Colère à Tadmaït après l’assassinat de quatre citoyens

Découverte de corps de jeunes criblés de balles

Colère à Tadmaït après l’assassinat de quatre citoyens

El Watan, 4 août 2009

La ville de Tadmaït, à 17 km à l’ouest de Tizi Ouzou, a connu une vive tension, hier en fin d’après-midi, après la découverte de quatre corps de jeunes criblés de balles au village Ichakalène, à 3 km au sud du chef-lieu communal. Les citoyens de la localité se sont révoltés pour dénoncer la lenteur des services de sécurité à se rendre sur le lieu du drame. Ce dernier a eu lieu, selon des témoignages concordants, vers 14h. Dans la ville de Tadmaït, plusieurs versions des faits circulent au sein de la population.

Certains habitants soutiennent que les quatre citoyens, Hocine Chaouchi, Kamel Aïssaoui, Karim Allouache et Ahcène Allouache, ont été victimes d’une bavure militaire, tandis que d’autres avancent la piste terroriste. Beaucoup se sont refusés à tout commentaire sur ce qui s’est passé. Mais une chose est sûre, tout juste après l’annonce de la nouvelle, tous les commerçants de la ville de Tadmaït ont baissé rideau en signe de deuil et de colère. En sillonnant les principales artères de la ville, l’on a remarqué que toutes les discussions tournaient autour du drame. « Les quatre jeunes tués par balle étaient à bord d’une camionnette, de retour du marché où ils se sont approvisionnés en fruits et légumes, pour les besoins d’une fête. Ils ont été retrouvés criblés de balles. On a alerté les services de la police, l’armée et même la gendarmerie pour se déplacer sur les lieux et récupérer les corps des victimes mais rien n’a été fait.

Ce sont des citoyens de la localité qui les ont transportés à l’hôpital à bord d’une ambulance appartenant à l’APC », nous ont affirmé des jeunes rencontrés devant le siège de l’APC. Non loin de là, d’autres riverains, affichant des mines défaites, déplorent : « Où est l’Etat ? Des citoyens se font assassiner près de leur village, et dans des circonstances ambiguës. Que voulez-vous qu’on fasse maintenant ? », s’interrogent-ils, tout en demandant que la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame. Si dans les quartiers de la ville, l’atmosphère était tendue, il n’en demeure pas moins que sur la RN12, des jeunes manifestants en colère ont bloqué la circulation, tout juste au barrage fixe de la gendarmerie, qui a été évacué sous la pression de la population. A 17h30, des manifestants ont barricadé la route à l’aide des blocs de pierres, des troncs d’arbres et autres pneus enflammés. La situation est devenue incontrôlable. Des jeunes en colères ont failli s’en prendre même aux automobilistes qui ne voulaient pas rebrousser chemin. A 19h, la route était toujours obstruée, provoquant un immense embouteillage sur le tronçon reliant Tizi Ouzou à Alger. Dans une déclaration transmise à notre bureau, le bureau régional du RCD « réitère sa demande d’une prise en charge réelle et urgente de la sécurité des citoyens dans la wilaya de Tizi Ouzou et appelle les citoyens à rester vigilants pour déjouer toute tentative de manipulation qui viserait à entraîner la région dans un désordre préjudiciable ». Le RCD met en garde, en outre, « les autorités contre toute velléité de répression de la population qui, légitimement, exprime sa douleur ».

Par Hafid Azzouzi