Après la bavure militaire : Imposante marche à Fréha

Après la bavure militaire : Imposante marche à Fréha

El Watan, 15 septembre 2011

A l‘appel de la coordination des comités de villages de la commune, une imposante marche silencieuse a été organisée, ce jeudi, 15 septembre, dans la ville de Fréha, à 30 kilomètres à l’est de Tizi Ouzou.

A 10heures, la foule s’est ébranlée devant le domicile de Zahia Kaci, tuée, dimanche dernier, dans une bavure militaire. Durant tout l’itinéraire dela marche, les présents brandissaient des banderoles sur les quelles ont pouvait lire « Délocalisation des casernes de la ville de Fréha ».

Dans la marche, nous avons remarqué, dans le premier carré, la présence des membres de la famille de la victime qui réitéraient leur appel à une action pacifique.

A leur arrivée devant la mairie, les marcheurs ont observé une minute de silence à la mémoire de la défunte et ce, avant de se disperser dans le calme et sans le moindre incident.

La grève générale à laquelle a appelé la même coordination comme action d’accompagnement à la marche, a été totalement suivie. Des élus locaux et parlementaires ont pris également part à la marche.
Hafid Azzouzi

 

Bavures militaires : Inquiétude en Kabylie

Additionnée aux actes terroristes, la multiplication des cas de bavure militaire depuis quelques mois génère un climat de lourde inquiétude dans la wilaya de Tizi Ouzou et ses régions limitrophes.

La multiplication des cas de bavure militaire instaure un lourd climat d’inquiétude dans la wilaya de Tizi Ouzou.Le drame survenu à Fréha, provoquant la mort d’une femme de 55 ans, mère de 14 enfants, vient ainsi accentuer une angoisse déjà très lourde avec la persistance des actes terroriste dans la région. Les assurances données par les autorités militaires sur les sanctions qui seront appliquées aux auteurs de ces actes ne suffisent pas à rassurer une population qui exige désormais que des mesures soient prises bien en amont pour prévenir de nouveau dérapages, comme l’éloignement des cantonnements ou la protection des sites occupés par l’ANP des zones d’habitation. Le maillage sécuritaire de la région, justifié par la lutte antiterroriste, aurait dû, estime-t-on, s’accompagner de mesures visant à écarter la menace d’un militaire aux aguets qui se trompe de cible, ou d’un citoyen se hasardant par mégarde dans des périmètres potentiellement exposés à ce risque.

Dans ce contexte, des voix se sont même élevées pour voir dans ces faits les éléments d’un «complot» visant à pousser la région dans un nouveau cycle de violence. Faut-il rappeler, à ce propos, que l’élément déclencheur dans ce qui fut le printemps noir en Kabylie, en 2001, a été la «bavure» commise à l’intérieur même de la brigade de gendarmerie de Beni Douala sur la personne de Guermah Massinissa.
La réaction de la fédération du FFS, rendue publique hier, exhorte ainsi les citoyens à rester «vigilants» et éviter de tomber dans le piège d’un scénario visant l’embrasement.

La population, quant à elle, tourmentée par la menace des actes terroristes et par celle des kidnappings, doit désormais composer avec le danger mortel de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Un mauvais endroit qui peut être un raccourci de campagne, en plein village, qu’on a l’habitude d’emprunter, comme cela été le cas pour la défunte Zahia Kaci, il y a quelques jours. La bavure enregistrée le 23 juin dernier, qui a coûté la vie à un ouvrier journalier, renferme, elle, des éléments qui alimentent une autre sorte d’inquiétude. Dial Mustapha, originaire de la commune de Souamaâ, a été tué par des militaires qui se sont même livrés à des actes de saccage et de pillage à l’intérieur de deux habitations. Les villageois meurtris ont réagi, pour le moment, par des grèves et autres rassemblements qui interpellent les autorités sur la nécessité d’agir. 15 éléments de l’ANP, dont un capitaine, impliqués dans les dépassements survenus à Azazga, ont été mis en détention provisoire.

Les membres de la famille de Dial Mustapha, les propriétaires des deux habitations saccagées par les militaires et le sexagénaire blessé dans ces dépassements ont été également entendus par le juge au tribunal militaire de Blida, comme partie civile. Pour le cas survenu à Fréha également, une enquête est ouverte et des témoins du drame ont été convoqués par la gendarmerie dans le cadre de l’instruction. La population attend de voir ces enquêtes aboutir évidemment, mais elle exige aussi que des mesures concrètes soient prises pour que des vies de paisibles villageois ne fassent pas les frais de nouvelles bavures.

Mourad Slimani


Trois jours après la disparition de mme zahia kaci

Fréha toujours sous le choc

Le drame a eu lieu à proximité de la caserne de…
Les deux femmes, qui étaient avec la victime lors du drame, se sont déplacées, hier, à Blida. Elles ont été entendues par le juge d’instruction au tribunal de la 1re Région militaire.

La vie a repris, hier, à Fréha, après une journée de grève marquée également par des escarmouches enregistrées au lendemain de la mort d’une femme, victime d’une bavure militaire. Zahia Kaci, née Ibsaïne, 55 ans, mère de 14 enfants, a été tuée par des éléments de l’ANP alors qu’elle était de retour d’une veillée funèbre, en empruntant, avec deux de ses belles-sœurs, un chemin longeant une caserne. Les citoyens de la localité commencent à reprendre, certes, leurs esprits, mais la blessure reste toujours béante, notamment chez les membres de la famille de la défunte.

«On a été choqués quand on a entendu la nouvelle. C’est ma belle-sœur qui était venue m’informer, me disant que Zahia est tombée. Je suis sorti pour aller sur les lieux et je trouve une vingtaine de militaires devant la maison. Ils ne m’ont même pas laissé la voir. Ils ont récupéré son corps quelques minutes après le drame», nous raconte Ahmed Kaci, mari de la défunte. Entouré de ses enfants, ce sexagénaire ajoute, avec un air plein de courage, que «les citoyens ont l’habitude d’emprunter ce chemin, même la nuit, mais ils n’ont jamais eu de problème. Ma femme a été touchée même au visage», précise M. Kaci.

«Les balles tirées par des militaires ont atteint le mur de notre maison. Heureusement qu’il n’y avait personne à l’extérieur», témoigne, la mine défaite, la fille aînée de la défunte. Rencontrés devant son habitation, à la périphérie de la ville, Ahmed Kaci et ses enfants espèrent que «la vérité sera connue sur les circonstances de la mort la défunte». «Le wali et les autres responsables, qui sont venus pour l’enterrement, nous ont rassurés de la tenue d’un procès équitable durant lequel les auteurs et les responsables de ce drame seront jugés», nous ont-ils précisé. Dans un climat de deuil, des citoyens continuaient, hier en fin d’après-midi, d’affluer vers la maison des Kaci pour compatir à la douleur de la famille de Zahia. Les deux autres femmes, qui étaient avec la victime lors du drame, se sont déplacées, hier, à Blida.

Elles ont été entendues par le juge d’instruction au tribunal de la 1re Région militaire. La veille, elles ont été convoquées par la brigade de la gendarmerie de Fréha dans le cadre de l’enquête ouverte au lendemain de la bavure. La victime, Zahia Kaci, née Ibsaïne a été inhumée, lundi, au cimetière du village Taguersift en présence d’une foule nombreuse. Une marche populaire est prévue, aujourd’hui, du domicile de la défunte jusqu’au siège de l’APC. Cette marche sera ponctuée d’une grève générale.

Hafid Azzouzi