Sonelgaz sème la colère chez les citoyens

Les délestages continuent à travers le pays

Sonelgaz sème la colère chez les citoyens

El Watan, 11 septembre 2008

Alors que les services de Sonelgaz ont assuré au début de la semaine que la situation allait se normaliser « à partir de mardi », voici que les coupures d’électricité ont continué dans les régions centre et est du pays durant la journée d’hier. Mardi, des quartiers entiers de la capitale étaient plongés dans le noir juste avant la rupture du jeûne. Les coupures ont persisté durant plusieurs heures. Hier encore, le centre d’Alger n’avait pas d’électricité. Cette situation a suscité la colère de la population.

Après avoir avancé l’argument des conditions climatiques et de la chute de pylônes pour expliquer les pannes, la compagnie nationale de production, de commercialisation et distribution de l’électricité (Sonelgaz) a évoqué hier un incident qui a touché une des deux centrales é lectriques de Skikda.Un autre facteur aggravant puisque Sonelgaz explique les récentes coupures de courant par la panne qui a affecté justement la centrale de Skikda. Une panne, dit-on, sur le point d’être réglée.

« La centrale vient d’être remise sur le réseau. Cette panne explique, en soi, les dernières coupures de courant de mardi soir dans le nord du pays », explique Mlle Manel Aït Mekidèche, assistante du PDG chargée des médias à Sonelgaz. Mais jusque-là, la direction de Sonelgaz refuse encore de parler de délestages. Cependant, des cadres de cette compagnie ont indiqué sous couvert de l’anonymat et même à visage découvert qu’il s’agit vraiment de délestages. Si Sonelgaz a recouru à ce genre de procédé cela veut tout simplement dire qu’elle ne produit pas suffisamment d’électricité.

Interrogée sur les perturbations qu’a connues, par exemple, le réseau de distribution d’électricité dans certains quartiers de la capitale, notre interlocutrice argue que cela n’est pas dû à un quelconque problème du réseau de distribution de Sonelgaz. Pour elle, il s’agit plutôt d’un « problème qui touche le réseau local et qu’il suffit de saisir un é lectricien pour prendre en charge d’éventuelles pannes ». Affirmant que les travaux de réparation des pylônes endommagés suite aux mauvaises conditions climatiques ont pris fin mardi matin, Sonelgaz rassure les Algériens touchés par ces coupures intempestives que tout est rentré progressivement dans l’ordre mardi soir.

Le groupe recommande aux citoyens de faire dans la prévoyance en « adoptant des gestes simples et citoyens » pour réduire la consommation en électricité. Par ailleurs, un ancien responsable de Sonelgaz qui a requis l’anonymat met les pieds dans le plat et affirme que les explications des responsables de Sonelgaz « ne tiennent pas la route ». Selon lui, il y a tout bonnement un manque de production en électricité. La raison pour laquelle, poursuit-il, le groupe Sonelgaz recourt au délestage. Il a rappelé que certains groupes dans les centrales é lectriques de Annaba et de Skikda sont à l’arrêt. Il faut dire que ces perturbations sur le réseau d’alimentation en électricité sont mal tombées.

Très mal tombées ! De nombreuses wilayas du pays ont vécu un mardi-brasero. Le thermomètre a été pris de folie tandis que le sirocco a fait une véritable démonstration de force. Les températures ont allégrement flirté avec des pics inégalés. 44° à Hassi Messaoud, 42° à Tizou Ouzou et 40° à Alger. Ces délestages à tout bout de champ n’ont fait qu’empirer, en cette journée caniculaire, le calvaire de beaucoup d’Algériens, notamment des vieux et des enfants. Par ailleurs, durant toute la semaine, de nombreux citoyens sont sortis dans la rue, dans certaines localités, pour crier leur colère contre ces coupures récurrentes et prolongées du courant électrique. A cause de cela, des é meutes se sont produites un peu partout à travers le nord du pays.

Au banc des accusés : Sonelgaz. Cette dernière semble être victime d’une politique de désinvestissement prônée par le gouvernement dans un secteur aussi sensible. Malgré l’ouverture totale du secteur de l’électricité à la concurrence et à l’investissement privé en 2002, les investisseurs étrangers sont à peine une poignée. La panacée se trouve, selon les responsables de Sonelgaz, dans la révision à la hausse des prix de l’électricité pour permettre le financement des grands investissements nécessaires dans la production électrique. M. Bouterfa n’a pas cessé de soutenir que la hausse des prix ne se fera pas avant 2012. Mais après ce qui vient de se passer, peut-on encore continuer à croire Sonelgaz sur parole ?

Routes coupées à Jijel

Des dizaines d’habitants de Harraten, localité située à 5 km de la ville de Jijel, commune dont elle relève, ont coupé, juste après le f’tour de ce mardi, la RN77 qui relie Jijel à Texenna au niveau du siège de l’annexe de l’APC.

Les protestataires du lieudit 5e Kilomètre, majoritairement des adolescents et des enfants, ont allumé des pneus et des branchages sur la chaussée forçant ainsi beaucoup d’automobilistes à rebrousser chemin ou à poursuivre leur route via de longs détours. Cette action vise à dénoncer les délestages d’électricité que subit cette localité depuis quelques jours juste au moment de la rupture du jeûne. La réouverture de la route n’a été effectuée que vers minuit.

Il convient de signaler que plusieurs quartiers de certaines communes de la wilaya connaissent des perturbations dans l’alimentation en énergie é lectrique, notamment celles de Jijel, Taher, Texenna, El Aouana, Ziama Mansouriah et Djimla. Mais le délestage de ce mardi va au-delà des coupures habituelles, puisque la plupart des 28 communes de la wilaya ont été touchées à raison d’une demi-heure pour les plus chanceux et plusieurs heures pour les autres. Il convient aussi de signaler que la journée aura été sûrement la journée la plus chaude de cet été 2008.

Outre la canicule, une douzaine de foyers d’incendie ont été enregistrés au niveau des communes de Jijel, El Milia, Texenna, Ziama Mansouriah, El Ancer et Selma. Hier, en milieu de journée, nous avons appris qu’il ne restait que trois feux à circonscrire. Le directeur régional de Sonelgaz que nous avons rencontré dans son bureau demandera de prime abord à ses clients d’être compréhensifs, tout en leur assurant qu’il ne ménagera aucun effort pour rétablir l’alimentation en énergie électrique grâce à la mobilisation de tous les agents de la société. Il précisera que la perturbation dans l’alimentation touche le nord du pays suite à une pointe causée par l’utilisation excessive de climatiseurs, juste au moment du f’tour.

Outre la canicule, deux incidents ont influé sur la situation. En effet, ajoutera le responsable de Sonelgaz, le problème lié à la chute de pylônes de la centrale de Cap Djinet, suite aux rafales de vents violents qui ont soufflé sur cette région, a été aggravé par l’incident qui s’est produit à la centrale de Skikda. Sans ces deux incidents, la situation aurait été vécue normalement, assure le directeur régional. A Jijel, la situation a été aussi aggravée par l’apparition d’une douzaine de foyers d’incendie qui ont causé des incidents sur les lignes de transport d’électricité, principalement celles qui vont d’El Aouana à Ziama Mansouriah et de Texenna vers Erraguene. Avec une telle situation, le délestage était devenu inévitable.

Par Fodil S.


Survoltage… de mensonges

Il est scandaleux de constater que des responsables d’institutions et autres structures publiques continuent à se payer allégrement la tête du citoyen crédule qui n’en finit pas de manger son pain noir. Et dans le noir cette fois !

Ces messieurs de Sonelgaz qui auront brillé ces derniers jours par une gestion ténébreuse des délestages d’électricité au niveau national nous donnent une petite idée de la manière dont sont gérées nos affaires. « Mardi tout rentrera dans l’ordre », a souligné un communiqué famélique de la compagnie nationale d’électricité. Nous sommes jeudi et les coupures de courant sont signalées systématiquement dans les quatre coins du pays ! Non le courant ne passe plus, pas plus que la pilule des pylônes endommagés, des centrales en panne ou encore des conditions climatiques… A la place d’un discours rassurant, mais surtout honnête sur les tenants et les aboutissants de ces nuits « noires » infligées au peuple en plein mois sacré du Ramadhan, les responsables de Sonelgaz font preuve d’un survoltage de mensonges.

Ce défaut de vérité et de transparence a légitimement servi d’étincelle à des manifestations de rue qui ont frisé le corps à corps entre de jeunes émeutiers et les éléments des forces de l’ordre. Et ce n’est pas terminé, puisque ceux qui ont le droit de nous illuminer la nuit ou de nous plonger dans le noir observent un black-out total. Il ne faut surtout pas reconnaître publiquement que Sonelgaz est en train de « rationner » l’électricité au risque d’admettre son recours évident aux détestables délestages. Mais en attendant d’épuiser tout le stock de mensonges électriques, il est à craindre qu’un court-circuit ne vienne amplifier la colère populaire qui gronde déjà dans nos villes et villages.

Un service public déliquescent

A Bordj El Kiffan, dans la banlieue algéroise, des jeunes furieux offrent quasi quotidiennement un spectacle d’émeutes depuis une semaine, juste après la rupture du jeûne. Ils viennent sur la route nationale exprimer leur colère d’avoir mangé une fois de plus dans le noir… Ce genre de scènes, témoin d’une déliquescence du service public qui se répète un peu partout dans l’Algérie profonde, semble amuser plus qu’inquiéter nos responsables. Sans doute que le Pdg de Sonelgaz ne souffre pas de ces assassines coupures de courant et son climatiseur avale des kilowatts sans compter, tout comme son ministre Chakib Khelil pour qui le développement de l’électricité ne semble pas faire partie de son plan énergétique.

Ces délestages non assumés prouvent en tout cas que l’investissement dans ce domaine relèvent presque de l’anecdotique. Dans un pays qui se targue d’exporter l’électricité vers ses voisins, il est pour le moins bizarre de constater des coupures aussi répétitives. Est-il logique en effet d’illuminer sans faille les nuits de ses voisins quand on ne peut garantir une semaine sans rupture du courant chez soi ? A moins que ces « exportations » ne servent de simple alibi pour cacher la « haute tension » chez nous. Aïssa Abdelkrim Benghanem, l’ex-PDG de Sonelgaz, mettait en garde en 2004 les autorités contre les risques de voir les délestages érigés en normes de gestion de l’électricité si l’Etat refusait de consentir des investissements dans le domaine des centrales.

Ce jour-là, Benghanem avait peut-être mis le doigt sur l’interrupteur. Comme un fusible, il a été « grillé » pour sauver ceux qui nous privent aujourd’hui de la lumière.

Par Hassan Moali
Par Hocine Lamriben


Coupures d’eau récurrentes dans le Grand Alger

« L’alimentation en énergie électrique des installations de production d’eau et stations de pompage a été considérablement perturbée durant la journée de mardi et jusqu’à hier matin entre 1h30 et 3h », relève la Seaal dans un communiqué rendu public hier.

Il en a résulté des coupures d’eau et des baisses de pression partout dans le Grand Alger. Cependant, avec le retour de l’énergie électrique, assure-t-on, la situation se rétablit progressivement. Néanmoins, plusieurs communes de l’Ouest algérois, telles que Zéralda, Staouéli, Chéraga, Aïn Benian, Hammamet, Raïs Hamidou, Bologhine, Bouzaréah, Beni Messous, Dely Brahim et Ouled Fayet subiront des perturbations dans la distribution d’eau jusqu’à ce que les réservoirs et châteaux d’eau soient de nouveau remplis. Pour la Seaal, sauf nouvelle perturbation é lectrique, l’alimentation en eau devrait être rétablie aujourd’hui.

Par R. N.