Encore, encore et toujours des détentions au secret en Algérie !

Encore, encore et toujours des détentions au secret en Algérie !

Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie, 19 juin 2007

Un mandat d’arrêt est requis pour procéder à une arrestation. L’article 44 du Code de procédure pénale dispose également que les officiers de police ne peuvent se déplacer au domicile des personnes […] et y procéder à une perquisition que sur autorisation du Procureur de la République avec l’obligation d’exhiber cette pièce». De plus, l’article 51 du Code oblige les agents à demander une autorisation écrite du Procureur de la République pour pouvoir prolonger une garde à vue plus de 48 heures. La loi dispose aussi que le gardé à vue doit pouvoir immédiatement contacter sa famille. Or, si la législation algérienne apparaît sur le papier comme relativement protectrice des droits fondamentaux, reste qu’en pratique, les personnes arrêtées bénéficient rarement de ces dispositions et que les responsables des arrestations agissent en hors la loi.

Mohamed Boucekkine est un exemple supplémentaire d’arrestation arbitraire en Algérie.

En effet, comme de nombreuses personnes avant lui, Mohamed Boucekkine n’a pas été arrêté suivant la procédure établie par la loi algérienne. Il a été arrêté vendredi 15 juin à 18 h 30 à son domicile de Fouka. Deux individus en civil ont pénétré sans s’identifier au domicile familial, ont demandé à Mohamed ses papiers et ont procédé à une fouille de la maison. L’arrestation a été faite en présence de son épouse, de ses enfants et d’une cousine. Lorsque son épouse a demandé où ils emmenaient son mari, on lui a répondu qu’ils allaient simplement l’interroger.

Cependant, il n’a depuis lors pas pu entrer en contact avec sa famille ni consulter un avocat. Sa famille reste dans l’angoisse et l’incertitude la plus totale. Depuis 4 jours, elle ne sait ni où il se trouve ni les charges pouvant peser contre lui.

Mohamed avait déjà été arrêté et avait purgé une peine d’emprisonnement de 7 ans dans divers établissements pénitenciers avant d’être libéré en 1999. Cependant, depuis sa libération, il n’a jamais cessé d’être harcelé par les autorités. De plus, alors qu’il était en détention, son père a été arrêté en 1995 et a disparu à ce jour, sa mère a été arrêtée en 1997 et est morte en détention suite aux mauvais traitements qu’elle a subis.

Violatrices des dispositions de la législation algérienne et des normes de droit international, notamment celles du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ces arrestations arbitraires ne cessent de se produire en Algérie.

Le CFDA, SOS Disparus sont très inquiets pour l’intégrité physique et morale de Mohamed Boucekkine et exhortent instamment les autorités algériennes de le remettre immédiatement sous la protection de la loi.

Le 19 juin 2007

P/Le Collectif des Familles de Disparu(e )s en Algérie

Nassera Dutour

Porte-Parole