Sit-in annoncé devant l’UGTA: La retraite fait bouger les syndicats

Sit-in annoncé devant l’UGTA: La retraite fait bouger les syndicats

par Djamel Belaïfa, Le Quotidien d’Oran, 16 décembre 2009

La contestation des résultats de la dernière tripartite, par les organisations syndicales, tous secteurs confondus, semble faire tache d’huile. Après les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba, les syndicats d’une douzaine d’entreprises viennent d’annoncer un sit-in, dimanche prochain, devant le siège de la centrale syndicale pour dénoncer la suppression de la retraite sans condition d’âge. Les syndicats d’entreprise de l’ETRAG, EMO, PMO, PMAT, Groupe FONDAL, SNVI, German, Anabib, BTK Tiaret, ALFET, ENIEM, ENMTP et POVAL, réunis mercredi dernier pour examiner les résultats de la tripartite, ont rendu public lundi, une déclaration commune, dans laquelle ils affirment que la suppression de la retraite sans limite d’âge « dans la situation actuelle n’arrange ni les intérêts des travailleurs ni celui des entreprises et menace leur pérennité…». Les syndicalistes signalent par ailleurs que cette mesure s’est traduite par un mouvement de départ massif de la main-d’oeuvre experte enregistré ces jours-ci au niveau des différentes entreprises. «Ce potentiel non négligeable ne peut être remplacé du jour au lendemain, il sera récupéré par les entreprises privées ce qui handicapera lourdement les entreprises publiques dont l’Etat a consenti d’énormes efforts pour les dynamiser. Aussi, cette mesure n’aura pas une grande incidence sur la résorption du chômage», lit-on dans cette déclaration. Les syndicalistes présents à la réunion s’interrogent, d’autre part, sur l’utilité des fonds constitués par les cotisations, à savoir la retraite anticipée et la caisse de chômage, ainsi que les 1% du fonds social des entreprises.

Les représentants des travailleurs soutiennent que seule une infime partie des travailleurs est concernée par l’augmentation du SNMG à 15.000 DA. «Tant que l’article 87 bis est maintenu, le SNMG ne sera favorable et n’arrangera que les cadres dirigeants dont les salaires sont indexés sur le SNMG», poursuit la déclaration. Pour conclure, les signataires de la déclaration, tout en dénonçant la mesure de suppression de la retraite sans condition d’âge, annoncent comme première action la tenue d’un sit-in, dimanche prochain, pour l’ensemble des syndicats du secteur, devant le siège de la centrale syndicale à 10H00.

La suppression de la retraite sans limite d’âge n’a pas été sans susciter de vives réactions de la part des syndicats au niveau national. Cette mesure a été à l’origine d’une action de contestation, lundi, des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba. Plus de 600 responsables syndicaux, représentants différentes entreprises publiques et privées, s’étaient rassemblés devant le siège de l’union locale UGTA. A Annaba, plus de 700 départs à la retraite sont annoncés au niveau de l’entreprise Arcelor Mittal. Selon les travailleurs, cette ruée vers la caisse de retraite est motivée par les récentes mesures décidées à l’issue de la tripartite. Le directeur général de l’Assurance sociale au niveau du ministère du Travail, M. Djouad Bourkaib, avait indiqué au lendemain de la tripartite, que la loi instituant le départ à la retraite sans conditions d’âge n’a plus lieu d’être appliquée, à cause des mutations économiques qu’a connues le pays et des nouveaux paramètres qui ont accompagné ces mutations. Le même responsable a souligné que l’ajustement de cette loi lors de la tripartite oeuvre à préserver et à consolider le dispositif national de retraite et l’amélioration du pouvoir d’achat des retraités.

Au total, avait souligné M. Bourkaib, de 1997 à ce jour, ce dispositif a bénéficié à près de 400.000 travailleurs et a coûté au Trésor public plus de 360 milliards DA. Pour sa part, le ministre du Travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, M. Tayeb Louh, a souligné que les travailleurs qui réunissent les conditions de mise en retraite sans condition d’âge avant la promulgation de la loi qui l’annule, pourront bénéficier de cette mesure même après la promulgation du texte.