Syrie : Les raids aériens attendent le feu vert d’Obama

Syrie : Les raids aériens attendent le feu vert d’Obama

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 27 août 2014

Seulement 48 heures après la diffusion de la vidéo montrant l’exécution du journaliste américain par ‘Daech’, le chef d’état-major inter-armées, le général Martin Dempsey, envisageait, publiquement, des frappes contre les troupes de l’Etat islamique (EI) se trouvant en Syrie. «Pour défaire l’Etat islamique, qui contrôle de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, il faudra s’y attaquer, aussi, en Syrie», avait-il déclaré. Une option militaire possible en présence, seulement d’«une coalition en mesure de vaincre l’EI», précisera-t-il. Washington qui a mené une centaine de frappes aériennes contre des positions de ‘Daech’, dans le nord de l’Irak, depuis le 8 août, étudie, sérieusement, la possibilité de les étendre à la Syrie et, plus particulièrement, dans la province septentrionale de Raqa où l’aéroport de Tabqa, dernier bastion de l’armée régulière syrienne, dans la région, tombé, ce dimanche entre les mains des djihadistes de l’EI.

Les raids aériens de l’US Air Force, en Irak, ont permis aux Peshmergas de reprendre trois villages, au nord-est de Bagdhad, dans la province de Diyala, ainsi que l’une des routes principales contrôlées par les hommes de ‘Daech’. Si la stratégie militaire est arrêtée, privilégiant, dans un premier temps, le survol de la Syrie par des drones pour repérer les troupes de l’EI et préparer le terrain à d’éventuelles frappes, sur le plan politique, le Pentagone n’aurait pas encore reçu le feu vert d’Obama. En effet, et selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, le président américain «n’a pas encore pris de décision», concernant ces frappes aériennes sur le territoire syrien. Du côté de Damas, on se dit prêt à coopérer avec la communauté internationale, y compris avec Washington, pour lutter contre les djihadistes. Cependant, il est fait obligation à toute frappe sur son territoire d’avoir l’aval officiel, au risque d’être perçue comme une «agression». Une demande qui restera, à n’en pas douter, sans réponse puisque, d’ores et déjà, la Maison-Blanche a clairement laissé entendre que les Etats-Unis étaient prêts à agir, sans l’accord de Damas, comme ils l’ont fait par le passé, allusion faite, certainement, à la tentative des forces spéciales américaines de libérer, en juillet dernier, ses ressortissants retenus en otage sur le sol syrien. Et pour lever toute équivoque, quant à l’intention américaine de bombarder la Syrie, sans l’aval de Damas, Jennifer Psaki, la porte-parole du département d’Etat a estimé qu’un ennemi commun ne signifiait pas, automatiquement, être du même côté.

Par ailleurs, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a accusé l’EI de violer les droits de l’Homme et de mener «un nettoyage ethnique et religieux» dans les territoires qu’ils contrôlent. En Irak, toujours, les attentats meurtriers se sont multipliés ces derniers jours, visant, notamment, des mosquées. Hier matin, en pleine heure de pointe, au moins 10 personnes ont été tuées dans l’explosion d’une voiture piégée, au milieu d’un carrefour bondé dans l’est de Bagdad, rapportait l’AFP, citant des responsables sécuritaires irakiens. Rappelons que malgré les menaces de ‘Daech’ d’exécuter un second otage américain, Steven Sotloff, également journaliste, si le pilonnage se poursuivait, Washington avait, de nouveau, affirmé, la semaine dernière, sa détermination à agir contre les djihadistes sunnites de l’EI et à poursuivre ses frappes en Irak.