Les fonctionnaires tirent à boulets rouges sur l’UGTA

Les syndicats menacent de reprendre leur mouvement de grève

Les fonctionnaires tirent à boulets rouges sur l’UGTA

La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique durcit le ton.

El Watan, 7 février 2008

Ses responsables sont montés hier au créneau en menaçant de recourir à une grève illimitée qui touchera les secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la santé, des postes et des APC, soit toute l’administration publique. Les douze syndicats formant la coordination réclament et revendiquent leur reconnaissance en tant que partenaire social et exigent la réhabilitation des fonctionnaires dans leurs droits. Lors d’une conférence de presse animée au siège de l’Unpef, M. Meriane a rappelé que la coordination ne cherche pas à atteindre des objectifs politiques et n’a pas été instituée uniquement pour régler la question des salaires, mais aussi pour contribuer à garantir à l’employé algérien un climat socioprofessionnel adéquat à travers l’augmentation de son pouvoir d’achat. En abordant leur programme d’action, le conférencier a indiqué que le débrayage prévu pour les 24, 25 et 26 février est maintenu, et à travers cette protestation, les syndicats demandent la révision de la nouvelle grille des salaires ou l’identification d’un nouveau système d’indemnisation pour combler le déficit induit par la nouvelle grille de la Fonction publique. Le choix de la date du 24 février n’est pas fortuit, a expliqué le conférencier, il est symbolique et répond à une démarche bien réfléchie. Nul n’ignore que le 24 février est une date mémorable et inoubliable. Jour de la naissance de la lutte syndicale et de l’institution des libertés syndicales en Algérie, d’où donc le choix de cette journée pour entamer une protestation qui va s’installer dans le temps. Les représentants des fonctionnaires, tout en tirant à boulets rouges sur l’UGTA, regrettent que les libertés syndicales n’aient pas évolué d’un iota en Algérie. « Le 19 septembre, nous avons adressé une lettre ouverte au chef du gouvernement lui demandant l’ouverture d’un dialogue avec les syndicats autonomes, mais nous n’avons eu aucun écho. Nous avons envoyé une autre lettre au président de la République l’invitant à intervenir pour le règlement de nos problèmes, en vain », a tonné M. Meriane qui estime que les portes du dialogue n’ont jamais été ouvertes et les pouvoirs publics, contrairement à ce qu’ils avancent, n’ont jamais fait appel aux syndicats autonomes. « C’est le mépris total. » Le conférencier n’a pas nié que les syndicats des différents secteurs ont été approchés par leur ministère de tutelle pour débattre des statuts particuliers. Toutefois, lorsqu’il s’agit des salaires, la tutelle dégage toute responsabilité en les renvoyant au gouvernement. « Du moment que nos ministères respectifs ne sont pas en mesure de gérer la question des salaires, pourquoi le gouvernement et la Fonction publique refusent de nous associer aux négociations ? Nous n’avons pas besoin de tuteur pour défendre nos droits, nous sommes agréés, donc capables de plaider notre cause », fera remarquer M. Meriane en indiquant dans ce sillage que les pouvoirs publics doivent cesser d’ignorer les syndicats autonomes. Acceptant le jeu des questions-réponses, l’orateur interprète l’exclusion des syndicats autonomes des négociations comme étant une fuite en avant et une peur des compétences.

LE SYSTÈME A PEUR DE S’OUVRIR SUR LA SOCIÉTÉ

« Le gouvernement préfère travailler avec un syndicat docile. Il craint les syndicats autonomes parce qu’ils sont une force de proposition. L’Exécutif ne veut pas traiter avec des compétences. Il est complexé devant eux. Il est clair qu’il ne veut pas d’un syndicat revendicatif », a soutenu M. Rahmani du Cnes en avançant que cette pratique est due en particulier à la nature du système qui a peur de s’ouvrir sur la société malgré le multipartisme de « façade ». « Les douze syndicats ne veulent pas de blocage. Ils tirent juste la sonnette d’alarme. Nous ne faisons pas grève par gaieté de cœur, mais nous sommes contraints d’agir de la sorte pour arracher nos revendications. Il est impérativement nécessaire d’opérer une ouverture pour permettre la pérennité du système », a plaidé le responsable du Cnes. Pour sa part, M. Ider de l’Unpef s’est joint à ses collègues pour dénoncer les casseurs de grève. Il n’a pas ménagé l’UGTA en accusant celle-ci d’être responsable en partie des malheurs des fonctionnaires algériens. « Nous voulons contribuer et participer à la négociation pour mieux défendre les travailleurs. Jusqu’à l’heure, l’UGTA n’a jamais su défendre les intérêts des fonctionnaires algériens », a déclaré M. Ider en soutenant que la coordination n’a pas la prétention de changer le pays, mais de démontrer preuve à l’appui que la situation sur le plan social est désastreuse, d’où, explique-t-on, la tentative de déstabiliser la coordination. « Notre coordination a fait du chemin. Elle dérange, mais elle s’imposera et elle ne participera à aucun rapport de forces. Nous ne sommes pas nés pour soutenir le président de la République, mais pour soutenir les fonctionnaires qui réclament depuis 52 ans, date de l’institution des libertés syndicales, un salaire décent et une vie digne de leur statut », a souligné M. Meriane. Sur un autre registre, la coordination compte meubler son temps avant le 24 février par l’organisation de deux conférences nationales, l’une sur les libertés syndicales et l’autre sur la problématique des salaires en Algérie. La première rencontre est prévue pour dimanche prochain et sera animée par des experts, des universitaires et des sociologues. La date de la deuxième manifestation sera annoncée incessamment.

Nabila Amir

 


Le Cnapest mobilisé en dépit des promesses du ministère

Le tête-à-tête, qui a eu lieu lundi 4 février entre le secrétaire général du ministère de l’Education nationale et le bureau national du Cnapest, n’a pas ébranlé la détermination de ce syndicat à rejoindre la grève décidée par l’intersyndicale de la Fonction publique pour les 10, 11 et 12 février.

Cela en dépit des engagements pris par le ministère de l’Education nationale relatifs aux « réserves » qu’a émises ce syndicat par rapport au projet de statut particulier de l’enseignant. Deux points étaient à l’ordre du jour de la rencontre de lundi dernier : le statut particulier de l’enseignant et la grève. Pour le premier point, le Cnapest a déjà rejeté une première mouture de ce projet de statut. « Celle-ci a été corrigée pour donner lieu à un deuxième projet de statut et remis au Cnapest le 27 janvier dernier », a indiqué hier Ali Lemdani, président du syndicat, lors d’une conférence de presse tenue au siège de Snapap à Belfort. Mais le Cnapest regrette que certaines de ses propositions n’aient pas été prises en considération dans cette deuxième mouture. « Nous avons alors envoyé une correspondance au ministère de l’Education en émettant des réserves contre celle-ci (la deuxième mouture) », indiquera M. Lemdani. Et à ce titre, poursuivra-t-il, « des engagements ont été pris par le ministère de l’Education, notamment sur la classification, les fautes, le mouvement exceptionnel, la transparence dans le mouvement, la promotion des enseignants et les affectations ». Sur ce, le Cnapest prend acte de ces amendements, précisera M. Lemdani, et compte les suivre minutieusement et attentivement durant leur cheminement jusqu’à leur finalisation et l’élaboration du statut final. « Les enseignants resteront mobilisés jusqu’à leur aboutissement », a-t-il ajouté. M. Lemdani exhorte la tutelle à défendre au gouvernement les revendications émises dans la deuxième mouture de statut de l’enseignant. Mais pourquoi alors une adhésion du Cnapest à la grève décidée par l’intersyndicale ? Pour ce syndicat, il reste un autre contentieux à régler avec les pouvoirs publics. Il regrette de ne pas avoir été associé dans l’élaboration du régime indemnitaire ni dans la confection des nouvelles grilles de salaire. « Nous sommes lésés », dira M. Lemdani qui suggère d’ouvrir de véritables et responsables négociations afin d’éviter l’escalade de la contestation des fonctionnaires. Pour lui, les pouvoirs publics s’obstinent toujours à ne pas négocier avec les véritables syndicalistes. Et ce comportement des pouvoirs publics « c’est l’expression de la non-reconnaissance des partenaires sociaux représentatifs et de la société civile », regrette-t-il. M. Lemdani estimera, par ailleurs, que « la future augmentation salariale ne permettrait pas un rattrapage du pouvoir d’achat. Cette augmentation a été rattrapée par l’inflation galopante ». Et pour ce qui est de la prochaine grève, M. Lemdani s’engage à assumer ses responsabilités à rattraper les retards durant les vacances de printemps. Il considère que « cet élément de service minimum n’est pas un obstacle à nos revendications légitimes ». « Nous sommes prêts à répondre au souci de la tutelle pour peu que celle-ci prenne en considération nos réserves par rapport au statut et être associé dans le régime indemnitaire. Ceci en rappelant que nous sommes une partie de l’intersyndicale », a-t-il tranché. La grève à laquelle a appelé l’intersyndicale à partir du 10 février sera suivie d’un rassemblement des cadres syndicaux devant le Palais du gouvernement.

Rabah Beldjenna

 


Les paramédicaux de Constantine refusent le nouveau statut

Le mouvement de protestation s’élargit à l’est du pays

En effet, les syndicalistes du Snapap de la wilaya de Constantine ainsi que les membres de la commission en charge de l’élaboration du statut particulier des paramédicaux à l’Est viennent de prendre position et déclarent à l’unanimité rejoindre le mouvement de grève de l’intersyndicale nationale, décidé pour les journées du 24, 25 et 26 du mois en cours. Lors d’une conférence de presse organisée hier au siège du syndicat, le président de l’union de wilaya, M. H. Saber, a annoncé que ses troupes sont convaincues de leur position, d’autant, dira-t-il : « après lecture de la mouture finale du statut particulier des paramédicaux, qui nous a été adressée il y a deux semaines, nous considérons qu’elle ne répond en aucune manière à nos exigences, même si elle consigne 70% de nos propositions. » Bien plus, les représentants du bureau de wilaya du Snapap considèrent que la mouture ainsi finalisée dévalorise la fonction du personnel paramédical : « Pour nous, elle est nulle et non avenue. » Ils remettent en cause le texte qui, disent-ils, « fait dans la ségrégation et porte dans son contenu des incohérences graves qui marginalisent une bonne partie du personnel paramédical ». L’appel lancé par le Snapap plaide pour un salaire honorable et qui préserve la dignité des travailleurs. A l’occasion de cette rencontre, les membres du syndicat ont lancé un appel à tous les paramédicaux, les appelant à répondre positivement au mot d’ordre de grève émanant de la coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique et à prendre part massivement à ce mouvement de protestation prévu les 24, 25 et 26 février.

Djamel Belkadi