Le dispositif sécuritaire renforcé à Berriane: 320 familles recasées dans une école

Le dispositif sécuritaire renforcé à Berriane: 320 familles recasées dans une école

par B. Mokhtaria, Le Quotidien d’Oran, 21 mai 2008

«Nous avons actuellement la paix, mais nous ne savons pas si elle va durer», a déclaré hier, Saïd, qui vit avec sa famille sous une tente, après que sa maison et son véhicule aient été incendiés lors des violences à Berriane.

Elles sont 320 familles qui vivent dans une école, sous des tentes. La majorité de ces victimes, qui ont perdu leurs biens, refusent de retourner dans leur quartier de peur d’être attaquées par les groupes cagoulés. « Nous ne pouvons pas oublier tout ce qui s’est passé et reprendre notre vie au même endroit où nous avons vécu pendant des années. Nous ne nous sentons pas encore en sécurité pour le faire », a expliqué Saïd, un Mozabite qui habitait dans le quartier arabe de Kaf Hamouda. Dans cette école, devenue leur lieu de refuge, 60 tentes ont été installées pour abriter toutes ces familles. «C’est insuffisant et nous avons besoin d’autres tentes», a souligné notre interlocuteur qui a indiqué que dans ces conditions très difficiles, les victimes ont pu résister grâce au mouvement de solidarité mené par les citoyens. «Ce sont les habitants de la localité qui nous ont procuré la nourriture, les citernes d’eau, le lait et tout ce dont nous avons besoin » a-t-il souligné. Quant aux enfants, ils n’ont pas pu rejoindre leurs établissements scolaires depuis ces incidents de peur d’être agressés. « Nos enfants ne vont plus à l’école. Nous avons encore peur que de nouvelles violences se déclenchent à tout moment et c’est la vie de nos enfants que nous mettons en danger. Nous avons donc décidé de les garder près de nous», dira ce père de famille. Mais bien que le calme soit revenu dans la région, les habitants sont inquiets. Ils ont peur de revivre les mêmes évènements et aussi d’être abandonnés dans ces camps. Notre interlocuteur affirme qu’une réunion, regroupant le chef de daïra, le délégué des victimes et le représentant de la wilaya, s’est tenue hier, pour discuter des cas des familles qui vivent sous les tentes.

Selon le délégué des familles, il a été décidé d’étudier les cas de toutes les victimes afin de les indemniser. « Pour les propriétaires, la situation sera réglée mais pour les locataires, leur cas n’a pas été clarifié », a-t-il souligné. Quant au dispositif sécuritaire, qui a été déployé sur place, il a été renforcé. Les agents de l’ordre sont mobilisés au niveau de tous les quartiers chauds de cette localité qui est désormais coupée en deux, camp des M’zab et celui des Arabes, afin d’éviter d’autres affrontements.

Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales avait affirmé que l’enquête se poursuivait pour identifier ceux qui sont derrière ces évènements. Concernant la mosquée «Attik», notre interlocuteur a affirmé que la bâtisse n’a pas été touchée. Les groupes cagoulés ont ciblé les maisons et les commerces.