Quand les Palestiniens se mettent à rêver de réconciliation

Hamas décide de dissoudre son gouvernement à Ghaza

Quand les Palestiniens se mettent à rêver de réconciliation

El Watan, 18 Septembre 2017

Le mouvement Hamas a donné son accord également pour entamer des discussions sur la réconciliation et la tenue d’élections générales.

Des informations en provenance de la capitale égyptienne ont fait renaître chez les Palestiniens l’espoir de voir enfin leur élite politique et leurs dirigeants mettre fin aux divisions. Ces informations évoquent notamment l’intention des leaders du mouvement Hamas de dissoudre le «comité administratif», une sorte de gouvernement mis en place au mois de mars et qui est en compétition avec celui de l’Autorité palestinienne.

La dissolution de ce comité, qualifié par le président Mahmoud Abbas de gouvernement parallèle, est d’ailleurs l’une des conditions posées par l’OLP pour reprendre le processus de réconciliation. Le mouvement Hamas a indiqué, dans un communiqué rendu public hier, que cette décision est le résultat «des efforts déployés par les services de renseignement égyptiens pour concrétiser la réconciliation palestinienne et mettre un terme à la division».

Le mouvement Hamas a donné son accord également pour entamer des discussions sur la réconciliation et la tenue d’élections générales. Une grande délégation du Hamas, menée par Ismail Haniyeh, dont c’est la première visite en Egypte après son élection à la tête du bureau politique du Hamas, se trouve depuis une semaine au Caire.

La délégation comprend également Yahia Senouar, un des fondateurs des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas, élu à la tête du mouvement dans la bande de Ghaza et dont l’influence est très grande. Dans des déclarations depuis Ghaza, le mouvement Hamas a expliqué la décision de dissoudre le comité exécutif par la présence de «garanties véritables».

Faouzi Barhoum, porte-parole du Hamas, a déclaré à l’agence de presse palestinienne Maan que la dissolution du comité exécutif est aisée en elle-même. Il a cependant soutenu qu’elle ne s’est pas faite plus tôt, car le mouvement Hamas n’avait jusque-là pas confiance en Mahmoud Abbas, ajoutant qu’il n’y avait également aucun élément pouvant contraindre Abou Mazen à respecter ses engagements en cas d’accord sur la réconciliation.

Hamas sous pression

A rappeler que le mouvement Hamas a réussi à prendre le contrôle en juin 2007 de la bande de Ghaza et à évincer l’Autorité palestinienne et le président élu au suffrage universel, Mahmoud Abbas, après une bataille de plusieurs jours ayant causé des centaines de morts et de blessés. Ce qui s’est passé à Ghaza est un coup d’Etat contre la légitimité avait estimé le président palestinien. Depuis, il y a eu deux gouvernements palestiniens.

L’Autorité palestinienne, reconnue par la communauté internationale avec un gouvernement établi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, et le mouvement Hamas, qui dirigeait la deuxième aile des Territoires palestiniens, la bande de Ghaza. Malgré cette situation, l’Autorité palestinienne a continué à prendre en charge financièrement les secteurs vitaux de l’enclave, tels que la santé, l’éducation et l’énergie électrique. Elle l’a fait dans l’espoir de voir Hamas revenir à de meilleurs sentiments. Mais cela ne s’est pas produit.

Au contraire, le mouvement islamiste a continué à faire cavalier seul. Mais c’est surtout depuis l’installation par le Hamas de son «comité administratif» que Mahmoud Abbas a décidé de l’affaiblir. Pour y parvenir, il a commencé par diminuer de 30% les salaires des employés militaires et civils en poste à Ghaza. Il a également mis à la retraite anticipée des milliers de soldats. M. Abbas a arrêté par la suite de payer les factures d’électricité à l’Etat hébreu, ce qui a créé une véritable crise.

A Ghaza, l’électricité n’est désormais disponible que 4 heures par jour au maximum, ce qui a accentué les difficultés déjà grandes des citoyens. Avec le blocus israélo-égyptien, la division et les trois guerres israéliennes meurtrières et dévastatrices, la bande de Ghaza a vécu ces dix dernières années la période la plus difficile de son histoire contemporaine. Les mauvaises relations avec le régime égyptien depuis la destitution du président Mohamed Morsi, appartenant à la confrérie des Frères musulmans tout comme le Hamas, ont rendu encore plus compliquée la situation.

La fermeture quasi permanente du terminal de Rafah et la destruction des centaines de tunnels de contrebande qui représentaient un véritable poumon par lequel respirait le mouvement islamiste ont rendu la vie extrêmement difficile à Ghaza. L’ONU estime d’ailleurs que l’enclave palestinienne sera invivable d’ici à 2020. Le seul élément capable de renverser la vapeur est la réconciliation et la réunification des deux ailes de la Palestine occupée, ce que le mouvement Hamas semble avoir enfin compris.
Fares Chahine