Le projet d’union pour la Méditerranée suscite des idées contradictoires

Le projet d’union pour la Méditerranée suscite des idées contradictoires

La BEI n’est pas favorable à une banque méditerranéenne

De Paris, Farid Manceur, Le Jeune Indépendant, 8 avril 2008

Le récent compromis franco-allemand sur le projet d’union pour la Méditerranée a libéré la parole dans l’espace euroméditerranéen. Longtemps en retrait du débat pour cause de polémiques entre Paris et Berlin, des acteurs pesants de la relation EUROMED montent au créneau. Selon les champs d’intervention respectifs, ils avancent leurs idées dans le but d’imprimer une orientation à la future entité multilatérale.

Le responsable d’une banque européenne très visible dans l’espace euroméditerranéen vient de suggérer une somme de pistes de nature, selon lui, à éviter au projet de Nicolas Sarkozy un sort similaire à celui de Barcelone. Vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), le Français Philippe de Fontaine Vive met en garde contre un rôle accessoire des pays de la rive sud au sein de la future union.
A défaut de statut de membre digne de ce nom pour les pays du Sud, l’union pour la Méditerranée risque d’être l’otage d’une vision étroite dont le processus de Barcelone a fait les frais. «Il faut que les pays méditerranéens de la rive sud deviennent des acteurs qui codécident», a-t-il plaidé dans des propos rapportés par la presse spécialisée.
Première institution financière du Vieux Monde, la BEI est la banque la plus adossée aux projets méditerranéens. Depuis le milieu des années 1990, elle a financé une multitude de projets de toute nature (infrastructures, industrie, développement de la PME/PMI) et piloté des études sur des questions au cour de l’ EUROMED.
En institution très avertie du bilan de Barcelone, la BEI préconise de redessiner le cadre EUROMED, en permettant à des acteurs – jusqu’ici peu présents – d’y prendre toute leur place. «Des acteurs privés, notamment des banques, devraient prendre leur part dans le processus», suggère Philippe de Fontaine Vive. Depuis l’annonce par le président français d’un projet né de ses promesses de candidat, de nombreuses idées ont
été émises par des acteurs divers de la Méditerranée. L’une d’elles, avancée par l’Institut de prospective de la Méditerranée, propose la mise en place d’une banque entièrement dédiée à la Méditerranée.
A la BEI, les responsables en charge des questions euroméditerranéennes ne semblent guère emballés par cette piste. «Je ne crois pas à la nécessité d’une banque généraliste», lance Philippe de Fontaine Vive de manière expéditive. En revanche, il estime possible l’idée d’une filiale financière à vocation méditerranéenne. Une telle structure pourrait se déployer, à l’image du Fonds européen d’investissement (FEI), une sorte de banque spécialisée dans la fourniture du capital-risque au petites et moyennes entreprises. Dans sa configuration actuelle, le FEI repose sur un actionnariat multiple : la BEI (majoritaire), la Commission européenne, les Etats de l’Union européenne et des banques privées.
Selon Philippe de Fontaine Vive, l’objectif d’une filiale bancaire méditerranéenne adossée à la BEI «serait de soutenir des projets concrets». Initiatrice du projet d’Union pour la Méditerranée, l’Elysée revendique, à l’appui
de sa feuille de route méditerranéenne, des projets «concrets» et «au cour des besoins» des populations de la Méditerranée : alimentation en eau potable, énergie, environnement, dépollution de la Méditerranée, etc. F. M.