UPM: «Le projet n’est pas assez clair»

LA REVUE EL DJEICH ET L’UNION POUR LA MÉDITERRANÉE

«Le projet n’est pas assez clair»

L’Expression, 19 Juin 2008

L’Algérie ne souhaite pas voir cette nouvelle initiative se transformer en forum qui ne viserait qu’à assurer la sécurité de l’Europe, voire d’Israël.

Dans son dernier numéro, l’organe central de l’armée, la Revue El Djeich vient d’apporter son appréciation sur le projet de l’Union pour la Méditerranée à un mois de la tenue du Sommet de Paris. «Ce Sommet peinera à rassembler tous les pays concernés du fait de l’existence de certaines situations conflictuelles», a écrit la revue El Djech. Evidemment, par situation conflictuelle, il faut entendre particulièrement la question palestinienne et les exactions perpétuelles d’Israël à l’encontre du peuple palestinien. Jusqu’à il y a quelques jours, l’armée israélienne bombardait et tuait sans distinction dans les territoires occupés. Sur cette question, l’organe central de l’ANP a rappelé la position de principe de l’Algérie en écrivant notamment: «Depuis les années 1970, l’Algérie prône l’établissement d’un véritable ensemble régional méditerranéen, elle ne souhaite pas avoir cette nouvelle initiative porteuse de valeur ajoutée se transformer en forum qui ne viserait ni plus ni moins qu’ à assurer la sécurité de l’Europe, voire d’Israël par une quelconque normalisation des relations entre les pays arabes concernés par l’UPM et l’Etat hébreu sans tenir compte de la question palestinienne». Aussi, la situation au Proche-Orient en général, la question palestinienne en particulier et les rapports des pays arabes avec Israël, constituent le point nodal de cette Union même si la France, initiatrice du projet, multiplie les promesses à l’approche du rendez-vous du 13 juillet à Paris. Puisque c’est de «clarifications» qu’il s’agit, El Djeich n’a pas été avare en étant d’une clarté sans appel: «Fidèle donc à ses principes, Alger refuse toute normalisation de ses relations avec Israël tant que la question palestinienne n’est pas définitivement réglée, avec la mise en place d’un Etat palestinien souverain et indépendant et le retour des millions de réfugiés». Tout y est dans ce passage. Car si les Européens ont esquissé dernièrement à Bruxelles l’architecture de la future organisation et ont réglé certaines questions, notamment le problème énergétique, il n’en reste pas moins que de l’autre côté de la Méditerranée, certaines choses restent en suspens.
C’est la première fois que El Djeich s’exprime de façon aussi directe sur le projet de l’UPM dont le but «étant d’essayer de redémarrer un processus qui sur plusieurs volets, peine à s’imposer (…)» Si la nouvelle architecture ainsi proposée devait aider à satisfaire à terme les objectifs fixés, il y a dix ans à Barcelone, «chacun de ces derniers aspire individuellement à certains avantages», rappelle la revue soulignant avec force que «la répartition des postes clés de la structure décisionnelle de la future union souhaitée n’est pas précisée, bien que certains estiment que la participation au secrétariat de l’UPM d’un pays de la rive Sud contribuera à mieux gérer, et de façon paritaire, les projets puisqu’il sera chargé de les coordonner et de les promouvoir».

Brahim TAKHEROUBT