Lutte contre l’immigration clandestine: Alger et Berne vont signer un protocole

Lutte contre l’immigration clandestine

Alger et Berne vont signer un protocole

par Moncef Wafi, El Watan, 24 juin 2009

Selon le quotidien suisse «Le Temps», Berne et Alger s’apprêtent à signer un protocole qui prévoit l’accompagnement des personnes expulsées vers l’Algérie par des policiers algériens. Cet accord intervient, selon les observateurs suisses, suite à la recrudescence de la petite délinquance principalement dans les Pâquis, quartier populaire de Genève, frappé par le développement de la délinquance et des problèmes sociaux, dont la presse locale se fait régulièrement l’écho. Un quartier particulièrement sous haute surveillance policière, puisque les uniformes genevois procèdent régulièrement à des opérations «coup-de-poing» pour lutter contre l’insécurité en contrôlant principalement les dealers et leurs éventuels clients. Cependant, ce sont les harraga algériens qui sont montrés du doigt. On les appelle les « Zizou », en référence au joueur de football, d’origine algérienne, Zineddine Zidane, et ils sont présentés comme l’un des principaux soucis des habitants. La police genevoise accuse près de 250 sans-papiers d’être spécialisés dans les vols à la tire et les agressions. Connus de leurs services, ils sont relâchés sitôt arrêtés en vertu des « jours-amendes », un régime de peines pécuniaires, introduit début 2007, mais fortement critiqué par le camp bourgeois au niveau du Parlement suisse. En effet, plusieurs interventions parlementaires ont demandé la réintroduction des courtes peines de prison et la suppression du sursis pour le travail d’intérêt général pour faire notamment face à la petite délinquance. Selon «Le Temps», la présence policière algérienne en terre helvétique aurait déjà donné ses premiers résultats.

Cette présence de plus en plus accrue des harraga algériens en Suisse traduit le durcissement de la loi dans les pays européens principalement en France, en Espagne ou encore en Italie. Une nouvelle destination en somme pour les sans-papiers algériens qui n’hésitent plus à faire des rivages ibériques ou de la France hostile de Sarkozy, des lieux de transit pour tenter leur chance sous d’autres cieux plus cléments de l’Europe. La Suisse et l’Autriche semblent représenter, actuellement, pour eux une terre d’accueil mais pour combien de temps encore ? Le protocole d’accord devant être signé entre Alger et Berne s’inscrit lui aussi dans une volonté manifeste des deux pays à solutionner un problème qui tend à prendre des proportions inquiétantes. Pour la Suisse, le fait de solliciter les services de la police algérienne pour reconduire les sans-papiers expulsés répond certainement à un souci de vitrine humanitaire qu’on veut garder propre.

En effet, les reconductions forcées des expulsés de France par les flics hexagonaux, qui se sont soldées parfois par des bavures, ont laissé l’image triste d’un pays au ban des droits de l’Homme.

Du côté algérien, la lutte contre l’immigration clandestine se veut être en amont, en pénalisant la harga, et en aval, en allant faire la chasse à ces harraga sur les terres même de l’étranger.