Des policiers blessés et des arrestations à Oran

Une liste de logements et des mécontents

Des policiers blessés et des arrestations à Oran

par B. Mokhtaria Et B. Djamel, Le Quotidien d’Oran, 2 juillet 2007

La colère était à son comble, hier, dans le quartier de Sidi El-Houari à Oran. Les habitants des Planteurs, exclus des listes des bénéficiaires de logements, se sont manifestés, une nouvelle fois, devant le siège de la direction de l’OPGI. Il a fallu l’intervention des brigades anti-émeutes pour éviter le pire. Des jeunes et des moins jeunes, révoltés, ont jeté des pierres et des bouteilles en direction du siège de l’Office de promotion et de gestion immobilière en signe de contestation des listes affichées. La tension est montée d’un cran. Les forces de l’ordre ont éprouvé beaucoup de difficultés pour calmer les esprits et disperser les manifestants, malgré

l’important dispositif de sécurité déployé à la place Kléber. Plusieurs parmi les manifestants ont été arrêtés. Une vingtaine selon certaines sources. Une dizaine selon d’autres. Trois policiers ont été blessés et évacués au CHUO.

Les manifestants ont pu être dispersés, dans un premier temps. Mais ces derniers n’ont pas renoncé pour autant. Ils se sont déplacés ailleurs pour manifester leur mécontentement. De la place Kléber, ils se sont rendus aux Planteurs, au terrain Hadj Hassane où le même scénario s’est répété. Le jet de pierres à partir des hauteurs du quartier s’est poursuivi durant tout l’après-midi, malgré la présence des brigades anti-émeutes. La route a été bloquée à la circulation. Une fumée était visible du côté du téléphérique.

Jusque tard dans l’après-midi, le quartier des Planteurs était quadrillé par un important dispositif sécuritaire. Les policiers, venus en renfort, ont pris position au niveau des points stratégiques dans les bas quartiers et au niveau du siège de l’OPGI de Sidi El-Houari. Plus haut, au niveau des Planteurs, les manifestations de colère ont repris de plus belle. Les jeune encagoulés, chassés de Sidi El-Houari, se sont réfugiés sur les hauteurs. Des dizaines de pneus seront brûlés un peu partout dans le quartier, des arbres brûlés, d’autres déracinés. Même la forêt alentour n’a pas été épargnée. Mais c’est surtout la station intermédiaire du téléphérique, mis en service depuis une dizaine de jours seulement, qui a pris un sacré coup puisque des cabines ont été incendiées et l’intérieur de la station complètement saccagé. Pour éviter le pire, des policiers ont été positionnés plus haut au niveau de la station du terminus du téléphérique.

La rencontre, organisée hier, entre les représentants des exclus des Planteurs et le chef de daïra, n’a eu aucun impact sur les événements. Les esprits ne se sont pas calmés. Concernant cette réunion, des sources de la wilaya affirment que la daïra s’est engagée à étudier tous les recours déposés par les personnes se sentant lésées. Les dossiers seront traités au cas par cas conformément à la règlementation. «S’il y a eu une erreur ou une omission, elle sera rattrapée à condition que le concerné réponde aux critères fixés pour bénéficier d’un logement social». Selon la même source, il n’y aura aucun traitement de faveur, ceux qui ont droit au logement seront pris en charge.

Du côté des contestataires, cependant, le problème n’est pas encore réglé. Ces derniers insistent pour l’annulation de la première liste et la désignation d’une commission d’enquête pour faire le tri et assainir les listes. Quant aux bénéficiaires des logements, empêchés la veille par les manifestants de s’acquitter des montants exigés, ils ont pu, hier, payer la somme demandée à la direction de l’OPGI après la dispersion des contestataires. Une foule était amassée devant le guichet, situé de l’autre côté de la rue. Même cette opération ne s’est pas déroulée dans le calme. Les femmes d’un côté et les hommes de l’autre, tout le monde se bousculait pour passer en premier sous un soleil de plomb et sous le regard des forces de l’ordre qui veillaient au grain.