La RASD invite Paris à «tourner la page»

SE FELICITANT DES RESOLUTIONS «HISTORIQUES» DU DERNIER SOMMET DE L’UA

La RASD invite Paris à «tourner la page»

Le Soir d’Algérie, 6 février 2018

Le gouvernement de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) invite la France à «revoir sa copie» et à «tourner la page» concernant sa position «incompréhensible» à l’égard de la cause sahraouie.
Mohamed Kebci-Alger (Le Soir) – Le ministre sahraoui des Affaires étrangères qui faisait, hier lundi dans une conférence de presse, lecture des résolutions du
30e sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu du 22 au 29 janvier 2018 à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, s’est interrogé sur les «véritables desseins» que court Paris dans son soutien au Maroc dans le dossier sahraoui. Des desseins «contraires aux principes de liberté et des droits de l’Homme consacrés dans la Constitution française», a estimé Mohamed-Salem Ould Salek qui s’est interrogé sur le fait que Paris a «envoyé ses avions et ses forces militaires au Mali pour rétablir ce pays dans son intégrité territoriale et se range aux côtés de Rabat dans son entreprise coloniale et expansionniste au Sahara Occidental». Un royaume chérifien qui «piétine l’intégrité territoriale du Sahara Occidental dont les frontières ont été établies par l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne, et la France», a-t-il fait remarquer. Pour le chef de la diplomatie sahraouie, les intérêts stratégiques de la France sont dans la «stabilité» de la région nord-africaine qui passe par le «règlement du conflit entre la RASD et le Maroc conformément aux résolutions de l’ONU et celles de l’UA». Car, a-t-il estimé, «plus le temps passe et plus la crise perdure, plus ce sera plus préjudiciable pour les intérêts français dans la région».

«Décisions historiques de l’Union africaine

Revenant au dernier sommet de l’UA, Mohamed-Salem Ould Salek a considéré qu’il a été «le plus loin» dans ses décisions concernant la cause sahraouie depuis la création de l’Organisation de l’unité africaine en 1963 et la mise sur pied de l’Union africaine en 2000. Pour lui, l’appel lancé en direction de la RASD et du Maroc en tant qu’Etats de l’union, «sans conditions préalables, pour des pourparlers directs et sérieux en vue de parvenir à une solution durable et conforme à l’esprit et à la lettre des décisions de l’OUA/UA et des résolutions pertinentes des Nations-Unies», est une «décision historique à même de faire «avorter la stratégie de l’administration coloniale». Surtout que ladite résolution adoptée à l’unanimité des membres de l’UA trace le «cadre» sur la base duquel l’Union africaine mènera son travail de concert avec l’instance onusienne pour la résolution du conflit entre le Sahara Occidental et le Maroc. Dans ce cadre, et en sus de cet appel, le dernier sommet d’Addis-Abeba se dit disposé à relancer «au besoin, le comité des chefs d’Etat et de gouvernement sur le Sahara Occidental» et appelle les deux parties à «coopérer pleinement avec le haut représentant de l’UA pour la Sahara Occidental et l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies. Il demande au Maroc en tant qu’Etat membre de «permettre à la mission d’observation de l’ONU de retourner à Laâyoune, au Sahara Occidental et de permettre également un suivi indépendant des droits de l’Homme dans le territoire». La conférence a également réitéré son appel au Forum de Crans Montana, une organisation siégeant en Suisse, à cesser d’organiser ses réunions à Dakhla, au Sahara Occidental. Dans ce sillage, elle exhorte les Etats membres, les organisations de la société civile et autres acteurs concernés à boycotter la prochaine réunion prévue du 15 au 20 mars 2018.

Demande d’une intervention armée de l’UA si le Makhzen refuse le dialogue

Et si le Makhzen tournait le dos à ces résolutions et s’entête à ne se fier qu’à sa propre feuille de route ? Dans ce cas, le chef de la diplomatie sahraouie a été on ne peut plus clair, affirmant solliciter de l’UA une «intervention militaire pour libérer un pays agressé, et ce, en conformité avec une des dispositions de la charte portant création de l’Union africaine». Ceci non sans inviter chacun des pays membres d’organisation continentale à tirer ses «propres conclusions».
M. K.