Les leçons d’une protesta à Terga

Les leçons d’une protesta à Terga

El Watan, 28 juin 2005

La justice a tranché hier dans l’affaire des 35 « émeutiers » arrêtés à Terga à l’occasion de la protesta qui a ébranlé cette localité jeudi dernier.

10 accusés ont été relaxés, 16 condamnés à un mois d’emprisonnement avec sursis et 9 à un mois de prison ferme, le tout assorti d’une amende collective de 50 000 DA pour les 25 condamnés. Les faits reprochés sont : attroupement, désobéissance et destruction. Des faits pour lesquels le procureur de la République avait requis un mois ferme pour 11 accusés et un mois avec sursis pour les autres, le tout associé à une amende de 5000 DA pour chacun des accusés. Pour d’aucuns, dans l’affaire, seule la justice est sortie grandie d’autant qu’elle l’a traitée avec une rare célérité. On n’en dira pas tant, par exemple, de l’APC de Terga qui a raté une occasion en or de se faire oublier. En effet, elle s’est ingéniée à réclamer des dommages et intérêts d’un montant de un million de dinars, un montant sans commune mesure avec les quelques objets détruits. Or, la municipalité, ou plutôt ce qu’il en reste, puisqu’une partie de ses membres est suspendue de ses fonctions, est moralement responsable des troubles qui se sont produits sachant l’existence d’un flagrant et durable défaut de représentation de la population. Pis, il ne restait à la population que la protesta sur la voie publique pour seule voie de recours. Par ailleurs, en se portant partie civile, le maire a maladroitement apporté de l’eau au moulin de ceux qui ont voulu se défausser sur lui de leurs responsabilités pour crier, comme à l’accoutumée, à la manipulation, une manipulation qui ciblait le maire en prenant prétexte de la carrière de sable qui a, à deux reprises, jeté la population dans l’effroi. Or, pour avoir été au cœur des troubles et pour connaître quelque peu la vie de cette commune, nous avons vu les rivaux les plus sérieux du maire loin des manifestations. Certains avaient même quitté Terga, alors que les « meneurs » sont connus des Turgotois pour ne pas être d’un clan ou d’un autre. Cependant, il est vrai que le FLN, le RND et le MSP multiplient les coups bas pour récupérer une APC qui n’a que l’étiquette Ahd 54 sans en être. Dans la bataille, c’est le MSP qui a pris une sérieuse avance en allant opportunément offrir samedi dernier, vers midi, des victuailles aux familles qui attendaient la présentation des leurs devant le procureur de la République. Cependant, au-delà de la question de ces rivalités, la grande question est de savoir ce qu’il en sera dans deux ans pour Terga lorsque s’épuisera la carrière dont elle tire l’essentiel de son budget communal. Car si, hier, la justice a su colmater quelque peu les dégâts, qu’en sera-t-il dans deux ans lorsque l’actuelle majorité à la tête de la municipalité aura cédé la place ? En attendant, dans l’après-midi d’aujourd’hui, une des deux commissions d’enquête mises sur pied par le wali rendra publics les résultats de ses travaux. Elle avait en charge de savoir ce qu’il en a été du tir qui a ébranlé Terga le mercredi 22 juin.

Kali M.