La répression touche l’ensemble de la presse

Reporters sans frontières

La répression touche l’ensemble de la presse

ALGERIE – 10.03.2005

Le numéro du mois de mars d’Afrique Magazine, publication du groupe Jeune Afrique-L’Intelligent, a été interdit en Algérie en raison d’une enquête intitulée « Algérie : Disparus, le deuil impossible« . Reporters sans frontières condamne cette décision et demande au gouvernement d’autoriser la distribution de ce magazine.

« Nous craignons que cette interdiction ne soit que la première d’une nouvelle série. Tandis que les médias nationaux doivent faire face à une myriade de procès et à des amendes très lourdes les mettant financièrement en difficulté, les médias étrangers, eux, doivent affronter des retards de distribution et des difficultés pour faire accréditer leurs correspondants », a déclaré l’organisation.

« Depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, c’est la première fois qu’Afrique Magazine est interdit de diffusion mais ce n’est pas la première fois qu’un média étranger est ainsi censuré. En 2004, au moins cinq ont été interdits. La chaîne de télévision qatarie Al-Jazira, les journaux France Soir, Le Figaro, Le Monde diplomatique et Jeune Afrique-L’intelligent avaient tous subi le même sort pour avoir traité des problèmes de l’Algérie. Nous condamnons fermement cette interdiction et demandons aux autorités de revenir sur cette décision », a ajouté Reporters sans frontières.

Le distributeur à Alger d’Afrique Magazine, ADP, a été informé oralement, par le ministère de la Communication, que le numéro du mois de mars « ne pouvait être diffusé sur le territoire », sans qu’aucun motif officiel ait été avancé. A l’origine de cette censure, une enquête sur les personnes disparues en Algérie dans les années 90.

Dans un communiqué publié le 8 mars, la direction d’Afrique Magazine a déclaré :  » Outre le préjudice commercial, [nous regrettons] profondément cette évolution dans un pays qui était pourtant devenu l’un des rares exemples de liberté de la presse dans le monde arabe. »

La mise au pas de la presse nationale continue

Par ailleurs, le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger a rendu, le 8 mars 2005, son verdict dans l’affaire opposant le Soir d’Algérie à un responsable de la Banque de développement local (BDL). Le quotidien a été condamné à verser une amende d’un million de dinars (soit
10 500 euros) tandis que Fouad Boughanem, directeur de publication, a été condamné à une peine de deux mois de prison avec sursis pour « diffamation ».

« Nous nous réjouissons que la suspension de six mois, requise par le procureur, n’ait pas été retenue par le tribunal. Cependant nous dénonçons fermement le recours à des peines d’emprisonnement dans des affaires de diffamation et demandons aux autorités algériennes une réforme du code pénal afin de dépénaliser les délits de presse », a déclaré Reporters sans frontières.

Le 25 janvier, le procureur avait requis six mois de prison avec sursis contre l’auteur de l’article, le paiement d’une amende de 50 000 DA (soit 520 euros) ainsi que six mois de suspension contre le journal pour un article publié en 2001, dénonçant la corruption au sein de la BDL.

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