Lettre ouverte de M. Ayachi Mahdi au Président de laRépublique

M. MAHDI Ayachi
04252 Blalla
Oum El-Bouaghi
Lettre ouverte à son excellence Monsieur le Président Abdelaziz Bouteflika

Monsieur le Président

A la date du 18/07/2006, j’étais convoqué par la Commission de la Wilaya mandatée par l’état pour traiter les dossiers du personnel démobilisé dans le cadre de la tragédie nationale. Dès mon arrivée au siège de la Wilaya chef-lieu d’Oum El-Bouaghi, j’étais étonné par la décision prise à mon égard. Laquelle décision m’impose une compensation et m’empêche d’entamer ma fonction d’enseignant que j’ai honorablement rempli avant ma détention administrative qui a duré quatre années successives sans aucun jugement.

Vous noterez Monsieur le Président que la résolution concernant ma situation et pour être légalement appliquée nécessite le suivant :

– Il faudrait que je demande moi-même la compensation plutôt que de reprendre l’enseignement, chose que je n’ai pas demandée. Surtout que je tiens absolument à mon travail que je considère comme étant une médaille d’honneur pour tous les professeurs formés par mon pays dans le but d’éduquer les générations à venir.

– Que je sois dans l’impossibilité de réintégrer mon poste à cause d’incapacité physique, mentale, ou en raison de la dissolution de l’établissement dans lequel je travaillais. Et aucune condition susmentionnée n’est arrivée.

– Si, après une proposition d’un poste équivalent au mien, j’ai rejeté la proposition. Mais la vérité c’est qu’on ne m’a rien proposé du tout.
– Ou dans le cas où j’atteins l’âge de retraite ce qui n’est pas encore le cas.

Comme vous avez remarqué Monsieur le Président, aucun cas susmentionné ne m’est applicable, mais en dépit de cela, cette commission m’a imposé une compensation encore indéterminée et qui sera insuffisante pour couvrir les nombreux préjudices qui ont touchés ma femme et mes petits enfants pendant ma longue détention injustifiée et qui reste encore injustifiable.

A cause de cette décision arbitraire, je constate que cette commission m’a tout simplement privé de reprendre mon travail de fonctionnaire de l’éducation nationale et par conséquent prive mes enfants de vivre normalement. En plus, elle n’a respecté aucune des conditions qui permettent une telle injustice. En effet, je n’étais ni informé, ni avisé préalablement. Alors j’estime que cette décision est anticonstitutionnelle, antidémocratique et contre les droits de l’homme les plus élémentaires.

Monsieur le Président, avec cette décision injuste, on met le projet de la réconciliation nationale que vous aviez mis en place en doute et on favorise la réinsertion de ceux qui on utilisé la violence tandis que nous qui sommes des cadres, des professeurs et des fonctionnaires, nous sommes rejetés sans aucune considération. L’atteinte est portée également à la constitution nationale qui considère que le licenciement d’un fonctionnaire de l’Etat sans motif valable est une transgression des droits élémentaires du citoyen algérien.

Ma crédibilité de professeur est aussi mise en cause, malgré le fait que j’ai participé à la promotion de toute une génération de cadres algériens ; des médecins, des militaires, des ingénieurs, etc.
Après tout cela je suis issu d’une famille de moudjahidine ; il y en a ceux qui sont tombés dans les champs de bataille pour la liberté de notre pays comme mon oncle l’officier Tahar MAHDI et ceux qui sont encore en vie comme mon père Balkacem MAHDI.

Ce qui me fait mal aujourd’hui, c’est pourquoi on me traite comme un criminel et pourtant ma contribution sociale, politique et éducative est visible à tous les citoyens de notre région. En effet, j’étais représentant de la commune de Blalla (04252) dans le comité de soutien au Président de la République durant la compagne électorale dernière, j’étais élu premier adjoint au maire et je représente actuellement plusieurs mechta dans le cadre du développement rural.

Monsieur le Président, malgré mon innocence prouvée légalement à mainte reprise, malgré le préjudice grave que cette détention injuste a causé à mes enfant et ma famille, malgré mon attente interminable dans l’espoir de voir un jour la lumière au bout du tunnel, malgré mon opposition à toute sorte de violence, malgré ma contribution irréfutable dans la promotion et la propagation de la culture de la tolérance et du pardon, la récompense attribuée par cette commission à moi-même et à mes enfants c’est de les punir pour un crime qu’on n’a jamais fait.

Pire encore sans respecter mes droits en tant que citoyen algérien sans aucune charge à mon encontre. Maintenant où dois-je aller ? Je n’ai aucune ressource financière, surtout que mes parents sont handicapés, malades et incapables de s’assumer tout seuls.

Monsieur le Président je ne demande que mes droits légaux, car d’autres collègues de travail ont rapidement réintégré leurs postes. Pourquoi pas moi ? En plus le projet de la réconciliation national initié par vos soins impose à l’aide d’une circulaire datant du 27 février 2006 de réintégrer ou donner un poste équivalent aux fonctionnaires de l’éducation nationale en l’occurrence les professeurs dont je fais partie.

O monsieur le Président, que dois-je dire à mes enfants quand ils m’interrogeront sur la décision prise à l’égard de leur papa ? Sachant qu’ils sont pleins d’espoir de voir leur papa reprendre son travail un jour et continuer à donner à son pays. Dois-je leur mentir ou leur dire la vérité amère ? Dois-je les informer que leur papa est privé de son travail et qu’il est une persona non gratta dans son propre pays ? Et qu’eux ne comptent plus aux yeux de cette commission même s’ils sont l’avenir de ce pays ?

Quel sera leur position vis-à-vis d’une commission de « droit », vis-à-vis de l’administration de leur pays, des responsables de leur patrie ? Ils sont encore jeunes tous mineurs et à l’école. Peuvent-ils accepter qu’un papa exemplaire puisse subir cette énorme injustice ? Peuvent-ils comprendre que cette décision n’est pas celle de l’Etat ni des hauts responsables, mais seulement d’un groupe de personnes qui ont mal étudié le dossier de leur père ou ne l’ont pas du tout étudié ? C’est très difficile de comprendre.

Monsieur le Président tout ce que je vous sollicite c’est de revoir mon cas au plus haut niveau de l’Etat car je suis certain qu’une simple étude de mon dossier me rendra mes droit prescrits dans notre constitution. Vous êtes, votre excellence, après Dieu, le seul espoir pour mes enfants. Et nous espérons que grâce à votre décision notre tragédie cesse d’être.
En l’attente d’une réponse que nous espérons, mes enfants et moi-même, favorable, nous vous prions Monsieur le Président d’accepter nos salutations distinguées.