Tebboune: La présence des migrants subsahariens en Algérie sera réglementée

Tebboune: La présence des migrants subsahariens en Algérie sera réglementée

par R. N., Le Quotidien d’Oran, 27 juin 2017

Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune a déclaré vendredi soir à l’APN que la présence de migrants subsahariens déplacés en Algérie sera réglementée, et que l’Algérie «ne permettra à personne de ternir sa réputation» en référence aux propos racistes tenus sur les réseaux sociaux. Tebboune a déclaré au cours de sa réponse aux préoccu-pations soulevées par les députés de l’Assemblée populaire nationale, lors de la discussion du programme de travail du gouvernement, que «la présence de nos frères africains sera réglementée» et que «le ministère de l’Intérieur procède actuellement, à travers les services de la police et de la gendarmerie, au recensement complet de tous les réfugiés».

Le premier ministre a révélé qu’une «carte de séjour» sera octroyée à «chaque réfugié dont la présence en Algérie est acceptable», ce qui lui permettra de «travailler». Pour ceux qui ne seront pas considérés comme réfugiés, le gouvernement prévoit de les reconduire vers leurs pays dans des «conditions acceptables», de la même manière que cela s’est passé pour les citoyens issus de pays comme le Niger et le Mali. Pour M. Tebboune, «il ne faut pas noircir l’image de l’Algérie» ; il accuse des «mains» de vouloir «montrer l’Algérie comme raciste», a-t-il dit. «Nous ne sommes pas racistes, mais africains, maghrébins et méditerranéens», a ajouté le Premier ministre.

Tebboune a expliqué que «le continent africain et le monde arabe sont un prolongement naturel de l’Algérie et un espace de sa croissance et de son développement». Les «obligations morales et humanitaires nous imposent de tendre la main à ces frères qui émigrèrent en raison de la pauvreté et de la guerre». M. Tebboune appelle à «ne pas oublier les mains qui nous ont aidés pendant que nous étions en situation d’effusion de sang».

Selon le Premier ministre, cette situation «a créé des difficultés objectives dans certaines wilayas frontalières, mais qui est prise en charge avec soin par les services de sécurité et les organes nationaux de secours, ainsi qu’une coordination diplomatique avec les pays sources pour encadrer le retour de ces déplacés dans le cadre d’accords bilatéraux». La «solution radicale» de la situation c’est d’assurer la stabilité et résoudre «les conflits de la région par des voies politiques et pacifiques pour assurer l’unité des nations et la souveraineté des peuples», ce à quoi « la diplomatie algérienne tente d’arriver dans plusieurs dossiers arabes et africains».

Par ailleurs, au cours de la conférence de presse qui a suivi le vote du plan de travail du gouvernement, M. Tebboune a expliqué que le traitement du dossier des déplacés africains «ne devrait pas être sujet à l’émotion au dépens de l’aspect sécurité». «Nous ne permettrons à personne, association ou citoyen, de ternir la réputation de l’Algérie pour donner l’image d’un pays qui opprime les Africains». Une attitude qui sera, selon le Premier ministre, combattue «par tous les moyens».

Ces déclarations interviennent quelques jours après une campagne menée sur les réseaux sociaux par des anonymes affirmant le «rejet réfugiés africains» et demandant la «reconduction chez eux». Cette campagne relevée de propos racistes à l’encontre les migrants subsahariens en Algérie, lancée particulièrement sur Facebook, avait bizarrement coïncidé avec la «Journée internationale des réfugiés». Selon plusieurs sources, la section cybercriminalité de la police algérienne a même ouvert une enquête pour déterminer les auteurs de cette campagne raciste qui a déchaîné les réseaux sociaux. A noter qu’une riposte immédiate a été enregistrée sur les réseaux sociaux utilisant des hashtag comme #noussommestousafricains pour affirmer le refus des propos et de l’attitude racistes exprimés par certains sur Facebook et Twitter.


Le premier ministre dénonce une campagne haineuse contre les Subsahariens

La prise en charge des migrants annoncée

El Watan, 27 juin 2017

L’Algérie est un pays d’accueil et l’Algérien n’est pas raciste. Nous ne sommes pas des racistes, nous sommes des Africains, des Maghrébins et des Méditerranéens», a corrigé le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, vendredi en réaction à la campagne haineuse et raciste ciblant les réfugiés subsahariens dans notre pays.

A l’adresse de ceux qui veulent taxer l’Algérie de raciste, M. Tebboune réplique que l’Etat «ne permettra aucune atteinte à sa réputation».
A titre de rappel, le 20 juin, date coïncidant avec la Journée mondiale des réfugiés et la Journée africaine, certains internautes ont déversé leur venin contre les Subsahariens, les Africains et des personnes de couleur. Ils ont multiplié les pages sur les réseaux sociaux au contenu raciste et choquant.

Ce week-end le hastag «Non aux Africains en Algérie» était largement partagé sur Twitter et des internautes ont même appelé à «nettoyer les villes» algériennes. En guise de réponse, le ministre s’est élevé contre cette campagne qu’il qualifie de scandaleuse et contraire à nos traditions. Il a rappelé dans ce sens une évidence géographique et identitaire que les auteurs de ces discours racistes semblent avoir oublié : L’Algérie est un pays africain et les Algériens sont tout aussi africains.

«Il y a des parties qui veulent ternir l’image de l’Algérie et lui coller l’étiquette de pays raciste. L’Afrique et le monde arabe sont le prolongement naturel de l’Algérie et l’espace dans lequel elle évolue et se développe», rappelle-t-il. Pour lui, le devoir moral et humain nous impose de prêter assistance à nos frères contraints de fuir leurs terres en raison de la pauvreté et des affres de la guerre. «Il ne faut pas tourner le dos aujourd’hui à ceux qui nous ont aidés hier», a-t-il soutenu.

Admettant que cette situation a induit «des difficultés objectives, notamment au niveau de certaines wilayas frontalières», il a indiqué qu’elles sont néanmoins traitées à travers les divers organes de sécurité et les instances nationales d’aide et de secours, en coordination diplomatique avec les pays d’origine en vue d’encadrer l’opération de rapatriement de leurs ressortissants sur la base de conventions bilatérales. L’Etat algérien prendra en charge les Subsahariens en légalisant leur présence sur le sol algérien.

«Un fichier national est en cours de préparation au niveau du département de l’Intérieur pour recenser les réfugiés et les migrants subsahariens, et ce, dans le but de leur attribuer des cartes officielles qui leur donneront la possibilité de travailler», annonce M. Tebboune qui n’a pas écarté l’éventualité de rapatrier ces migrants vers leur pays d’origine comme cela a été fait avec les ressortissants nigériens et maliens, et ce, dans le respect des droits humains.

L’Etat prend en charge ces Africains, leur assurant la prise en charge sanitaire et en garantissant le droit de scolarisation à leurs enfants. Sur un ton intransigeant, le Premier ministre avertit : «Nous ne permettrons à aucune partie, aussi bien association que citoyen, de porter atteinte à la réputation de l’Algérie en prétendant que l’Algérie africaine maltraite les Africains.»

Nabila Amir