Censure du film Vote off : Le ministère parle d’«atteinte aux symboles de l’Etat»

Censure du film Vote off : Le ministère parle d’«atteinte aux symboles de l’Etat»

El Watan, 8 septembre 2016

Le ministère de la Culture considère, dans un communiqué publié sur son site, que la censure du film Vote off, déprogrammé des 14es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB), est une décision qui «relève des compétences et attributions exclusives de la commission de visionnage, seule habilitée à fournir des autorisations de tournage et de projection».

Le communiqué est venu en réaction «aux déclarations du réalisateur Fayçal Hammoum», qui déclarait qu’«on ne peut que se rendre à l’évidence et appeler les choses par leur nom : il s’agit là d’un cas flagrant de censure». Le communiqué vient pour dédouaner le ministre Azeddine Mihoubi dans le refus d’attribution d’un «visa culturel» au documentaire. «Le ministre de la Culture n’est à aucun moment intervenu dans la déprogrammation de ce film», précise le communiqué ministériel, qui ajoute que la commission en question est «composée d’experts et de professionnels du cinéma».

L’association Project’heurs, organisatrice des Rencontres, a reçu, le jeudi 1er septembre, un visa culturel global pour 23 films programmés dans le cadre des RCB. Ce que confirme le ministère dans son communiqué : «Cette commission (…) a délibéré favorablement sur 23 films, à l’exception du film Vote off qui comporte des contenus portant atteinte aux symboles de l’Etat et de sa souveraineté.»

Le communiqué ne précise pas la nature de ces «symboles de l’Etat» touchés par le documentaire de Fayçal Hammoum qui s’est intéressé à la campagne électorale d’avril 2014 dans laquelle Abdelaziz Bouteflika s’est engagé en tant que président-candidat. Pour le réalisateur, Vote Off n’est en rien un film partisan. Son «tort» semble être celui d’avoir donné la parole à une jeunesse qui ne vote pas.

«La décision de la commission ne relève aucunement des considérations liées à l’art cinématographique, mais procède de l’application de la loi», souligne le document du ministère de la Culture qui ajoute que ce département ministériel «a encouragé et soutenu l’organisation des Journées cinématographiques de Béjaïa et considère cet événement un important acquis dans le domaine du cinéma et de la culture en général». La 14e édition des RCB a été ouverte à la Cinémathèque de Béjaïa sans la présence, à part celle du directeur de la culture local, d’un représentant du département de Azeddine Mihoubi.
Kamel Medjdoub