Texte de l’interpellation, déposée au parlement suisse sur la situation des droits de l’homme en Algérie

INTERPELLATION AU PARLEMENT SUISSE SUR LA SITUATION TRES PREOCCUPANTE DES DROITS DE L’HOMME EN ALGERIE A L’HEURE D’UN RAPPROCHEMENT ENTRE LA SUISSE ET CE PAYS

Texte de l’interpellation, déposée par les Conseillers nationaux (députés) Jean-Claude Rennwald (PS, Jura) et Luc Recordon (Verts, Vaud)

Le Conseil fédéral (gouvernement suisse) est prié de répondre aux questions suivantes.

1. A-t-il connaissance de la situation économique et sociale très grave, ainsi que des atteintes persistantes et répétées aux droits humains en Algérie ?

2. Estime-t-il vraiment judicieux de sanctionner cette situation et ces atteintes en marquant une position plus proche des autorités algériennes que par le passé récent ?

3. Dans quelle mesure oeuvre-t-il à l’amélioration sensible des conditions de vie du peuple algérien ici mises en cause ?

Développement

La situation économique et sociale est très grave en Algérie. Les salaires stagnent ou baissent à un niveau très bas vu les prix, soit à moins de 300 francs suisses par mois en moyenne ; le chômage frappe quelque 30 % de la population ; le taux d’occupation des logements, très difficiles à obtenir, est supérieur à sept personnes en moyenne ; les budgets de l’éducation et de la santé se sont réduits en quinze ans comme peau de chagrin, chacun de plusieurs pourcents du PIB. Et tout cela se passe en dépit du flux continu de la manne résultant de la vente du pétrole et du gaz, dont les revenus passent on ne sait où, ou plus exactement on ne s’en doute que trop. Pour aggraver encore considérablement le tableau, les libertés publiques continuent à être bafouées, malgré une certaine atténuation des disparitions et embuscades, plus ou moins clairement encouragées en sous-main par les autorités ; les arrestations et condamnations arbitraires sont légion, il n’est de plus pas rare de constater des confiscations de biens ou déplacements de personnes tendant à favoriser des gens proches du pouvoir. La liberté de la presse et des média est en lambeaux. Devant ce panorama très inquiétant, on peine à comprendre que le Conseil fédéral ait choisi de manifester ouvertement une volonté de rapprochement avec le gouvernement algérien et on se demande si davantage de retenue n’est pas indispensable ou si au moins une telle politique ne peut être mise au service de l’obtention de résultats tangibles dans l’amélioration de la situation du pays en question, au moins au point de vue des droits humains ; en l’état, cela ne semble pas être le cas.

Lausanne, le 19 juin 2006