Les boulangers haussent le ton

LES BOULANGERS HAUSSENT LE TON

Le recours à une grève nationale retenu

L’Expression, 18 Septembre 2007

Les stocks en matière de farine sont aujourd’hui totalement épuisés, selon le président du comité national des boulangers.

Les boulangers haussent le ton. Ils n’excluent pas le recours à une grève nationale après le mois sacré de Ramadhan. «La grève sera inévitable si la tension et la spéculation sur la farine persistent», a martelé M.Hantour, président du comité national des boulangers affilié à l’Ugcaa contacté, hier, par L’Expression. M.Hantour a relevé les difficultés auxquelles sont confrontées actuellement les fabricants de pain.
«Il y a un manque de farine panifiable», affirme-t-il. Il révèle aussi que l’approvisionnement des minoteries en blé tendre se fait à hauteur de 50% seulement. Plus explicite encore, notre interlocuteur souligne que «les minotiers ne respectent pas la réglementation en matière d’approvisionnement des boulangers en farine». Il explique que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) approvisionne les minoteries par quota et non pas selon la demande. La majorité des minotiers ont augmenté le prix de vente de cette céréale, dit-il. En effet, l’Oaic cède la matière première à un prix subventionné de 1285DA le quintal. Or, aujourd’hui, les minotiers vendent le quintal de farine entre 2100 et 2300DA, voire à 2400DA pour la farine premier choix alors que le prix habituellement appliqué est fixé à 2000DA, souligne M.Hantour. «L’approvisionnement par quota était décidé depuis 2004.
A l’époque, les importateurs privés couvraient le déficit en la matière. Cependant, ces derniers se sont retirés du marché et, aujourd’hui, aucun d’entre eux n’y exerce et c’est l’absence de concurrence justement qui accentue la spéculation», selon notre interlocuteur. Le représentant des boulangers soulève également un autre problème, celui relatif à l’épuisement «total» des stocks.
Selon lui, les fabricants de pain dans la quasi-majorité des régions du pays, ne disposent pas, aujourd’hui, de stocks suffisants. A titre d’exemple, les boulangers de la wilaya de Aïn Defla ont déclaré ne pas disposer d’un stock de 2 jours. Les 19 boulangers de la daïra de Djelida n’ont pu obtenir que 200 quintaux, soit une quantité épuisable en une journée. Pour le chef de dépôt du principal fournisseur de ces commerçants, le groupe Eriad, «les Moulins de Ksar El Boukhari, wilaya de Médéa, tournent au plus bas de leur capacité», et ce en raison de la non-disponibilité de grains que fournit l’Oaic, explique-t-on. Face à cette situation, le comité formule plusieurs propositions pour apaiser cette tension. Il propose l’affectation d’une subvention par l’Etat directement aux boulangers comme c’est le cas pour les producteurs de lait. «Nous demandons à ce que nous soyons directement touchés par la subvention». Certes, les prix de la farine sont très chers, mais il n’en demeure pas moins que le gouvernement peut intervenir sur les autres produits entrant dans la fabrication du pain et qui ont connu de fortes augmentations à l’instar des autres charges, estime-t-il.
Le comité des boulangers cite dans ce contexte, la constante hausse des prix de l’huile, du gasoil, de l’électricité…Cela fait, ajoute-t-il, que la marge bénéficiaire devient insuffisante. «Nous allons débattre de ces problèmes avec le ministère du Commerce. Cependant, s’ils ne sont pas pris en charge nous n’écartons pas le recours au débrayage après le Ramadhan», avertit encore M.Hantour.
Il faut souligner que la tension sur la farine persiste. L’envolée des prix du blé tendre sur le marché mondial est la conséquence directe des conditions météorologiques. Ces dernières ont mis à mal la production céréalière dans plusieurs pays grands producteurs comme le Canada, les Etats-Unis et l’Australie. Et naturellement, cette situation a eu des retombées directes sur l’Algérie.

Naïma HAMIDACHE et Sadek NEDJAH