ANFD: Déclaration

Déclaration

Association Nationale des Familles de Disparus, Alger, le 19/02/2005

L’amnistie générale voulue par le Président de la République suscite bien des opportunismes voire des vocations.

Il en est ainsi des partis politiques qui affirment que la réconciliation est leur seul programme comme d’autres qui ressuscitent à la faveur d’un soutien à un projet dont le chef du gouvernement lui-même déclare ignorer le contenu et les contours. Ben Bella du haut de ses 88 ans affirmait récemment à des journalistes que l’Etat n’a pas respecté l’accord conclu avec l’AIS et qu’il s’agissait fondamentalement de cela « sinon ses hommes retourneraient au maquis » !

C’est dire que les familles des personnes disparues n’ont manifestement rien à attendre de ce coté là pour faire aboutir leurs revendications.

D’autre part, bien pris en charge, des membres de l’Association Nationale des Familles de Disparus ANFD sont encouragés à élever les enchères des indemnisations projetées par la commission Ksentini dans le but évident du renoncement à la recherche de la vérité et de la justice « nous revendiquons dix millions de dinars pour chaque disparus en guise de réparation matérielle » écrivaient ces individus dans un mémorandum qui met à nu leur véritables motivations pendant qu’ils démarchent avec des ONG des droits de l’homme pour obtenir des budgets pour « travailler à faire éclater la vérité sur les disparu » !! Il n’y a tout simplement pas de mots forts pour nommer cette espèce.

Bien plus, ils sont instrumentalisés pour polluer et souiller toutes les structures qui restent fidèles au seul combat de la recherche de la vérité et de la justice.

En effet, l’ANFD n’est ni un syndicat ni un regroupement à but lucratif. Dans la résolution de sa fondation en date du 26 août 1998, il est clairement annoncé qu’il s’agit:
« … la première consécration du combat de milliers de familles pour la reconnaissance du drame qu’elles endurent jusque là dans la peur et le silence, et la décision de fonder une association était un acte de sermon pour la continuité de ce combat pour que la vérité éclate… »

De même l’objet du combat de l’association est réaffirmé par la résolution de sa dernière assemblée générale tenue le 05 août 2004 :

« Si aujourd’hui le pouvoir cherche des moyens détournés pour se « débarrasser » de ce dossier, qu’il sache bien que la tache ne lui sera pas facile.

Nous sommes conscients aussi qu’il tente, dans la même démarche, d’acheter la conscience des meilleurs d’entre nous.

Après avoir louvoyer longtemps, la commission Ksentini, sur instruction de la présidence, opte pour une démarche individualisée qui consiste à faire pression sur les familles par le biais d’une indemnisation sous prétexte que les disparus sont tous morts !
(…) En tout bon sens, nous revendiquons depuis la création de l’association une prise en charge sociale par l’Etat des familles par le biais de l’octroi de pensions aux mères, épouses enfants des personnes disparues. Cette charge revient indéniablement à l’Etat, de surcroît responsable des disparitions.
Mais en aucun cas cette prise en charge ne peut prendre la forme d’une indemnisation !
Car à ce moment, il s’agit pour nous de renoncer à la vérité. Ce qui pour nous est inconcevable. »

Sans préjuger du contenu de cette amnistie générale, il n’est ni possible, ni viable de tirer un trait sur la tragédie sans que des milliers d’algériennes et d’algériens ne soient instruit du sort des leurs, sans que les responsables ne soient traduits devant la justice.

C’est dire, une fois encore, qu’aucune loi d’amnistie ne peut être opposable aux victimes des disparitions. Aucune loi d’amnistie ne doit soustraire les coupables à la justice.

Convaincu que seul l’apaisement peut mener au pardon nous renouvelons notre détermination à poursuivre le combat des milliers de familles qui ont bradé la peur malgré toutes les menaces et pressions qu’elles continuent de subir.

C’est un combat pour la vérité, pour la dignité, pour un Etat de droit.

Lila Iril
Présidente de l’ANFD