Sidi Aïssa : Des émeutes font quatre morts et une soixantaine de blessés

Sidi Aïssa : Des émeutes font quatre morts et une soixantaine de blessés

par Merzougi Mohamed, Le Quotidien d’Oran, 9 août 2008

La ville de Sidi Aïssa, dans la wilaya de M’sila, a vécu mardi dernier un après-midi d’horreur et de consternation, après de violentes émeutes, au cours desquelles, il a été fait usage d’armes à feu, causant la mort de quatre personnes et des blessures à une soixantaine d’autres, dont huit femmes.

En effet, après l’enterrement d’un homme, quinquagénaire, victime d’un accident de la route, il y a deux semaines, accident ayant impliqué le gérant de l’hôtel «En-naga» de Sidi Aïssa, la victime gravement blessée avait été évacuée sur Alger avant de succomber à ses blessures, mardi dernier.

Au cours de cette même journée et après l’annonce du décès, une foule nombreuse composée d’une centaine de jeunes très irrités ont décidé d’organiser une marche de protestation du cimetière, en direction du complexe touristique d’En-naga, situé en plein centre de la ville.

La tension est montée, à l’occasion de ce rassemblement devant le complexe lorsque des dizaines de jeunes l’ont pris d’assaut. Et c’est à ce moment que le gérant et les éléments de la sécurité interne de l’établissement ont usé d’armes à feu. Deux personnes ont trouvé la mort sur le coup et une troisième a rendu l’âme lors de son évacuation vers Alger.

Les manifestants ont brûlé 20 véhicules légers, deux camions et plusieurs bâtiments du complexe, après avoir agressé des clients du complexe qui ont été délestés de leurs biens.

Le gérant du complexe, le nommé Belguenaoui Laribi, âgé de 62 ans, a été traîné par des jeunes vers la RN 8, pour être tué, lapidé.

Les personnes blessées ont été évacuées vers les hôpitaux d’Alger de Bou-Saâda, de Bouira et M’Sila.

Lors de ces événements, les éléments de la Sûreté ont bouclé le quartier où se situe le complexe en question pour éviter le pire et arrêté une quinzaine de personnes.


Drame à M’sila

Une fusillade dans un hôtel fait 4 morts

Par : CHABANE BOUARISSA, Liberté, 9 août 2008

4 morts dont 3 manifestants, ainsi que le propriétaire de l’hôtel sont à déplorer. 63 personnes dont 8 femmes ont été blessées. 15 personnes ont été arrêtées dont les 2 qui ont tiré sur la foule. Leurs armes ont été confisquées.

La paisible ville de Sidi Aïssa (M’sila) est plongée, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans une violence jamais vécue par le passé. Tout a commencé en fin de journée de mercredi dernier, au retour du cimetière où les habitants de la ville ont inhumé Saâd, 50 ans, qui a succombé à ses blessures après une hospitalisation qui a duré 15 jours. Ce dernier a été heurté par la voiture du fils du propriétaire de l’hôtel, quand le défunt a eu une violente altercation avec celui-ci lors d’une soirée arrosée, il y a 15 jours. Le lendemain, après l’enterrement de Saâd, les proches et les habitants de la ville ont pris la direction de l’hôtel pour exprimer leur colère et demander la fermeture de Djebel Naga.
Immédiatement après, la manifestation a pris une tournure dramatique. Tôt jeudi matin, nous nous sommes rendus sur les lieux. Visiblement, le calme est revenu dans la ville de Sidi Aïssa, située à 60 km du chef-lieu de la wilaya de M’sila, après les violentes échauffourées de la soirée de mercredi. Des pneus, des voitures calcinées et autres objets hétéroclites jonchent encore le sol.
Les ouvriers des services de la voirie de l’APC, avec leurs tracteurs et camions, s’affairent à nettoyer les lieux. Des curieux et autres habitants de Sidi Aïssa qui suivent l’opération de nettoyage nous prennent à témoin, après avoir décliné notre identité, en nous relatant les faits de la soirée. “La genèse de l’affaire remonte à une quinzaine de jours, lorsque le fils du propriétaire de l’hôtel Djebel En-Naga a heurté avec son véhicule un citoyen de la localité, le blessant grièvement. ?vacué vers Alger, la victime a rendu l’âme mardi. Après son enterrement au cimetière du village, des centaines de citoyens en colère se sont dirigés vers l’hôtel. Après quoi, le propriétaire de l’hôtel et des agents de sécurité videurs ont ouvert le feu sur les manifestants qui voulaient défoncer le portail de l’établissement”, raconte Kamel, un enfant de la ville. Et de poursuivre : “C’est l’usage d’armes à feu par les occupants de l’hôtel qui est à l’origine de la mort de 4 personnes et de la blessure de 60 autres.” Relayant Kamel, un quinquagénaire ajoute : “En réaction aux tirs, les manifestants défoncent l’entrée de l’hôtel. Une fois à l’intérieur, c’est la panique générale. Le personnel, les clients et les gérants tentent de résister à la foule, mais le nombre et la colère des citoyens étaient plus forts que les portails blindés et les fusils à pompe. Les manifestants s’en sont pris à tout, rien n’a été épargné. Avant de mettre le feu à l’hôtel, les manifestants ont tout cassé ou pillé. Pendant ce temps, des manifestants déchaînés ont réussi à mettre la main sur le propriétaire, B. L., âgé de 62 ans. Tabassé par la foule, il s’échappe vers l’extérieur où des centaines d’autres citoyens l’attendaient. La foule l’allonge sur la chaussée et le lynche à coups de pierres. Vers 22 heures, le propriétaire de l’hôtel succombe sous les coups de pierres.” On déplore 4 morts dont 3 manifestants, ainsi que le propriétaire de l’hôtel.
Pour les blessés, en on a enregistré 63, dont 8 femmes. 15 personnes ont été arrêtées dont les deux qui ont tiré sur la foule et leurs armes ont été confisquées. Des enquêtes ont été ouvertes par le parquet afin de déterminer les causes et les circonstances de ce drame. Une virée à l’intérieur de l’établissement hôtelier nous a permis de constater les dégâts.
Juste à l’entrée, deux voitures sont carbonisées. 20 véhicules dont trois camions ont été incendiés. La réception, la cuisine, l’administration, le bar, la réserve, le parking, les chambres ont tous été pillés, saccagés et incendiés. Cet hôtel, Djebel En-Naga, classé deux étoiles, a été inauguré en 2005 par le ministre du Tourisme de l’époque, M. Nourredine Moussa.Avant de quitter Sidi Aïssa qui compte plus de 54 000 âmes, nous avons longuement sillonné les artères de la ville où nous avons remarqué qu’aucun autre édifice public ou privé n’a été touché par les manifestants. La vie a repris hier son cours normal.

C. B.