Des experts du Pentagone et de la CIA à Alger

LUTTE ANTITERRORISTE ET CRIMINALITÉ TRANSNATIONALE

Des experts du Pentagone et de la CIA à Alger

Par Brahim TAKHEROUBT , L’Expression, 28 Aout 2011

Au moins 25 pays seront convoqués à Alger les 7 et 8 septembre prochain pour une conférence de haut niveau.

Le commandant de l’US Africa Command (Afri-com), le général de corps d’armée Carter F. Ham, sera à Alger les 7 et 8 septembre prochain a-t-on appris hier, de source sûre. Il viendra assister à la conférence sur la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et le développement économique. La même source précise que le patron de l’Africom sera accompagné d’une forte délégation d’experts spécialisés dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, de hauts responsables militaires du Pentagone, des membres de la CIA ainsi que ceux du FBI seront les hôtes de l’Algérie durant cette conférence.
Les mêmes sources précisent que cette armada d’experts et de militaires s’entretiendront avec leurs homologues algériens sur la situation sécuritaire. Au mois 25 pays de la planète prendront part à cette conférence pour laquelle l’Algérie a consacré des moyens colossaux. La collaboration sécuritaire entre Alger et Washington a été à chaque fois mise en valeur par les responsables militaires et politiques américains qui se sont rendus à Alger. Lors de sa récente visite en Algérie, le commandant de l’Africom n’a pas manqué se souligner cette parfaite collaboration entre les deux pays, notamment lors de la réception que lui a accordée le Président Bouteflika. Carter F. Ham a été même jusqu’à plaider la cause algérienne accusée par le Conseil national de transition libyen d’envoyer des mercenaires en Libye.
«Je n’ai rien vu d’officiel ou de rapport qui fasse état d’envoi par l’Algérie de mercenaires en Libye», a déclaré M. Ham lors d’une conférence de presse organisée le 1er juin dernier au siège de l’ambassade des Etats-Unis à Alger. La visite de juin dernier (31 août et 1er juin) s’inscrit dans le cadre des consultations entre les États-Unis et l’Algérie. Le général de corps d’armée Ham a sollicité l’expérience algérienne dans le domaine sécuritaire et ce, dans le but de cibler la nature de l’assistance aux pays africains. La visite intervenait également au lendemain de la décision des pays du Sahel réunis à Bamako de charger l’Algérie de contacter les USA et l’Union africaine pour l’organisation d’un congrès régional cet été, autour de la question du terrorisme dans le Sahel.
Ainsi, l’Algérie a décidé d’organiser les 7 et 8 septembre prochain, une conférence de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et le développement économique. Cette conférence intervient dans un contexte national et régional très complexe. Au plan national, l’Algérie connaît une nette recrudescence des actes terroristes. Une série d’attentats en Kabylie, notamment dans la wilaya de Tizi Ouzou qui viennent d’être «couronnés» par un terrible coup médiatique avec l’attaque de l’Académie militaire de Cherchell et causé la mort de 18 soldats dont des étrangers. Au plan régional, c’est la crise libyenne qui focalise les regards de la planète entière. Tous les observateurs de la scène sécuritaire sont unanimes à dire qu’il y a trop d’armes qui circulent entre les mains des civils et qui tomberont inévitablement entre les mains des réseaux d’Al Qaîda très implantés dans la région du Sahel. La chute du régime El Gueddafi a induit une situation très confuse aussi bien en Libye que dans toute la région. Intervenant sur cette question jeudi dernier, à Washington, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a appelé jeudi les rebelles libyens à se montrer fermes face à la «violence extrémiste» et estimé que les prochains jours et semaines seront «critiques» en Libye. «Il est clair que l’ère El Gueddafi touche à sa fin», a-t-elle déclaré dans un communiqué, appelant «El Gueddafi, sa famille, et les gens qui le soutiennent à mettre fin à leur violence». La conférence d’Alger abordera de long en large la question libyenne de même qu’elle consacrera un long chapitre à la situation au Sahel où pullulent les réseaux de trafic d’armes, de drogue, de contrebande et des éléments terroristes d’Al Qaîda: un véritable no man’s land qu’il va falloir libérer non seulement par une présence militaire mais aussi par des actions de développement économique.