Education nationale: Les syndicats dénoncent la «fuite en avant»de Benbouzid

Education nationale: Les syndicats dénoncent la «fuite en avant»de Benbouzid

par Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 9 septembre 2010

Invités à commenter les dernières déclarations du ministre de l’Education nationale, des syndicats autonomes y voient une «fuite en avant» et une «volonté d’occulter les véritables enjeux».

Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) veut se consacrer aux «batailles décisives» qui ont de l’impact sur l’ensemble des travailleurs dont ceux de la fonction publique. C’est ce que nous a déclaré Idir Achour, le porte-parole de ce syndicat autonome de l’éducation nationale, en réponse à notre sollicitation pour réagir au communiqué du ministère de l’Education annonçant l’introduction de nouvelles mesures. «Nous avons jugé qu’il n’était même utile de réagir aux propos du ministre, dont le but ultime est de nous détourner de nos revendications et de nous faire oublier les véritables enjeux qui se préparent. Nous pensons que nos réactions vont êtres visibles sur le terrain», a-t-il déclaré. Pour le CLA, le plus important dossier est la refonte du Code du travail «qui a lieu actuellement et dans le flou le plus complet». C’est à ce dossier que le syndicat pense qu’il va consacrer «l’essentiel» de son énergie, étant donné «l’importance des enjeux». Selon lui, ce qui va se jouer dans la révision de ce Code, c’est «la réforme de la retraite, et le droit de grève et les libertés syndicales». Pour ce dernier point, le CLA craint que l’on se dirige vers des restrictions drastiques de ces libertés et notamment celle du droit de grève. Concernant le dossier des retraites, le syndicat croit savoir que l’on se dirige vers un «relèvement de 32 à 40 du nombre d’années de travail», ainsi que la suppression de la retraite anticipée et la retraite proportionnelle. Le CLA soupçonne également une volonté chez les pouvoirs publics de «calculer la pension de retraite sur les 10 dernières années d’exercice, au lieu des 5 années actuellement en vigueur», et au moment où la revendication des syndicats autonomes est de la calculer «sur les 12 derniers mois, avec un taux de 100% au lieu de 80% de l’actuel Code».

Si le CLA se dit satisfait de l’éventuelle abrogation de l’article 87 bis, au même titre que les autres syndicats autonomes, il «ne compte pas monnayer la suppression de cet article contre l’acceptation des dangereuses réformes qui se préparent en matière de retraite et de libertés syndicales». Conscient de cet enjeu, Idir Achour nous fait part de l’intention du CLA de lancer des contacts avec d’autres syndicats de la fonction publique, mais également ceux de la SNVI, d’El-Hadjar, des ports et autres, pour mobiliser autour de cette question, jugée «cruciale», de la réforme du Code du travail.

Même son de cloche chez le CNAPEST, dont le secrétaire national chargé de l’information et de la communication, M. Boudiba, considère que les déclarations du ministre «ne sont faites que pour éviter d’affronter les véritables problèmes du secteur». «Les vrais problèmes ce ne sont pas les absences, et la mise en place de commissions à ce sujet, dont le traitement est déjà prévu par la réglementation, n’est destinée qu’à nous éloigner de nos préoccupations qui concernent la surcharge des programmes et celle des classes, le manque de moyens pédagogiques et les problèmes socioprofessionnels du corps enseignant», relève M. Boudiba.

Selon lui, «il serait plus utile de créer des commissions pour voir comment a été dépensé l’argent consacré à la modernisation du secteur». «A titre d’exemple, je peux vous dire que l’introduction de l’Internet dans les établissements scolaires est loin d’être une réalité, sans compter l’absence de moyens pédagogiques nécessaires au bon déroulement de l’apprentissage scolaire», ajoute le représentant du CNAPEST. M. Boudiba va même jusqu’à considérer que les «rapports transmis au ministre concernant l’Internet dans les écoles ne sont que théoriques». «Nous voulons que le ministre écoute ce qu’ont à dire les syndicats autonomes sur cette question et sur d’autres problèmes du secteur».

Pour Meziane Meriane, le SG du SNAPEST, «l’absentéisme des enseignants n’a jamais été un problème». Il en veut pour preuve que «les programmes sont achevés dans les délais». De plus, argumente-t-il, les «absences reviennent cher aux enseignants, vu les retenues sur salaires qui en découlent, notamment en matière de prime de rendement, ainsi que les heures de rattrapages qu’ils doivent effectuer». «Par contre, ajoute notre interlocuteur, en matière d’absentéisme, il faudrait plutôt voir du côté de l’administration. Il n’y qu’à voir les énormes retards pris dans les établissements concernant le paiement des allocations familiales et la régularisation des échelons des enseignants».