“Ils ne s’agit pas de manifestations auxquelles nous sommes habitués”

Daho Ould KABLIA dans un entretien à l’APS

“Ils ne s’agit pas de manifestations auxquelles nous sommes habitués”

Par : Omar Ouali, Liberté, 10 janvier 2011

Le ministre de l’Intérieur est revenu hier dans un entretien à l’APS sur les quatre jours d’émeutes qui ont frappé le pays. “À l’heure actuelle, la situation est contenue et les services de sécurité font tout avec intelligence et fermeté pour éviter les dérapages et les chocs violents avec les émeutiers, comme illustré par les chiffres que je donnerai par la suite”, dira le ministre, qui donne un nouveau bilan en confirmant les trois morts à M’sila, Boumerdès et Tipasa et 736 blessés dans le rangs des services de sécurité et 53 parmi les manifestants. “En ce qui concerne donc le nombre des blessés et des décès, toute autre information colportée par des organes de presse qu’ils soient étrangers ou algériens est fausse et alarmiste et à laquelle il convient de ne donner aucun crédit”, rectifie Daho Ould Kablia, qui, insistera pour dire que “les services de sécurité ont été instruits de faire face à la menace en évitant tout dépassement si bien qu’ils ont payé et continuent de payer le prix fort en blessés. Malgré le caractère criminel des actes commis par ces jeunes, malgré la situation dangereuse vécue, les services de sécurité garants de la protection des personnes et des biens, assument leur responsabilité d’une manière stoïque”. En parlant de l’origine des émeutes, le ministre de l’Intérieur commence par expliquer qu’“on ne peut nier, à l’évidence, qu’on avait connaissance depuis peu de temps que le renchérissement des prix, souvent inexpliqué et artificiel, avait produit un impact négatif et suscité, par conséquent, une inquiétude au sein de toutes les couches pas seulement celles défavorisées constituant notre société”.
Cependant, renchérit-il, plus loin “ce qui s’est produit jeudi écoulé est de l’avis général sans relation avec ces aspects socioéconomiques et je dirai, sans commune mesure, avec une démarche calme et réfléchie, seule voie pour exposer les problèmes”. S’agissant du malaise des jeunes, pointé comme la cause des émeutes, le ministre de l’Intérieur note en condamnant que “la frange de jeunes dont nous connaissons, par ailleurs, la situation difficile, s’est mise en position de fracture totale par rapport au reste de la société. Leurs agissements criminels faits de violence, de destructions et de vols n’ont épargné ni les biens publics ni privés. Ils s’en ont pris aux intérêts de citoyens de condition modeste dont les magasins ont été pillés et les voitures incendiées. Ces jeunes n’ont obéi qu’à des instincts revanchards car ne mesurant pas toutes les conséquences de leurs actes”. Comme pour les mettre en contradiction, le ministre de l’Intérieur met en exergue “les mesures sans précédent, prises par le gouvernement sous l’égide de Monsieur le président de la République depuis une décennie pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens en matière d’emploi, de revenus, de logements et d’enseignement. D’autres mesures s’y ajouteront dans les prochains mois et les prochaines années qui verront la réduction du chômage, la réalisation de millions de logements et l’amélioration du cadre de vie”, promet-il, assurant que “les problèmes urgents seront solutionnés en priorité dans le cadre de la concertation la plus large y compris avec tous les jeunes qui sont, j’insiste sur le terme, nos enfants”.