Washington presse les pays du Maghreb

LES MINISTRES DE LA DÉFENSE DE L’AFRIQUE DU NORD SE RÉUNISSENT À TRIPOLI

Washington presse les pays du Maghreb

L’Expression, 02 août 2006

Conscients du danger que représente le Gspc, les Américains testent toutes les formules au niveau du Sahel.

Après les budgets qui se chiffrent en millions de dollars et des formations purement techniques, le département d’Etat américain exige des résultats. Il veut impliquer directement les pays africains dans la lutte antiterroriste. Washington presse les Etats maghrébins à agir eux-mêmes, dans l’une des zones inscrite en rouge sur les cartes du Pentagone. Les ministres de la Défense nationale de pays d’Afrique du Nord se sont réunis en effet, le 31 juillet dernier à Tripoli selon la télévision libyenne Jamahiriyah TV. La réunion a été consacrée à la contribution des pays d’Afrique du Nord à la Force africaine. Cette rencontre présidée par le général Abu-Bakr Yunis Jabir, secrétaire du Comité général pour la défense libyenne, a vu la participation d’un représentant du délégué du ministre délégué au ministre de la Défense nationale. Ont pris part également à cette rencontre militaire, le ministre de la Défense tunisienne, le ministre de la Défense du Sahara occidental, la Défense et le chef d’opérations dans l’armée égyptienne. Conscients que le Gspc est devenu le fer de lance du djihad au Nord de l’Afrique, les Américains testent toutes les formules au niveau de cette région. Il y a moins de deux semaines, 24 pays, dont l’Algérie, se sont exercés, durant sept jours à la mi-juillet, aux techniques de communication. L’Algérie aurait envoyé au moins quatre éléments qui ont pris part à cette opération patronnée par des experts américains dépêchés par le Pentagone. L’exercice a impliqué 125 personnes des 24 pays africains. Ils se sont exercés sur du matériel de communication de Suède, de l’Autriche et américain.
L’objectif consistait à développer des standards, dans les arsenaux de communication. Aussi, la réunion des ministres de la Défense à Tripoli intervient juste après cet atelier. Jouissant d’une relative liberté dans la bande du Sahel, le Gspc y a depuis longtemps établi ses quartier généraux. Son objectif est de faire du Maghreb une rampe de lancement pour des opérations d’Al Qaîda en Europe. Car le GSPC est actif bien au-delà des frontières nationales. En novembre 2005, 17 islamistes affiliés au Gspc ont été arrêtés au Maroc. Ils préparaient prétendument des attaques contre les Américains et des intérêts juifs dans ce pays. Le 26 juin 2005, 10 islamistes ont été arrêtés en Tunisie, près de la frontière algérienne. Ils ont avoué leurs liens avec le Gspc et affirment se rendre en Irak pour rejoindre la résistance. Depuis janvier 2004, des moyens colossaux ont été déployés par l’armée américaine pour soutenir la lutte antiterroriste. L’aide a été organisée dans le cadre du programme d’assistance militaire «Initiative Pan-Sahel» (PSI), opérationnel depuis novembre 2003 et doté pour 2004 de 6,5 millions de dollars. Dans le cadre de l’initiative «Trans-Sahara», les Américains ont alloué un budget de 60 millions de dollars pour l’année 2006 et de 100 millions par an pour les cinq années à venir. Plus de 700 soldats et officiers d’élite ont participé à l’entraînement d’environ 15.000 militaires africains. Cette opération a été dénommée «Flintlock 2005».

B. TAKHEROUBT