La «normalisation» de la situation en Libye aurait relancé les flux migratoires vers son territoire

La «normalisation» de la situation en Libye aurait relancé les flux migratoires vers son territoire

Rédaction Maghreb Emergent, 01 Juin 2012

La Libye estime à 1.000 le nombre de migrants subsahariens qui entrent quotidiennement sur son territoire, rapporte Sahel Intelligence. La normalisation de la situation sécuritaire, explique ce site spécialisé dans les questions politiques et sécuritaires sahéliennes, est à l’origine de la résurgence de ce phénomène, stoppé par le conflit armé qui s’est soldé par la mort de Mouâmmar Kadhafi et pendant lequel 1.500 migrants ont péri en mer en voulant atteindre les côtes de la citadelle Europe.

« La Libye est en train de retrouver sa place de plaque tournante de la migration subsaharienne vers l’Europe », estime Sahel Intelligence. Selon ce site spécialisé dans les affaires politiques et sécuritaires sahéliennes, la « recrudescence » de ce phénomène inquiète les autorités libyennes » qui évaluent à plus de 1.000 le nombre de migrants subsahariens arrivant quotidiennement sur le territoire libyen.

La plupart de ces migrants viendraient du Niger et du Mali mais il y en a aussi qui viennent du Nigeria, du Ghana et d’autres Etats encore, précise Sahel Intelligence. Leur point de transit serait l’oasis de Sebha, capitale du Fezzan, à partir de laquelle ils se dirigeraient vers Tripoli, sur la côte nord.

Sahel Intelligence explique ces nouveaux flux migratoires par le « retour progressif à la normale » et « l’amélioration de la situation sécuritaire » dans l’ancienne « Jamahiriya ». A ces deux facteurs s’en ajoutent d’autres, comme l’étendue des frontières libyennes et « l’absence de moyens techniques » pour les contrôler. On pourrait également rappeler que l’instabilité politique et sécuritaire dans le Sahel, ainsi que la non-amélioration sinon l’aggravation des conditions de vie de millions de personnes demeurent les causes directes de cet exode subsaharien constant vers le Nord.

Prudence européenne

Les migrants subsahariens ont fait les frais du conflit armé qu’a connu la Libye dès mars 2011 et qui s’est soldé, quelques mois plus tard, par la mort du colonel Kadhafi et l’accession au pouvoir du Conseil national de transition (CNT), aile politique de la rébellion. Soupçonnés d’être des mercenaires du « Guide » libyen, des centaines d’entre eux ont été victimes d’exactions de la part des rebelles. Le nombre de ceux qui, pendant ce conflit, ont péri en voulant atteindre les côtes européennes est estimé à 1.500 par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

L’inquiétude de la Libye devant la relance de la migration irrégulière vers son territoire s’est exprimée le 12 mai dernier, à Rome, par la voix du ministre libyen des Affaires étrangères, Achour Ben Khayyal. En visite en Italie (pays considéré comme la porte d’entrée en Europe des migrants ayant transité par le territoire libyen), il a mis en garde les autorités italiennes et européennes contre le « risque d’aggravation du phénomène ».

Comme le souligne Sahel Intelligence, le gouvernement italien oppose à cette inquiétude une grande prudence, notamment à cause du coût financier de la gestion de la migration irrégulière en cette période de crise aigüe dans la zone Euro. A son homologue libyen, le ministre italien des Affaires étrangères Giulio Terzi s’est contenté de répondre que « l’immigration est un dossier important » mais qu’il « doit être traité au niveau européen ».