Émeutes à Aïn Beïda (Ouargla)

Émeutes à Aïn Beïda (Ouargla)

Le siège de la sûreté incendié et des automobilistes agressés

El Watan, 1er avril 2009

Alors que les protestataires ont promis de calmer le jeu aussitôt les ralentisseurs posés en début de soirée, la commune de Aïn Beïda, à 6 km de Ouargla, a vécu une nouvelle nuit d’insécurité dimanche.

Selon nos informations, le groupe initial de protestataires a été infiltré par de nouvelles personnes qui ont préféré jeter de l’huile sur le feu en instaurant un climat d’émeute dans la ville. La soirée a, en effet, vu l’agression de plusieurs automobilistes, de passage par Aïn Beïda, auxquels les émeutiers ont imposé leur diktat, pillant les uns, agressant les autres, endommageant leurs véhicules. Un peu plus tard, le nouveau siège de la sûreté urbaine en construction a également été la proie d’un pillage méthodique, puis d’un incendie qui a ravagé les lieux. La protestation a pris une nouvelle tournure vers minuit, ce qui a poussé les forces de l’ordre à plus de vigilance, alors que les agents en place se contentaient au début d’orienter les usagers de la route vers d’autres axes afin de leur éviter de se faire agresser. Un important renforcement sécuritaire a été opéré depuis et Aïn Beida, qui a vu la pose de nouveaux ralentisseurs en remplacement de ceux enlevés à l’occasion de la visite du président de la République, mardi dernier, pour faciliter le passage du cortège.

Mais Aïn Beïda a eu plus que des ralentisseurs, à l’occasion des émeutes déclenchées au lendemain du décès à l’hôpital de Ali Zouaouid, un octogénaire percuté par une voiture qui sortait du siège de la 4e Région militaire, alors qu’il se dirigeait vers la mosquée pour la dernière prière de la journée. Pour l’heure, la localité est quadrillée par les forces de l’ordre dont le dispositif a été renforcé avant-hier, la RN49 est rouverte à ses usagers, mais les casseurs et émeutiers n’ont pas encore été arrêtés. Comme à chaque mouvement de foule et destruction de biens d’autrui à Ouargla, l’intervention des notables pour apaiser la situation, est synonyme d’impunité pour les émeutiers qui en sortent plus forts, à chaque fois, et peuvent se permettre des récidives.

Le président du conseil des notables de Aïn Beïda n’a d’ailleurs pas tardé à décrier les dérapages et appeler les jeunes à rentrer chez eux pour laisser aux autorités et élus la latitude de résoudre le problème. S’exprimant hier sur les ondes de la radio locale, M. Belmir a souligné que les jeunes de Aïn Beïda n’ont rien à voir avec les émeutiers de la veille, sans pour autant penser au moyen de préserver la localité d’un autre dérapage incontrôlé. Pour sa part, le P/APC de Aïn Beïda ne s’explique pas les raisons de cette évolution négative de la situation. Pour lui, la pose des ralentisseurs est garante de la bonne volonté des autorités, l’implication des notables étant un point positif. Pour les Ouarglis, il est grand temps que l’ordre public règne de nouveau et que l’émeute ne soit plus la réaction systématique à tout problème. Et tandis que ce nouvel incident relance la polémique autour de l’absence du wali, des appels à une urgente organisation de la société civile autour du bien-être de la communauté sont lancés.

Par Houria Alioua