Disparition forcée de Adel Saker

Disparition forcée de Adel Saker

Alkarama for Human Rights, 2 juillet 2008

Alkarama a adressé le 30 juin 2008 une communication au Groupe de travail sur la disparition forcée et au Rapporteur spécial sur la torture pour leur demander d’intervenir d’urgence auprès des autorités algériennes dans le cas de M. Adel Saker, victime de disparition forcée depuis le 26 mai 2008.

M. Saker Adel, né le 28 janvier 1977, avait déjà été arrêté en 1994 alors qu’il était mineur et détenu pendant trois années avant d’être libéré.

Un an après sa libération, il est de nouveau arrêté en 1998 et détenu pendant une année, puis une nouvelle fois encore en 2001 et détenu également pour une durée d’un an.

Devant ces persécutions incessantes des services du DRS local, les parents de Adel ont pris la décision de l’envoyer parfaire ses études en littérature arabe en Syrie en 2003.

Après une année et demi de séjour régulier dans ce pays, au cours de laquelle il poursuivait normalement ses études, il a été arrêté le mois de janvier 2005 par les services de renseignement syriens qui lui ont déclaré agir à la demande des services de sécurité algériens.

C’est dans ces conditions qu’il a été renvoyé le 26 février 2005 en Algérie où il a été arrêté à l’aéroport d’Alger – Dar El Beïda par les services du DRS (Département du renseignement et de la sécurité). Il a été détenu au secret pendant une année entière au cours de laquelle il a été très gravement torturé pendant plusieurs mois ; il a notamment subi des tortures à l’électricité, la technique du chiffon et a fait l’objet de graves atteintes sexuelles.

Ses parents n’ont jamais pu obtenir de ses nouvelles durant toute cette année en dépit de leurs nombreuses démarches auprès des diverses institutions. Ayant alors alerté la presse, plusieurs journaux avaient rapporté son arrestation.

C’est certainement la raison pour laquelle le 25 février 2006, il a été présenté par les services du DRS devant le parquet d’Alger sous l’accusation  » d’appartenance à un réseau terroriste  » et d’avoir été en particulier  » l’intermédiaire entre Al Qaida et le GSPC algérien « . Cette accusation devait probablement justifier à posteriori sa longue détention au secret puisqu’il a été libéré le jour même.

Les persécutions n’ont pas pour autant cessé ; ainsi il a régulièrement été convoqué par la police locale et retenu de longues heures dans ses locaux sans qu’un motif ne lui ait été communiqué.

Le 26 mai 2008, il devait de nouveau être convoqué au siège de la sûreté de Daira de Tamalous par un officier de police qui lui a fait parvenir une convocation à son domicile par l’intermédiaire d’un agent de l’ordre public (AOP).

M. Adel Saker a déféré le jour même à cette convocation comme à son habitude et s’est rendu accompagné d’un proche au siège de la sûreté de Daïra de Tamalous ; il n’a cependant pas été libéré dans la même journée comme à l’accoutumée.

Ses parents se sont rendus dès le lendemain au siège de la Police de Tamalous où les officiers de police n’ont pas reconnu son arrestation et sa détention.

Les parents de Adel Saker craignent qu’il n’ait encore une fois été transféré aux services du DRS et qu’il soit encore détenu au secret durant une longue période et soumis comme il l’a été par le passé à la torture et aux traitements inhumains et dégradants.

Le Procureur de la république de Tamalous et le Procureur général de Jijel ont tous deux affirmé à la famille ne pas être informés de l’arrestation et ont également refusé d’enregistrer une plainte.

Dans tous les cas, M. Adel Saker est victime de disparition forcée : Il a été arrêté par des agents de l’Etat et sa détention n’est pas légalement reconnue.

Nous rappelons l’existence de personnes, dont l’arrestation a été confirmée par les autorités, maintenues en détention dans des lieux secrets depuis plusieurs mois voire plusieurs années à l’instar de Ammari Saifi, arrêté en octobre 2004 et disparu depuis.

La pratique de la détention au secret continue d’être courante en Algérie en dépit des dénégations des officiels algériens, à l’instar du ministre des affaires étrangères, M. Medelci, devant le Conseil des droits de l’homme et du représentant permanent à l’ONU, M. Jazairi, devant le Comité des droits de l’homme et le Comité contre la torture.