en l’absence de toute volonté qui intégrait la femme dans le développement comme acteur et bénéficiaire. La notion « GENRE » est complètement ignorée et les femmes sont sous représentées au sein des instances de décisions nationales

– L a reforme de la justice n’a pas connu d’évolution sensible aussi bien au niveau de la protection des libertés , des biens et la dignité des citoyens ; qu’au niveau de la revendication relative à l’indépendance de la justice et la compétences des juges

La reforme de justice doit passer obligatoirement par une refonte de l’Etat et la ré conceptualisation de son rôle dans une société démocratique et pluriel.

Le libéralisme politique doit fournir en élabora une conception politique de la justice qui soit indépendante et qui à partir des idées politiques fondamentales, latentes dans la culture publique d’une démocratie, formule les valeurs essentielles d’un régime constitutionnel

La reforme de la justice doit dépasser le stade de l’appareil judiciaire et son fonctionnement, au contexte social et politique. Et le nouvel appareil judiciaire doit répondre aux exigences de l’heure.

La primauté du droit

ce principe doit être invoque non seulement pour sauvegarder et promouvoir les droits civils et politiques de l’ individu dans une société libre, mais aussi pour créer les conditions sociales, économiques, éducationnelles et culturelles dans lesquelles pourront se réaliser ses aspirations légitimes et sa dignité

– L e surpeuplement constitue le plus grave problème dans le sombre tableau que présente la situation des prisons , problème qui ne cesse de s’accentuer sous l’effet de l’augmentation continue de la population carcérale ; le nombre annuel des nouveaux détenus ne cesse de progresser; atteignant une moyenne annuelle alarmante/

Cette moyenne est appelée à augmenter sous l’effet de la crise économique et sociale et l’absence du rôle préventif et éducatif de la politique pénale et carcérale.

L’état de santé d’un grand nombre de détenus témoigne de l’insuffisance quantitative et qualitative de propreté de d’hygiène d’alimentation et de médicalisation

Dans certains établissements des pratiques inhumaines sont toujours en vigueur.

– L ‘ état d’urgence semblait quasi permanent en Algérie et qu il était important de savoir quels problèmes politiques, sociaux ou d une autre nature, en justifiaient le maintien.

Les prérogatives accrues qu elle conférait au pouvoir exécutif avaient été institutionnalisées au point qu’elles équivalaient à une deuxième constitution.

La LADH Rappelle

Que l’interdépendance, l’indivisibilité, et l’universalité des droits de l’homme, constituent le credo de leur effectivité. Et il ne demeure pas moins évident que leur promotion emprunte les chemins de la citoyenneté sociale et politique et s’appuie sur les richesses nées des différences de des particularités.

Que le programme du gouvernement devrait être réoriente vers un engagement réel a améliorer la situation des droits humains en Algérie,a s’attaquer de façon urgente aux causes profondes génératrices d’exclusion, de marginalisation et d’inégalité, sources potentielles de non- respect des droits de l’homme .et a s’organiser autour de projets de développement porteurs d’espérances, et qui accorderaient une large part à la participation des citoyens, et prendre des mesures pour garantir aux femmes le plein exercice de leurs droits légitimes.

Pour réaliser une réconciliation nationale juste et durable, il faut obligatoirement passer par, la vérité, la justice, l’équité et la sauvegarde de la mémoire collective des Algériens. La- realpolitik- qui sacrifie la justice sur l’autel des règlements politiques n’est pas acceptable, l’impunité des criminels n’est plus tolérée.

Forte de cette conscience la LADH affirme

Que la terreur et la misère constituent des atteintes à la dignité ; la terreur et la misère s’engendrent l’une l’autre ; pour éviter l’une, il faut combattre l’autre.

A ssurer aux droits un contenu effectif implique en effet de penser la capacité sociale à les exercer.

Le 09-12-2006

Maître Boudjema GHECHIR

Président