Syrie : Brahimi présente son plan de sorti de crise à l’opposition

Syrie : Brahimi présente son plan de sorti de crise à l’opposition

El Watan, 26 décembre 2012

Alors que les monarchies du Golfe, dirigées par des dynasties sunnites, ont sommé hier l’Iran chiite de cesser ses ingérences et prôné une transition politique rapide en Syrie, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, s’est longuement entretenu à Damas avec l’opposition dite «intérieure».

Selon un de ses responsables, Hassan Abdel Azim qui dirige le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), M. Brahimi doit rester en Syrie jusqu’à dimanche «pour essayer de mettre en application un consensus international afin de résoudre la crise». «Nous avons compris que M. Brahimi devrait avoir d’autres réunions avec les responsables syriens (…) et il y a grand espoir que cela aboutisse à des accords ou des avancées positives», a déclaré pour sa part à la presse Raja Al Nasser, secrétaire du bureau exécutif du CCCND. Ce comité regroupe des partis «nationalistes arabes», kurdes, socialistes et marxistes. Proche de la Russie, Raja Al Nasser refuse toute idée d’intervention militaire étrangère en Syrie et n’a pas rallié la coalition de l’opposition.

«La seule issue est un gouvernement transitoire, disposant de tous les pouvoirs, qui conduira le pays à bon port (…). La solution politique est la seule issue et cela passe par la constitution d’un nouveau régime démocratique à la place du régime actuel», a-t-il ajouté.

D’où vient l’optimisme du secrétaire du bureau exécutif du CCCND ? Des milieux diplomatiques soutiennent en effet que les Russes et les Américains ont convenu d’un accord prévoyant la constitution d’un gouvernement de transition ayant tous les pouvoirs et le maintien de Bachar Al Assad jusqu’au terme de son mandat en 2014 avec l’impossibilité pour lui de se représenter une nouvelle fois. Les principaux groupes hostiles au régime et particulièrement les organisations qui combattent sur le terrain rejettent toutefois tout règlement ne prévoyant pas le départ du président syrien.

Les islamistes refusent l’offre de l’ONU

Les comités locaux de coordination (LCC), regroupant les militants animant la contestation du régime sur le terrain, ont ainsi affirmé hier dans un communiqué, «qu’après avoir eu vent de certaines fuites concernant la solution proposée par M. Brahimi, ils rejettent toute initiative qui forcerait les Syriens de choisir entre un compromis injuste ou la poursuite des crimes par le régime». Selon de nombreuses agences de presse, ils insistent sur le fait que «Assad et tous les responsables politiques, militaires et sécuritaires doivent quitter le pouvoir» et refusent toute éventuelle immunité qui serait accordée aux piliers de ce régime.

Les Frères musulmans, qui représentent une force prépondérante dans l’opposition, vont dans le même sens, évoquant un «complot» contre le pays. «Nous tenons pour responsables le Conseil de sécurité et toutes les organisations internationales pour les crimes contre l’humanité commis par Bachar Al Assad et ses gangs», ajoutent-ils dans un communiqué rejetant «tous les rapports internationaux présentant la révolution sous les couleurs du confessionnalisme». M. Brahimi, a estimé lundi «toujours inquiétante» la crise en Syrie et a dit espérer que «toutes les parties se prononcent pour une solution à laquelle aspire l’ensemble du peuple syrien».

Sur le terrain, les forces régulières syriennes ont bombardé plusieurs positions tenues par des rebelles dans le sud de la capitale Damas et ses régions environnantes, où un responsable des services de sécurité a été tué, a indiqué hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Toujours dans la région de Damas, l’armée gouvernementale a repris ses bombardements particulièrement sur les quartiers sud de la capitale. Les rebelles se sont, quant à eux, emparé du village de Harem, dans la province d’Idleb (nord-ouest), selon la même source.

L’ONG syrienne a précisé que les rebelles «appartenant à plusieurs groupes (dont des djihadistes) se sont emparé de la totalité de Harem après avoir pris le contrôle des dernières positions de l’armée et de la milice pro-régime suite à un siège de plusieurs mois». La Syrie est, rappelle-t-on, en proie depuis mars 2011 à une révolte populaire qui s’est transformée en un conflit armé. En 21 mois, les violences ont fait plus de 44 000 morts, selon l’OSDH.
Zine Cherfaoui