Avant-projet de la mise en oeuvre de la plate-forme d’El Kseur

Avant-projet de la mise en oeuvre de la plate-forme d’El Kseur

Les conditions du mouvement citoyen

De notre bureau de Tizi Ouzou, Le Matin, 1 octobre 2003

L’avant-projet du document référentiel de la mise en uvre de la plate-forme d’El Kseur, élaboré le 16 septembre dernier à Illilten par la commission ad hoc, sera débattu demain à la réunion de la Coordination des aârouch, daïras et communes (CADC) de Tizi Ouzou. Le document qui n’est en fait qu’un avant-projet a été soumis à la base pour complément et enrichissement. Il a déjà suscité une polémique au niveau des débats. Le texte est composé d’un préambule et de quatre chapitres. Dans son préambule, ledit document se veut « une démonstration que les revendications () peuvent, une fois satisfaites, permettre à notre pays de devenir une réelle république démocratique arrivée à la modernité ». « Il est important de souligner qu’il s’agit de compléter l’explicitation de la plate-forme d’El Kseur adoptée à Larbâa Nath Irathen, non point parce qu’elle serait incomplète, mais pour expliquer dans le détail les exigences portées par les revendications citoyennes ainsi que la manière idoine de les satisfaire par toutes les formes d’instruments juridiques », est-il écrit dans le préambule. Dans son chapitre premier, le document référentiel de la CADC met l’accent sur les réparations dues aux victimes des événements, des réparations qui se feraient par décret présidentiel et à effet immédiat. Dans le même chapitre, qui ressemble à vrai dire à un catalogue de revendications à caractère social et pécuniaire, les incidences au nombre de six arrêtées lors de la réunion de Raffour (Bouira) sont mises en exergue. « L’Etat s’engage à traduire devant les juridictions civiles les auteurs, les ordonnateurs et les commanditaires de tous les crimes et délits qui seront identifiés par une commission d’enquête indépendante. » C’est la substance du chapitre deuxième qui insiste sur le respect des conclusions de ladite commission par l’Etat algérien. « Revendication démocratique et historique », c’est l’intitulé du chapitre troisième. Constitutionnaliser tamazight en tant que langue nationale et officielle, décréter le 12 janvier (jour de l’An berbère) journée fériée, chômée et payée, consacrer la séparation effective des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), garantir la liberté de la presse, mettre sous l’autorité effective des instances élues démocratiquement toutes les fonctions exécutives de l’Etat ainsi que les corps de sécurité, révoquer les indus élus, promulguer une nouvelle loi électorale tels sont les points sur lesquels insiste particulièrement la commission de réflexion. Le dernier chapitre est consacré à la revendication socio-économique. Il est notamment noté que l’Etat doit s’engager à « mettre en uvre les mécanismes nécessaires à la relance économique ». Le document revendique carrément un plan d’urgence pour la Kabylie. Dans la partie consacrée aux moyens de mise en uvre de la plate-forme d’El Kseur, on y retrouve un certain nombre d’incohérences. Ainsi, la commission de réflexion charge la future délégation représentant les aârouch de préparer la date, le lieu et l’horaire de la rencontre avec le Pouvoir, comme s’il s’agissait d’une rencontre du mouvement citoyen. Il y est même suggéré « la préparation d’une émission telle que définie dans le document () avant la rencontre, mais qui sera visionnée par la délégation du mouvement avant sa diffusion ».
Yahia Arkat