USA: Visites des civils ou militaires

Visites des civils ou militaires

Un timing jamais fortuit

El Watan, 19 décembre 2005

Le timing des visites que choisissent les officiels américains, civils ou militaires, dans un pays quelconque n’est jamais fortuit.

Cela même si souvent on réplique que « la visite a été programmée depuis longtemps ». Dans le cas de l’Algérie, depuis notamment 1999 – date de l’accession de Bouteflika à la présidence de la République -, le forcing US s’est intensifié vers la précision. Délégations militaires, responsables au sein des structures de sécurité et même les hommes d’affaires ne viennent dans le pays que pour discuter de dossiers précis. En cela, le séjour à Alger (du 17 au 18 décembre 2005) du général d’armée James L. Jones, commandant suprême des forces alliées et commandant en chef des forces américaines en Europe, à Alger n’est pas le fait d’un simple hasard. Un déplacement qui intervient à un moment où le président Bouteflika est en période de soins en France. Les rumeurs et les informations distillées, via tous les canaux d’information réglementés et informels, suscitent des appréhensions à Washington. Tout le monde croit et répète que « les Etats-Unis ont tous les renseignements ». Or, les responsables US ne négligent jamais d’écouter leurs partenaires et de s’enquérir, sur place, de la situation du pouvoir assumé par leurs interlocuteurs. Ceci même dans le cas où ils n’ont pas des relations diplomatiques avec un Etat, ils s’arrangent par diverses couvertures pour rencontrer les gouvernants de ce pays. Il existe, en fait, une mission politique chez les militaires américains souvent plus porteuse que celle assurée par leurs pairs au sein du gouvernement. Une mission qui permet de transcender les protocoles et les imprécisions des civils. Mais si efficace qu’elle complète le doute et le vide que recèle souvent le travail des responsables civils. « Entre militaires, c’est direct et précis en ce qui concerne l’échange d’informations à propos de la situation d’un pays », nous indique un ancien haut officier militaire algérien. Le déplacement de responsables de l’armée US en Algérie est significatif quand on sait qu’il intervient dans des moments cruciaux pour la vie politique nationale. On l’avait remarqué lors de l’organisation des deux scrutins durant l’année 2002 (élections législatives et locales) ou en avril 2004. Il suit également les visites des responsables français en Algérie. Reste que dans cet intérêt américain, au passage de plus en plus envahissant, l’Algérie devrait profiter au maximum de ce qu’offre Washington. L’encadrement des militaires algériens qui séjournent aux Etats-Unis par le Department Defense Attachy Office (DIO) incite à explorer d’autres formes de coopération avantageuse. Comme elle devrait le faire avec d’autres partenaires : France, Grande-Bretagne, Canada ou Russie. L’essentiel est de tirer des dividendes d’une relation équilibrée avec l’Etat concerné.

Salah Eddine Belabes