Émeutes à Annaba

Après les intempéries

Émeutes à Annaba

El Watan, 4 janvier 2006

Hier dans la matinée, plusieurs centaines de citoyens des cités Oued Eddeheb et Auzas, dont les habitations ont été gravement touchées par les inondations, ont pris possession de la RN 44 (Annaba – Constantine).

Après une nuit blanche passée sous des pluies torrentielles et dans le froid, de guerre lasse de ne pas trouver une oreille attentive à leurs appels de détresse, les familles ont occupé la voie publique en différents points de la périphérie de la commune chef-lieu de wilaya. Femmes, hommes et enfants ont, par la suite, dressé des barrages composés de pierres et autres objets hétéroclites. Ils ont parallèlement pris possession des alentours du rond-point stratégique de Sidi Brahim, carrefour à destination de toutes les régions du pays. Ils ont bloqué de fait toute possibilité d’accès ou de sortie de la ville. Leur tendance à fomenter des émeutes s’est matérialisée par des jets de pierre lancés contre les éléments du service d’ordre, par des lycéens et des travailleurs. Leurs cris et vociférations à l’encontre des autorités locales ont redoublé quelques minutes après l’arrivée de la brigade antiémeutes. Au même moment, plusieurs de leurs représentants s’étaient rendus au siège de la wilaya où ils ont interpellé le wali, ses proches collaborateurs, le président de l’APW et les élus sur le sinistre dont ils sont victimes. Ce mécontentement violemment exprimé par les habitants des cités en question est justifié par les nombreux appels au secours restés sans suite. Ces appels sont le reflet exact des affres subis par des centaines d’habitants. Ces derniers sont confrontés depuis le début du mois de décembre 2005 à des risques certains de catastrophe humanitaire. Cette dernière est matérialisée par les vieux bâtiments du Ruisseau d’or et des habitations de la cité Auzas hérités des années 1950 qui pourraient s’effondrer à tout instant. Les intempéries du début décembre 2005, à l’origine de la perte totale des biens de nombreuses familles, ont aggravé la situation. Murs fissurés ou effondrés, toitures arrachées, infiltration des eaux pluviales et refoulement des eaux usées à l’intérieur des habitations ont rendu la vie impossible. Des pluies diluviennes n’ont pas cessé de tomber ces dernières quarante-huit heures. Les conséquences qu’elles ont générées ont été la goutte qui fait déborder le vase. Certains membres de ces familles sont sérieusement menacés de maladie à transmission hydrique. Rappelons que dans la nuit du 13 au 14 décembre 2005, à la suite de pluies torrentielles qui s’étaient abattues sur la commune chef-lieu de wilaya, celle-ci avait été totalement paralysée. La presque totalité des quartiers et des cités situés en contrebas (Plaine Ouest, Didouche Mourad, la Colonne, Oued Eddeheb, Oued Forcha, Belaïd Belkacem) avait été envahie par des eaux boueuses. Plusieurs établissements scolaires avaient été contraints de fermer leurs portes et leurs élèves forcés à sécher les cours, certains en pleine période de compositions. Ce signal d’alerte et l’émeute que des habitants avaient tenté de fomenter au début du mois de décembre ne semblent pas avoir incité les autorités compétentes à prendre les dispositions pour éviter pareille situation. Saisi par les habitants, le wali a dépêché ses représentants sur les lieux à l’effet de calmer les émeutiers et engager les services de la wilaya dans des opérations de prises en charge des familles sinistrées.

A. Djabali