Les travailleurs dénoncent une volonté de casser l’Etusa

Ils sont en grève illimitée depuis hier

Les travailleurs dénoncent une volonté de casser l’Etusa

El Watan, 3 décembre 2015

Les travailleurs de l’Etusa ont observé un débrayage à travers les unités de la capitale.

Les travailleurs de l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa) sont depuis hier en grève illimitée pour dénoncer «l’opacité» dans la gestion de l’entreprise après le limogeage, il y a plus d’un mois, de son directeur général, Yacine Krim. Pour les travailleurs rencontrés au niveau de la direction générale de cette entreprise, «L’Etusa va vers une destination inconnue». Selon le syndicat UGTA, la directrice par intérim ayant succédé à M. Krim a démissionné il y a une semaine. Impossible d’obtenir des informations officielles sur cette démission et les conditions de mise à l’écart de M. Krim, le ministère des Transports étant injoignable. La direction de l’Etusa a également refusé de nous recevoir.

Les travailleurs de cette entreprise ont observé un débrayage à travers les unités de la capitale. Les bus étaient à l’arrêt aux quais des différentes gares d’Alger. «Seul le service de sous-traitance fourni aux partenaires de l’Etusa (entreprises) pour le transport du personnel et des étudiants a été assuré comme service minimum», explique Nazim Aouiche, délégué syndical, rencontré hier au siège de la direction où des dizaines de travailleurs observaient un piquet de grève.

L’Etusa vit visiblement un malaise engendré par plusieurs facteurs, révèlent les travailleurs et syndicalistes interrogés hier. L’absence d’une direction à la tête de l’entreprise et les informations liées à la possible promotion du responsable du transport des étudiants à la tête de cette entreprise a enflammé la situation. «Nous connaissons le parcours de ce monsieur.

Il a imposé son fils ici, à la direction générale, qui permet plusieurs avantages», accusent des syndicalistes, excédés par «le manque de sérieux» que constitue cette décision si elle venait à se confirmer. Les syndicalistes et les travailleurs dénoncent également «une volonté de casser l’Etusa» au profit d’autres parties. M. Aouiche estime que la déstructuration de l’Etusa profitera certainement aux privés qui convoitent le créneau, rappelant la décision du wali de donner son accord à l’entreprise Tahkout de déployer 1000 bus dans la capitale.

Merimi Nacereddine, syndicaliste, a également fustigé les responsables du secteur concernant le retard accusé dans la nomination d’un directeur à la tête de cette entreprise «qui représente tout pour les travailleurs, dont beaucoup y ont passé plus de 20 ans». Le syndicat s’interroge également sur la motivation du ministère des Transports de dépouiller l’Etusa de ses actions dans la société de gestion du tramway d’Alger et de la gestion des téléphériques. L’Etusa a été dépouillé des 36% et 41% des actions détenues dans ces deux entreprises. Les travailleurs accusent «des parties travaillant au profit d’opérateurs français qui rêvent d’accaparer également du transport urbain dans la capitale».

La grève a été aussi motivée par la suspension de neuf travailleurs, dont quatre syndicalistes, suite au mouvement de protestation observé en octobre dernier en soutien à l’ancien directeur général de l’Etusa. Les travailleurs sont unanimes quant à la poursuite de ce débrayage «jusqu’à la réintégration de nos collègues et l’installation d’un directeur pour sauver notre entreprise». L’Etusa compte une flotte de 750 bus et emploie plus de 2800 agents à travers la capitale. L’entreprise projetait de se doter de 400 bus supplémentaires pour renforcer sa flotte.
Fatima Arab