Rapport du département d’État US sur la lutte antiterroriste

Rapport du département d’État US sur la lutte antiterroriste

Alger s’engage à apporter des éclaircissements

Liberté, 22 juillet 2017

Pour l’Algérie, les observations émises par Washington ne reflètent pas les efforts consentis par le pays en matière de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

L’Algérie a émis des réserves sur certaines conclusions du rapport publié jeudi dernier par le département d’État des États-Unis d’Amérique sur l’évolution de la lutte antiterroriste en Algérie durant l’année 2016. En effet, le ministère des Affaires étrangères a estimé que ce rapport fait état d’un manque d’informations sur certains domaines précis, notamment l’utilisation abusive de la détention provisoire, la lutte contre le financement du terrorisme, le secteur bancaire jugé obsolète et la question du Sahara occidental.
Piqué au vif par les questions soulevées, Alger réplique en estimant que les observations émises par Washington ne reflètent pas les efforts consentis par le pays en matière de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Dans un long communiqué, le ministère des Affaires étrangères a cité, à titre illustratif, que “la référence à une utilisation abusive de la détention provisoire repose sur des sources non confirmées et ne tient pas dûment compte de l’affirmation du gouvernement algérien, selon laquelle la réforme du Code pénal introduite en 2015 avait contribué à la réduction du recours à cette mesure”.
Il en est de même, selon la même source, de la lutte contre le financement du terrorisme. Le MAE relève que le rapport de Washington signale que “les arrêtés de gel et de saisie des avoirs des personnes faisant l’objet de sanctions de la part du Conseil de sécurité n’étaient pas suivis de mise en application, alors que dans les faits, les dix-huit personnes concernées par ces mesures ne disposent pas, en Algérie, de comptes bancaires pouvant être effectivement gelés ou saisis”.
Sur la même lancée, le MAE remet en cause les conclusions dudit rapport sur l’appréciation du secteur bancaire algérien jugé “sous-développé et étroitement contrôlé par l’État, situation qui favoriserait l’économie informelle et la circulation incontrôlée de larges sommes d’argent, approche réductrice des importants progrès faits par le pays tant en matière de modernisation et de diversification du secteur bancaire que dans la lutte contre l’économie informelle”.
Enfin, et concernant la question du Sahara occidental, relève le MAE, “c’est davantage le rejet de la position de soutien à l’exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination, tel que préconisé par toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et non le désaccord sur ce sujet, qui constitue un obstacle au développement de la coopération bilatérale et régionale dans le domaine de la lutte antiterroriste, comme l’affirme le rapport du département d’État”.
Le MAE ne conclura pas ses réserves sans préciser que “ces développements plus renseignés sur les efforts déployés par l’Algérie dans ces différents domaines seront portés à la connaissance de la partie américaine dans le cadre du dialogue stratégique que les deux pays entretiennent déjà depuis de nombreuses années”. Du reste, le MAE a affirmé avoir pris acte avec “satisfaction” de ce document qui fait l’éloge de l’Algérie en matière de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Sur ce chapitre précis, le document de Washington a qualifié la lutte contre les groupes terroristes et le crime organisé de l’Algérie “d’agressive”, soulignant l’absence de kidnappings contre rançons durant l’année 2016 ainsi que l’attachement de l’État algérien à la politique de non-concessions aux preneurs d’otages.
De même, et concernant Daech, le Département US relève que même si notre pays n’est pas membre de la coalition anti-Isis, il a tenu à s’associer à la lutte contre cette organisation criminelle.
Concernant le financement du terrorisme, le rapport a relevé “la reconnaissance par les instances internationales concernées de la totale conformité des lois et règlements algériens avec les dernières normes internationales en vigueur et leurs mises en œuvre par le ministère des Finances”.
Du reste, les efforts de l’Algérie en matière de déradicalisation ainsi que les politiques socioéconomiques engagées au profit de la jeunesse ont retenu l’attention du partenaire américain, et ce, au même titre que la coopération régionale et internationale.