L’intersyndicale de l’éducation sceptique

APRÈS LE RETRAIT DE LA PLAINTE PAR LA TUTELLE

L’intersyndicale de l’éducation sceptique

L’Expression, 03 Juillet 2007

«Bien que le résultat soit positif pour les syndicats, nous demeurons dans la suspicion», a déclaré Osmane Redouane du CLA.

Inattendue et surprenante. C’est du moins ce que l’on peut dire de la décision prise, dimanche tard dans l’après-midi, par le ministère de l’Education à l’encontre des représentants de l’intersyndicale de l’éducation.
Le représentant de ce département a demandé au juge d’instruction, au tribunal Abane-Ramdane (Alger) de lui accorder la possibilité de retirer sa plainte datant -pourtant- de plus de trois ans. Accusés d’incitation à des grèves illégales, déconsidération de décision de justice, réunions sans autorisation et appartenance, pour certains, à des syndicats non reconnus, les représentants des syndicats- Cnapest, Satef, CLA, Unpef, Sete de Béjaïa ainsi que le Snapest- ont eu enfin gain de cause. Qu’est-ce qui a donc motivé le représentant de l’éducation à prendre une telle décision? Contacté hier par L’Expression, le représentant du conseil des lycées d’Alger (CLA), M.Osmane, s’est montré coopératif. «Une pratique patriarcale du ministère» a-t-il dit. La décision du ministère est «un résultat positif pour l’ensemble des syndicats, mais nous restons dans la suspicion car les différentes pratiques de ce département nous ont servi de leçon», enchaîne M.Osmane. Catégorique, ce représentant syndical ne croit plus au dialogue social et constructif évoqué par le représentant de la partie plaignante.
Selon lui, le département de Benbouzid veut par cette décision, faire oublier le syndrome de 2003, où une série de grèves ont été organisées. Quant au secrétaire général du Cnapest, Ali Lemdani, la décision de retrait de plainte, déjà reportée à maintes reprises, démontre que le ministre Benbouzid a compris que les syndicats autonomes ne sont pas belliqueux. «Un syndicat comme le nôtre, (Cnapest Ndlr), doit être vu en complémentarité avec les pouvoirs publics», explique M.Lemdani, joint par téléphone. Pour étayer ses dires, il précise que le souci des syndicalistes n’est autre que de veiller à l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants. Lesquelles se répercutent immédiatement sur le travail des étudiants. Détaillant sa réponse, M.Lemdani croit dur comme fer que le département plaignant s’est enfin rendu compte que ce genre de problème ne se règle pas en usant d’autoritarisme. L’ex- président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme(Laddh), Ali Yahia Abdenour, a fustigé le département de Tayeb Louh qui, selon ses dires, a tourné le dos à 56 syndicats réunissant toutes les conditions exigées.
Une autre phrase significative a été prononcée par ce défenseur des droits de l’homme, avant que le verdict ne soit prononcé: «Les juges, a-t-il dit, doivent être ceux des libertés et non des interdits.» Etant l’un des avocats de la défense – en compagnie de respectivement Mes Benissad et Benchikh, l’actuel président de la Laddh, M.Zehouane a, durant le débat, souligné que la coalition n’est point un délit, en insistant, par ailleurs, sur le rôle de l’enseignant et l’usage «abusif» de la justice par l’administration.

Fouad IRNATÈNE