Sahara occidental: L’Union européenne s’en remet aux Nations unies

SAHARA-OCCIDENTAL

L’Union européenne s’en remet aux Nations unies

Le Quotidien d’Oran, 22 juin 2005

L’ambassade de la Grande-Bretagne ainsi que la Commission européenne accréditées à Alger ont affirmé, hier, que la résolution du conflit sahraoui doit être faite dans le cadre de l’ONU et conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.

« Que je sache, nous dans l’Union européenne, nous soutenons la même solution que celle préconisée par les Nations unies, nous faisons confiance aux résolutions prises dans le Conseil de sécurité et notre position ne diffère pas», nous a déclaré hier l’ambassadeur et représentant de la Commission européenne à Alger, Lucio Guerrato, que nous avons joint par téléphone. L’ambassadeur ne cache pas que l’Union européenne n’appuie aucune partie mais reconnaît que le conflit sahraoui doit être résolu selon la légalité internationale. A propos de la crise entre Alger et Rabat, Guerrato affirme qu’il n’a pas de commentaire à faire «parce que je ne connais pas les véritables raisons de cette crise». Il fait remarquer cependant que «l’Algérie appuie une certaine méthode de la résolution du conflit et sa position est claire». D’ailleurs, dit-il «les déclarations du président algérien sont claires lorsqu’il dit que l’Algérie n’a pas de différend avec le Maroc». L’ambassadeur et représentant de la Commission européenne à Alger avoue que «cela fait 9 ans que je suis dans la région, je vois qu’aux crises entre les deux pays suivent des embellies puis après, il y a de nouvelles crises qui éclatent et ainsi de suite, c’est certainement à cause d’éléments d’ordre humain, psychologique, politique et économique». La crise entre Alger et Rabat est pour lui «une question délicate mais si elle existe c’est qu’il doit y avoir des problèmes». Il affirme au passage que les protagonistes du conflit sont les Sahraouis et le Maroc. »Et chaque partie a le droit d’évoquer ses appuis externes», dit-il. Les manifestations des ressortissants marocains à l’étranger devant les ambassades algériennes sont-elles un moyen pour le faire ? lui demandons-nous. «Je ne sais pas bien à quoi ça sert ? Et si ça sert à régler un problème, vous me verrez faire une manifestation devant mon ministère ou mon administration à Bruxelles !» dit-il. Guerrato note qu’aucun pays membre de l’Union européenne ne reconnaît la république sahraouie, «parce je crois – et c’est ma supposition personnelle – à l’origine il n’y a aucun intérêt à le faire. Et quand un conflit est ouvert, on ne soutient pas une partie sans avoir épuisé les instruments diplomatiques existants». Guerrato estime «qu’on ne traîne pas un conflit aussi longtemps sans raison valable, c’est probablement parce qu’il doit y avoir quelque chose qui ne va pas dans le système onusien». Il ne cache pas que le peuple sahraoui bénéficie de «beaucoup de sympathie au sein de larges parties des opinions publiques européennes». Le représentant de la Commission européenne à Alger indiquera à propos de l’Union européenne: «en fait, l’Union européenne n’existe pas encore, elle aurait existé si on avait voté la Constitution. L’Union européenne n’est rien d’autre qu’un ensemble de politiques, et pour qu’elle devienne une véritable union, il faut qu’on arrive à adopter la constitution européenne à l’unanimité !»

Le chargé d’affaires de l’ambassade de la Grande-Bretagne à Alger, Nick Lowe, que nous avons aussi contacté hier, a indiqué au sujet de la crise entre Alger et Rabat, simplement que «nous suivons le déroulement des événements avec beaucoup d’attention». Et au sujet du conflit sahraoui, il souligne : «notre position est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et à l’ONU, la communauté doit trouver une solution juste et durable». Le diplomate anglais ne manquera pas de répéter: «notre position est claire, le problème sahraoui doit être résolu exactement selon les résolutions du Conseil de sécurité, surtout que nous en sommes un membre dominant et que les résolutions prises à ce sujet sont notre travail et évidemment celui des autres membres». Le chargé d’affaires britannique à Alger, lui aussi, a fait remarquer qu’aucun membre de l’Union européenne ne reconnaît la République sahraouie. «Mais tous reconnaissent que l’occupation des territoires sahraouis par le Maroc doit trouver sa solution dans le cadre des Nations unies», a-t-il affirmé. Notons que la Grande-Bretagne prendra en juillet prochain la présidence de l’Union européenne.

Pour rappel, lors de son entrevue lundi à Paris avec le Premier ministre marocain, Driss Jettou, le président français, Jacques Chirac, a souligné que le conflit du Sahara- Occidental doit être réglé dans le cadre de l’ONU. Si le Premier ministre marocain s’était abstenu à sa sortie de l’Elysée de faire des déclarations, le chef de l’Etat français a, pour sa part et selon le porte-parole du palais présidentiel, «confirmé que la France est attachée au règlement de cette question dans le cadre des Nations unies».

Ghania Oukazi