Khemis Miliana : Des édifices publics incendiés et des interpellations

Khemis Miliana

Des édifices publics incendiés et des interpellations

Le Quotidien d’Oran, 15 novembre 2006

Vive tension hier à Ould Khelifa, dans la wilaya de Aïn Defla. Des émeutes ont éclaté dans la matinée. Le siège de l’APC a été incendié. La poste a connu le même sort et la gendarmerie a dû opérer une dizaine d’interpellations.

Des centaines de jeunes de la commune de Bir Ould Khelifa, à une dizaine de kilomètres de Khemis Miliana, ont, à l’aide de blocs de pierres, bloqué dans la matinée d’hier la circulation. Ils se sont rendus d’abord au siège de l’APC qui a été fermé. Les protestataires dénoncent «l’absence des autorités locales et le taux élevé de chômage…» Parmi les autres revendications, les coupures d’eau et d’électricité. A cela s’ajoute, selon les mêmes protestataires, «l’opacité totale entourant les programmes de développement, la rareté des infrastructures sanitaires et sportives et même de l’éclairage public». En milieu de journée, la route était toujours bloquée et des jeunes ont mis le feu à un grand pneu sur la chaussée à l’entrée de la ville. Le P/APC que nous avons pu contacter est catégorique en ce qui concerne l’eau: «nous disposons de six réservoirs d’une capacité de 525 m3 pour les 15.000 habitants».

S’agissant de l’emploi, il répond qu’il ne dispose que de 20 postes d’emploi de jeunes pour une population dont 75% environ sont des jeunes. Pour ce qui est des aménagements des routes, le maire déclare qu»’il ne reste que 20% à réaliser sur les différents programmes accordés». Quant aux investissements seuls à même de créer de l’emploi, le maire reconnaît qu’ils sont quasi inexistants, mais il nous parle d’un projet de montage présenté par un privé. Un projet qui pourrait générer 1.500 emplois, selon notre interlocuteur. «Le terrain a été choisi, le dossier est toujours au niveau du CALPI», explique le même responsable. Et d’ajouter: «verra-t-il le jour ? Je n’en sais rien !»

Des habitants, pour leur part, crient à l’injustice. «Nous ne disposons pas d’électricité depuis 10 ans !». Selon le P/APC, «il s’agit de personnes qui ont érigé des constructions illicites et en dehors de la zone urbaine». Et les concernés de rétorquer: «certes, nous avons fui la région de Oued El-Djemaa pour des raisons sécuritaires, mais nous sommes résidents maintenant dans la commune». Et d’ajouter: «si, comme l’affirme le P/APC, nous restons étrangers à la commune et occupons indûment un terrain qui n’appartiendrait pas à la commune, pourquoi alors avons-nous été estés en justice et condamnés à verser une amende, de plus de 10 millions de centimes, nous qui sommes sans travail depuis des années ?»

Au milieu de l’après-midi, la route était toujours fermée. Peu avant 16 heures, les esprits s’échauffent et des jeunes se sont précipités vers l’APC fermée. Ils ont pénétré dans les locaux et y ont mis le feu. La poste située non loin de là subit le même sort. La gendarmerie intervient pour calmer les esprits et procède à une dizaine d’interpellations. En fin d’après-midi, la tension était toujours vive à Bir Ould Khelifa.

M. N.